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Billet de blog 17 mars 2024

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Carnet d'installation agricole 1 : pourquoi j'écris

Alors que l'installation comme paysanne sur une ferme se rapproche, je me replonge dans mes carnets de note pour vous les partager. Avec comme envie de donner à voir ce qu'on ne voit pas : les années de salariat, les rencontres décisives, les lourdeurs administratives, les coups de main, la vie perso qui s'en mêle, le sentiment d'appartenance à une terre, l'impatience d'y arriver...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je viens de finir Plutôt nourrir. L’appel d’une éleveuse écrit pas Noémie Calais et Clément Osé. C’est ma deuxième lecture, et je l’ai d’autant plus aimé cette fois-ci. Je l’ai lu avec plus de recul, plus de mesure.

Le sujet de l’élevage me touche profondément et je suis vite heurtée quand on en parle pas assez bien à mon goût. Deuxième lecture, d’autres détails me parlent. Je me concentre moins sur l’élevage que sur l’installation, le besoin d’écrire ou encore la solitude du métier.

Je me rappelle cette idée que j’ai, à l’occasion, d’écrire sur le club de Mediapart des extraits de mes carnets de notes pour partager des bribes de vie de l’installation paysanne en collectif dans les années 2020 en France.

Les joies, les peines, les rencontres à en couper le souffle, les bâtons dans les roues. Les paysan.nes passionné.es, les conseiller.ères de la chambre d’agriculture, les banquier.ères, les parents, les potes. Celleux qui partagent l’envie, la folie. Celleux qui comprennent rien. Et celleux qui condamnent.

A l’heure où la moitié des agriculteurs et agricultrices partent à la retraite dans dix ans.

Où les perspectives d’infléchir les conséquences du changement climatique sont de moins en moins réjouissantes.

Je n’ai jamais autant senti le besoin de m’ancrer sur un territoire rural, de façonner le paysage, de me lier à celleux qui œuvrent à répondre à nos besoins vitaux, bref de m’installer.

Je me dis que je ne dois pas être la seule. Que je ne devrais pas être la seule. Il faut des paysan.nes, un million ce serait bien comme disent les copaines de la Confédération Paysanne ou de l'Atelier Paysan.

Maintenant que c’est dit, on ne fait pas ce métier par sentiment de sacrifice. On ne veut pas d’un million de travailleur.ses forcé.es. Devenir paysan.ne, c’est renoncer à un certain mode de vie, certes, mais c’est tellement de bonheur et de sens que l’on retrouve dans la balance.

Je n’ai aucune intention de mentir. Juste préserver l’anonymat de mes comparses. Le reste je veux bien le dire, avec je l’avoue, l’espoir de susciter la curiosité d’un wwoofing, le courage de se lancer dans mille démarches administratives, la vocation d’élever et de s’élever, ou peut-être juste la bienveillance envers celleux qui nous nourrissent.

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