Il y a 38 ans, le 15 octobre 1987, Thomas SANKARA a été assassiné. Né le 21 décembre 1949, panafricaniste, il incarna et dirigea la révolution burkinabè du 4 août 1983 jusqu’à son assassinat lors du coup d’État de son successeur, Blaise Compaoré, en 1987.
Son père était un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Thomas Sankara fit ses études secondaires à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays. Il suivit une formation d’officier à Madagascar et devint, en 1976, commandant du centre de commando de Pô. La même année, il fit la connaissance de Blaise Compaoré, avec lequel il forma le Regroupement des officiers communistes, dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani.
En septembre 1981, il devient secrétaire d’État à l’Information dans le gouvernement du colonel Saye Zerbo. Il démissionne le 21 avril 1982 en déclarant : « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! »
Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État porte au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara devient Premier ministre en janvier 1983, mais il est limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand (la gauche colonialiste).
Le 4 août 1983, un nouveau coup d’État amène Thomas Sankara à la présidence du Burkina Faso. Il renomme alors l’ancienne Haute-Volta en Burkina Faso, "le pays des Hommes intègres". Un changement de nom à la fois officiel et symbolique, destiné à rompre avec le passé colonial et à incarner les idéaux de la révolution sankariste.
Révolutionnaire, marxiste et anticolonialiste, il rêvait de l’indépendance véritable de son pays et de tous les pays africains. Il définit son programme comme anti-impérialiste, notamment dans son célèbre Discours d’orientation politique, prononcé le 2 octobre 1983, et rédigé par Valère Somé.
Son gouvernement retira aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu’ils continuaient d’exercer. Il créa les Comités de défense de la révolution (CDR), pour mobiliser la population autour du projet révolutionnaire.
Thomas Sankara disait et répétait sans cesse ses phrases célèbres : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l’eau potable pour tous. », et aussi « La Révolution démocratique et populaire a besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus, d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de soumis qui subissent leur destin ».
Il fut assassiné 7 jours après son dernier discours public en hommage à Che Guevara. Il avait à peine 38 ans. Son leitmotiv : « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! »
Thomas Isidore Noël Sankara, désigné comme le "Che Guevara africain", est assassiné avec12 de ses compagnons le 15 octobre 1987, lors d’un coup d’État orchestré par la DGSE (services secrets français), qui aurait réussi à acheter son compagnon Blaise Compaoré. Quelques jours plus tard, il fut cyniquement déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L’absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabè a été condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies.
Comme l'a dit Jean-Luc Mélenchon lors du mémorial Thomas Sankara, à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 18 juillet 2021 : « Thomas Sankara est la haute figure de l'insoumission. L'insoumission, c’est avant tout le refus de la résignation, le refus de se plier devant ce qui est, quelle que soit la nature de l’adversité que ce qui est nous oppose ».
Sa voix internationaliste, altermondialiste, communiste, révolutionnaire, fut immense pour défendre toutes les formes d’émancipation et pour résister à l’impérialisme. Le combat de Sankara pour la dignité, comme celui de Che Guevara, Lumumba, Amílcar Cabral, Agostinho Neto, et Mehdi Ben Barka, continue, et continuera.
La flamme révolutionnaire que Thomas Sankara a allumée ne s’éteindra jamais.