En 10 points, je vais tenter de résumer la situation en Syrie. Il s’agit d’un bilan qui met en lumière à la fois les avancées et les défis persistants après un an de la chute de Bachar al-Assad, c'était le 8 décembre 2024. Pour rédiger ces points, je me suis principalement inspiré d’un article publié sur Mediapart par Nassim Gasteli avec lequel je suis entièrement d’accord.
1- Depuis trois jours, la Syrie célèbre la fin de plus de cinquante ans du régime de la famille d’Assad, un régime tyrannique, parmi les plus sanguinaires que l’on puisse imaginer.
2- Les Syriens expriment leur joie et savourent la liberté retrouvée, après quatorze ans d’une révolution pacifique transformée en guerre civile qui a fait 500 000 morts, 125 000 disparus, et 14 millions de déplacés, dont 7 millions à l’intérieur du pays et 7 millions de réfugiés dans les pays voisins et en Europe.
3- Ahmad al-Charaa, ancien cadre de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), est président intérimaire. Il bénéficie d’une image de libérateur, mais centralise fortement le pouvoir. Ses intentions politiques restent floues, malgré certaines avancées.
4- Malgré plusieurs initiatives (dialogue national, déclaration constitutionnelle, élections indirectes), les anciens cadres de HTC continuent d’occuper les postes clés.
5- Grâce à la médiation turque et saoudienne, la Syrie sort progressivement de son isolement diplomatique. Al-Charaa multiplie les déplacements à l’étranger et obtient la levée progressive des sanctions internationales, ouvrant la voie à de grands projets de reconstruction.
6- Le pays reste instable : bombardements et ingérences israéliennes, violences intercommunautaires (Druzes, Sunnites, Alaouites) ayant fait des milliers de morts, et difficultés du nouveau pouvoir à contrôler l’ensemble des groupes armés. Ce qui a donné lieu à deux massacres : l’un visant des civils alaouites sur la côte syrienne, et l’autre touchant des civils druzes dans la région de Soueïda. Les tensions héritées du régime Assad demeurent très fortes.
7- Certaines régions échappent toujours au contrôle du gouvernement transitoire : le plateau du Golan et certaines zones frontalières occupées par l’État terroriste d’Israël, la ville de Soueïda contrôlée par des milices druzes, et le Nord-Est sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS). L’accord visant à intégrer les FDS dans l’armée syrienne n’a pas abouti.
8- Malgré de nombreuses annonces d’investissements, les résultats concrets restent limités : 90 % de la population vit encore dans la pauvreté. Le régime adopte une politique économique néolibérale centrée sur l’austérité, la hausse des prix de l’énergie et une fiscalité peu redistributive. Cette stratégie, visant des investissements rapides (finance, immobilier, tourisme), risque d’accroître les inégalités et la pauvreté encore.
9- L’absence d’un véritable processus démocratique empêche une participation large des Syriens aux décisions économiques et politiques. Cela a représenté une grande déception pour de nombreux opposants, en particulier les opposants de gauche, les libéraux et les laïcs en général.
10. Malgré tout, le 8 décembre demeure l’un des jours les plus mémorables et symboliques pour de nombreux Syriens, surtout pour ceux et celles qui ont perdu des proches durant les 54 de ce régime. Ce jour représente un symbole de liberté retrouvée et d’espoir pour l’avenir. Il en va de même pour certains Libanais et Palestiniens qui ont également souffert sous ce régime sanguinaire, et pour qui cette date évoque à la fois un soulagement et un rappel des luttes qu’ils ont traversées.