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Toujours Bourgeasse, Jamais Pétasse, Toujours aussi Épuisée,Toujours Très Bien Coiffée, presque LFIste mais Paul V. m'a Toujours pas appelée !

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Billet de blog 5 novembre 2025

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Toute Petite Pause Idée Lecture (La Maison des Rêves de Nora Hamadi)

La Maison des Rêves est un premier roman absolument réussi de Nora Hamadi, qui petite fille rêvait de devenir cantatrice. Narré par l'auteure qui a grandi à Longjumeau dans une résidence appelée La Rocade, ce livre nous plonge dans les banlieues des années 80 avec une véracité et une lucidité rarement abordées, dans un roman ayant pour thème un tel sujet.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Professeur de sociologie, puis journaliste notamment sur la chaîne Arte où elle a présenté deux très bonnes émissions sur l'Europe, actuellement dans la matinale de France Inter où elle tient une chronique dans l'oeil de nora hamadi, la journaliste fait actuellement l'actualité littéraire avec la sortie de son premier livre La Maison des Rêves, récit-témoignage de sa banlieue.

Et au détour des quelques 240 pages, nous lecteurs allons rencontrer toute une population qu'une certaine France encore aujourd'hui ne connaît pas : des familles issues de l'immigration de partout* qui vivent en cité, et qui ont souvent tout donné pour être acceptées, reconnues, et respectées.

Le seul exutoire de cette jeunesse est un local rebaptisé La Maison des Rêves par un des gamins qui fréquente le local B10/B11, dans lequel tous les jeunes du quartier se réunissent pour apprendre, s'amuser, y découvrir le théâtre amateur, la danse, les soirées, et Mozart dans un local pourri*. Véro la reine de l'impro*, est l'un des piliers de cet endroit. Elle ne ménage ni son temps, ni son énergie pour occuper et divertir ces gamins déjà mis à l'écart et stigmatisés, parce qu'ils ne vivent pas au bon endroit.

A la Maison des Rêves si ce n'était pas un spectacle, alors c'était la fête*. Les mamans cuisinaient pour tout le quartier. Turcs, Tunisiens, Vietnamiens, Réunionnais etc. tout le monde était convié. La bouffe comme ciment communautaire*.

La période que décrit Nora Hamadi, court de sa petite enfance à son entrée au lycée. On y croise Mékioussa sa grand-mère Kabyle, entourée et appréciée des voisins qui tous s'arrêtaient chez elle pour papoter. Mékioussa qui s'occupe de Nora enfant, puis avec qui Nora ira vivre au décès de son grand-père. L'auteure nous parle également de sa maman, la première dans la famille à avoir obtenu le bac, son papa (ascensoriste), tous deux très impliqués politiquement, et qui vivent dans une maison remplie de livres.* 

Nora Hamadi comprend très vite que pour s'en sortir il va falloir se battre, ruser, et changer d'air.*. Inscrite dans un lycée hors secteur afin de s'assurer un avenir tout autre que celui réservé aux gamins de la cité dont elle ne veut absolument pas, l'auteure entamera après son bac, des études de sociologie sanctionnées par un DEA. Cette période ne sera pas facile pour elle ; beaucoup de travail, de kilomètres, et de découvertes.

Les émeutes de 2005 qui éclatent après les morts tragiques de Zyed Benna et Bouna Traoré stigmatiseront encore un peu plus les banlieues. Sarkozy plutôt que de tenter d'apaiser les choses la ramènera avec sa racaille et son karsher ; propos qui feront caisse de résonance à ceux tout aussi méprisants du bruit et des odeurs de Chirac. Cette période parfaitement rapportée sous la plume de Nora Hamadi, est décrite avec les mots de la journaliste qui sait vraiment de quoi elle parle.

La Maison des Rêves se lit comme un roman-filmé dont l'auteure a été l'une des actrices principales, entourée de sa famille, et de ses ami(e)s dans un décor de cité dans laquelle tout le monde cohabitait en (presque) parfaite harmonie comme dans un village. Et ce, malgré une engeance raciste déjà bien présente, mais qui ne la ramenait pas trop dans une période où voter fn** ne se criait pas encore sur tous les toits.

Nora Hamadi revient dans son quartier en 2024, dix ans après le décès de sa grand-mère. Elle y retrouve son passé, interroge celles et ceux qu'elle a connus ... Le constat est terrible, dévastateur, et surtout très parlant de cette politique répressive dans les banlieues, que les gouvernements successifs se sont employés à faire perdurer depuis des décennies. 

La Maison des Rêves, est un roman qui n'est jamais revanchard ou désabusé. Bien au contraire, certaines scènes sont franchement comiques (celles des marques de fringues entre autres). Nora Hamadi a la nostalgie heureuse, mais réaliste car parmi ses ami(e)s tout le monde n'a pas eu sa chance. Avec ce livre, elle nous démontre parfaitement que grandir dans une cité ne rend ni haineux-se, ni aigri(e), et encore moins enclin à ruminer ce mot remigration, terme anxiogène mis à la mode par une extrême-droite qui en use et abuse, mais qui à force d'être ânonné bêtement un peu partout et par tout le monde, banalise une fois de plus un langage, qui a pour conséquences des actes racistes absolument épouvantables, envers les personnes issues de l'immigration, mais néanmoins Françaises.

Le roman de Nora Hamadi est un grand remerciement à tous ces profs, éducateurs, bénévoles, et plein d'autres encore qui ont oeuvré et mis sur pied (souvent sur leur temps personnel), des activités parallèles pour que la vie dans ces quartiers délaissés existe.

La Maison des Rêves est également un très bel hommage aux daronnes de la cité, ces femmes dignes, qui avec leurs portes de cuisines toujours ouvertes à toutes et à tous, ont énormément contribué à cette bonne entente entre voisins de ces cités-villages.

J'ai lu le livre en deux soirées, trop difficile à lâcher une fois commencé. L'écriture est fluide, teintée d'humour, et de nostalgie. On passe d'un chapitre à l'autre, puis encore et encore jusqu'au dernier, dont on aimerait qu'il ne soit pas le dernier. On ne s'ennuie jamais, bien au contraire ! Et le fait que l'auteure soit une journaliste (re)connue, nous immerge sans difficulté aucune dans son récit de quête personnelle et d'enquête sociale**

Inutile de préciser que j'ai adoré ce premier livre de Nora Hamadi, qui certes n'est pas devenue cantatrice mais une excellente journaliste ... qui aujourd'hui peut aisément rajouter romancière sur sa carte de visite, grâce à Sa Maison des Rêves que je recommande avec un immense enthousiasme.

Illustration 1
La Maison des Rêves de Nora Hamadi - Ed. Flammarion

La Maison des Rêves, Nora Hamadi, Ed, Flammarion, 21e – en vente partout !

*extrait du livre

**devenu rn en 2018

*** l'accroche en bandeau du livre.

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