Avoine folle

Abonné·e de Mediapart

6 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 décembre 2024

Avoine folle

Abonné·e de Mediapart

Carnet d’installation agricole 5 : urbaniser or not urbaniser ?

Comme je l’ai dit dans le billet précédent, le plan que l’on a en tête est magnifique mais il y a beaucoup à y faire. Convertir en agriculture biologique, dimensionner comme il faut le projet ET construire toute une panoplie de bâtiments pour accueillir nos projets.

Avoine folle

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sauf si nous jugeons pouvoir nous en passer ? Cette question a vite été éludée. L’agriculture a beau se faire dehors, presque toutes les activités agricoles ont besoin d’un bâtiment : une salle de traite et une laiterie, un hangar pour les silos ou les légumes, etc. On en connaît des copaines, des collègues qui font sans. C’est un choix honorable, par choix ou non. Mais pour nous, ce n’est pas envisageable, les conditions de travail seraient trop rudes.

Alors, on s’amuse à faire des plans de la ferme dont on aurait besoin. Ça s’additionne, ça grimpe vite, et on comprend mieux pourquoi des bâtiments agricoles poussent comme des champignons dans nos campagnes. Le prix aussi il grimpe. On reprend les calculs. Est-ce qu’on peut se permettre autant d’investissements au regard de la taille de la ferme ? Est-ce que si on auto-construit ça fait beaucoup baisser le coût ? Mais si ça passe, est-ce qu’on est prêt à passer autant de notre énergie à ça, sachant qu’il restera tout le projet agricole à mettre en place ensuite ? En fait, est-ce qu’on a même assez de compétences pour ça ?

Ces estimations, au-delà d’être longues à faire, sont difficilement précises. Les conclusions que l’on en tire nous indiquent que si on veut cette ferme, cela se fera au prix de gros efforts physiques et de renoncement à un confort minimum.

Le rêve (ou peut-être le fantasme) laisse sa place à une réalité possible.

Heureusement que l’on fait cet exercice. Désagréable, amer en bouche quand on réalise que le projet sur lequel on travail depuis plusieurs mois n’est pas viable, sauf si à nos dépens. Mais salvateur, car on a aussi eu vent des projets « coups de tête » de jeunes installé.es, qui se trimballent un montage têtu et mal fignolé pendant de longues années.

On est jeune et on veut que notre corps le reste encore longtemps. Le métier est dur oui, passion oui, sacrificiel non. Ce ne sera pas ce lieu. De notre point de vue, pas de temps perdu, juste des avancées. D’autres questions humaines et territoriales finissent de nous convaincre que nous faisons bien de nous arrêter là.

On accepte l’erreur, les erreurs mêmes. On reprend les discussions, nos besoins, nos nouvelles envies et on ré-ajuste le projet et la ferme qui va avec. Puisque 1 agriculteur.rice sur 2 partira à la retraite d’ici 5 à 10 ans, on va bien finir par le trouver ce lieu idéal. Par ici, il semble y avoir des fermes laitières dans tous les hameaux, on a qu’à commencer par là avant de penser à urbaniser des terres agricoles. Après tout, si on se reconvertit pour le plus beau métier du monde, c’est pas pour faire de nouvelles dalles béton, celles des futur.es retraité.es feront sûrement bien l’affaire pour notre carrière à nous.

Plus question pour le moment de partir de zéro. Désormais, on cherchera des terres groupées et au moins assez de bâtiments pour deux ateliers sur quatre. On est pas les seul.es à chercher, et on est pas les plus riches, ni les plus expérimenté.es, ni les plus apprécié.es, mais on en veut !

Lieu idéal, pour mieux te trouver, on repart en réunions, en mettant de côté un instant l’envie grandissante de partir visiter toutes les fermes du Répertoire Départ Installation. C’est surtout moi qui milite contre le désir du groupe de commencer à rencontrer des cédant.es. J’ai peur qu’on ne soit pas prêt.e, qu’on se perde dans la masse d’exploitations à reprendre sur le site de la Chambre d’Agriculture (RDI), qu’on y perde de l’énergie et qu’on y découvre des tensions entre nous. J’aurais aussi dû avoir peur des rencontres avec les paysan.nes qui veulent vendre leur ferme, de la violence inattendue de leurs récits…

Lieu idéal, pour mieux te trouver, je persuade l’équipe de ne pas partir à ta recherche. Alors comment as-tu fait pour nous trouver quand même ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.