Nancy Spungen n'est ni actrice, ni issue d'une famille d'artiste. C'est une jeune Américaine déjà pas mal perturbée, fan des Sex Pistols qui un jour décide d'aller plus ou moins « étudier » à Londres. A force de fréquenter les bars et les salles de concerts, elle réussit à s'incruster dans l'entourage du groupe et c'est ainsi qu'elle rencontre Sid Vicious.
Marie Trintignant, issue d'une famille d'artistes, se tourne rapidement vers le métier d'actrice. Et contrairement à beaucoup de "filles et fils de", elle se révèle être une excellente comédienne. Toutes deux en des temps différents mais aux mœurs inchangées, auront une histoire d'amour fatale avec le "mauvais garçon".
Sid Vicious fut probablement le seul véritable amour de Nancy Spungen, mais aussi le dernier. Bertand Cantat sans être le premier coup de foudre de Marie Trintignant, sera son dernier également. Ces deux couples très borderline vivent un peu le même quotidien parsemé de picole, de cris et de castagne, schéma classique quand l'alcool et la drogue deviennent les invités permanents dans un couple.
A vingt cinq ans d'écart leur love-story compliquées et leurs issues tragiques feront la Une des journaux.
La romance de Nancy Spungen et Sid Vicious fascine depuis le début. Les tabloïds en feront une fenêtre ouverte sur le voyeurisme et le n'importe quoi à la mort de ces deux anti-héros, qui passaient pour de vrais déséquilibrés psychopathes.
Marie Trintignant et Bertrand Cantat ont une réputation de jaloux maladifs. Leur histoire intéressera beaucoup plus la presse et le public au décès de Marie Trintignant. Car eux à l'inverse des Spungen-Vicious ils règlent leurs comptes discrètement, les torgnoles c'est en off. Cependant là aussi tout et n'importe quoi fut écrit.
Nancy Spungen et Sid Vicious sont encore très jeunes (21 & 22 ans), drogués, fragiles psychologiquement, et certainement très immatures au moment des faits. En comparaison le couple Trintigant-Cantat plus mûr (41 & 39 ans) renvoie une image d'intellos un peu cramés certes, mais qui "gèrent". A un point tel, que personne n'en parle ou n'ose en parler. Ce ne sont pas des jeunots "cons,touchants et pathétiques" à la Sid & Nancy. En France tous ces grands donneurs de leçons à la Cantat on n'y touche pas ; même si tout le monde sait quel genre de vrais salopards ils sont en privé.
En octobre 1978 Nancy Spungen est poignardée mortellement par Sid Vicious au Chelsea Hôtel. En août 2003 soit vingt cinq ans plus tard, Marie Trintignant rapatriée en France bien trop tard et dans le coma, succombe aux multiples coups que lui a infligé Bertrand Cantat en Lituanie. Et en 1978 tout comme en 2003 ces deux féminicides seront qualifiés d'accident, d'homicide (presque) involontaire, et de crime passionnel. Terme plus policé que tout le monde adopta avec un soulagement non dissimulé. Le mot féminicide ne fut pas prononcé.
Quand Marie Trintignant meurt nous sommes en 2003, "me too" n'existe pas encore et les rares voix qui s'élèvent contre Bertrand Cantat sont inaudibles. Un magazine pseudo rocko-intello (déjà bien en perte de vitesse et impliqué plus tard dans la ligue du LOL), fera tout son possible afin que le chanteur ne tombe pas dans l'oubli musical alors qu'il est toujours en prison. Ce même magazine pensa même avoir l'idée du siècle avec sa Une racoleuse, quand une fois "libre" Bertrand Cantat annonça la sortie de son nouvel album.
Mal leur en a pris car entre temps l'opinion publique a évolué et juge inacceptable qu'un meurtrier ose réapparaître et faire comme si de rien n'était avec de surcroît, l'appui d'un ou deux torchons "rock" transformés en serpillière de caniveau en mal de publicité.
Les concerts sont annulés grâce aux féministes et au public qui ne sera pas au rendez-vous de ce mauvais come-back et ce, malgré le soutien de quelques nostalgiques du "bon vieux temps" pas si vieux, où les artistes pouvaient tout se permettre avec la complicité de tous ces grouillots-parasites-journaleux.
Ceux-là même qui encore aujourd'hui, ne comprennent toujours pas que Nancy Spungen et Marie Trintignant ont été victimes de féminicide et non de crime passionnel.


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