Elysée Reclus, le poète de l'anarchisme, le défenseur du socialisme, l'écrivain du féminisme et précurseur de l'écologisme avait en son temps publié : "A mon frère le paysan", un texte rassurant dans lequel il rappelait aux forces vives de la France d'hier que les syndicats, les collectifs populaires et les grévistes n'étaient pas l'ennemi tant redouté.
Les voleurs, les saboteurs, ce sont les réformateurs! Ceux qui s'approprient des terres, nos biens communs! Il y a un siècle, ce constat s'appliquait aux champs des paysans; aujourd'hui, c'est aux champs de l'archéologie et de l'écologie que s'en prennent certain.e.s de nos plus influent.e.s représentant.e.s.
La France est en crise ! affirment-ils comme si "en crise", le pays ne le fut pas de tout temps, et que "cette crise" est autre chose que le produit de leurs mauvaises décisions. "Il faut favoriser le développement pour stopper la récession!". Il est vrai que, dans tout système économique, lorsque le secteur du BTP va mal, c'est généralement toute l'économie qui s'essouffle. Mais cet état de faits justifie-t-il leurs présentes décisions?
En invoquant les articles 15, 15bis A et 15bis B, la droite bancaire et clientéliste de notre gouvernement entend simplifier drastiquement les procédures de diagnostic archéologiques et écologiques légalement présents dans tout projet d'aménagement, et obligatoirement préliminaires à tout début de construction.
C'est l'Etat qui, sous la contrainte de l'électorat et des citoyen.ne.s moblisé.e.s, légiféra sur ces questions de patrimoine et d'environnement. Et cela se passait bien; notre système est d'ailleurs si bien rodé qu'il fait figure d'exemple chez tous nos homologues européens...
Mais nous changeons d'ère... Aujourd'hui, pour favoriser le portefeuille des géants de l'aménagement du territoire, le parti Horizon cherche à s'affranchir de ces complications.
Les écologistes, les archéologues... c'est nous, l'ennemi national désigné par ces membres de notre gouvernement! Certains se font taxer d'écoterrorisme, d'autre: "de faire des trous pour faire des trous". Comme cette "marée rouge" du siècle dernier, nous freinons l'économie, nous sabotons leurs utopies ! Par notre faute, nos villes ne peuvent être bétonnées et nos campagnes ne peuvent être goudronnées aussi vites qu'il le faudrait (qu'ils le voudraient). Et parce que le patrimoine compromet leurs projets, ils cherchent à faire voter son abandon, sa destruction délibérée.
Quoiqu'alliés depuis toujours, les écologistes et les archéologues ont aujourd'hui le même combat. Une forêt, un site archéologique, c'est du patrimoine: le nôtre, le vôtre!
Alors, comme ces paysans qui jadis se battirent pour l'intégrité de leurs vieilles terres contre de grands industriels et de richissimes exploitants, battons nous pour la préservation de ce qui forge notre identité. Si comme moi, comme nous, vous estimez être des créatures de nature et d'histoire, et non des sous-produits du pétrodollars, luttez avec nous contre ces amendements destructeurs, à Chartres le mardi 10 juin prochain; à Paris, le jeudi 12 juin.
Ne sous-estimons pas l'importance de ce combat. Et parce que j'ai la conviction qu'Elysée Reclus n'aurait été que trop d'accord avec cela, voilà ce qu'il aurait pu écrire à ma place: "A mes frères et soeurs les militant.e.s, évitons à tout prix ce naufrage culturel; liguons-nous contre les prêtres de l'argent, contre ces charognards ambitieux qui, aveuglés par les promesses de l'or, ne comprennent pas que notre patrimoine historique et naturel constitue notre seul véritable trésor."