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Billet de blog 31 décembre 2024

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Carnet d'installation agricole 6 : première (et pas dernière) visite de ferme

Ok, j’avais dit penser que ce n’était pas une bonne idée de commencer à visiter des fermes alors qu’il reste tant de choses à solidifier dans notre collectif. Mais une chose en entraînant une autre, on y est.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ça a débuté comme ça.

Un copain venait de la visiter avec son collectif, mais ça n’a pas complément collé. Alors, il nous a filé le plan. Comme on était pas loin, et qu’on avait un créneau pour y aller, on a dit oui. Même si, pour être honnête, on aurait pu la trouver tout seul.e, car on l’avait croisé sur un petit site de ventes de fermes, sans qu’elle nous tape dans l’œil à ce moment.

Il faisait beau et chaud. Je ne sais plus si on était stressé mais je crois que les coups de fil passés pour prendre le rendez-vous nous avaient déjà bien détendu. On a rdv à 10h, après la traite, et on a prévu de quoi pique-niquer ensuite dans le secteur pour débriefer entre nous. Finalement, la visite a fini à 17h.

On s’est assis chez elleux autour d’une boisson chaude. Chacun.e d’entre nous s’est présenté.e : où on a grandi, comment on s’est rencontré, nos études supérieures, nos reconversions, les diplômes, les stages, les salariats. Puis ça a été leur tour : leur histoire, leur quête de ferme, les péripéties qui suivent, les imprévus, les joies, les choix techniques, ceux qui sont militants, l’approche de la retraite et enfin la recherche de repreneur.ses.

Il est midi bien passé, alors on décide de manger ensemble avant d’aller mettre le nez dehors et découvrir le lieu. Même si tout le monde essaie de faire bonne impression, le repas est joyeux et spontané. Iels m’impressionnent, leur vie force le respect. Je vois de nous en elleux, dans quelques dizaines d’années. Je me sens bien avec elleux. Cependant, je ne me sens pas à leur hauteur , ou celle de leur ferme.

On prends le temps de faire le tour du bâti, d’une partie des terres. C’est grand, bien assez pour nous. C’est arboré et verdoyant malgré la saison. Les bâtiments sont en bon état, très grands, ça fait presque un peu peur. Ça ne ressemble pas vraiment à la ferme que je rêvais mais bizarrement elle me fait l’effet d’un coup de cœur quand même. Les vaches sont superbes et conduites de manière similaire à ce que j’envisage. Le lieu est plein d’histoire et d’émotions, d’énergie et d’ambition.

Mais vingt-cinq ans de carrière, ça ne se raconte pas en une après-midi… On est contraint d’arrêter car il faut faire la traite du soir. On va chercher les vaches avec elleux pour faire durer le plaisir mais il faut partir. On se promet des nouvelles dès qu’on peut et on les laisse travailler.

Côté collectif, on se pose au PMU du bourg avant de repartir chacun.e dans nos contrées. L’enthousiasme est palpable. On se retient de partir dans tous les sens et on reprend la liste des critères établies préalablement, en perspective des visites de ferme, avant de faire un tour de table de ressentis de cette journée. La liste est la suivante : terres groupées, adaptabilité pour les ateliers d’élevage, calme du lieu, secteur dynamique, accessibilité, esthétisme.

Pour jauger du ressenti de tout le monde, on se laisse 10 minutes chacun.e pour s’exprimer et donner une note sur 10, compte-tenu des critères. Je crois qu’on pressent déjà que coller aux critères ne veut pas dire nous correspondre quand même, et c’est pour cela qu’on ne se contente pas de juste donner une note. On approche le 9/10 du moyenne du groupe, le coup de cœur est clairement unanime mais on doit aussi additionner toutes les émotions que suscitent cette visite : joie, stress, peur, surprise.

On décide alors de prendre le temps de réfléchir. On ne va pas dire « oui » aux cédant.es sur un coup de tête, pas le genre de la maison. On les prévient qu’on a passé un très bon moment et qu’on les recontacte bientôt. On va poser les choses, nos émotions et nos chiffres aussi pour prendre une décision éclairée. Le temps presse car on n’est pas les seul.es sur le coup. Heureusement, les différences de tempérament des personnes du groupe créent, à mes yeux, un mélange intelligent, mesuré d’excitation ET de prudence. Ça me rassure pour les semaines à venir, de réflexions sur un nouvel lieu à étudier, dans l’urgence et avec des journées déjà bien remplies. Et puisque ce n’est pas assez lourd, j’accepte (car c’était bien moi la réticente) qu’on poursuive cette lancée avec d’autres visites de ferme afin de pouvoir aussi comparer cette première épatante ferme.

Prêt.es à poursuivre la quête parmi les exploitations à vendre dans les réseaux les plus accessibles (RDI, Terre de Liens et journaux agricoles), on affute nos téléphones et ordinateurs pour les prises de contact et de rendez-vous à gogo…

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