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Billet de blog 21 mai 2010

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Ma Grèce entre chaos et kalos kagathos

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La dette de l'Europe envers la Grèce, qui va la payer ?

Hier, pour la quatrième fois, depuis l'annonce du plan de "rigueur", les grecs sont allés manifester devant le parlement à Athènes. Une manifestation dans le calme et la dignité, dûment encadrée par des flics fonctionnaires dont beaucoup, sans doute, iraient bien se joindre au concert, s'ils pouvaient. Il n'y a eu ni morts, ni blessés et s'il y eut échauffourées on s'est bien gardé d'en parler. L'étouffoir médiatique fonctionne comme un piège là bas comme ici : il faut du scandale, du sang ou des rails bloqués pour qu'on en parle. Des fois que ça donnerait des idées aux résignés.

Autre chose, la même en réalité : Sur un forum quelconque d'un journal dit "de gauche", un internaute s'exprimait, suite à l'article qui relatait la manif : genre "c'est bien fait, ils se sont bien amusés, maintenant ils vont payer". Voilà le reflet exact au fond, du message que nous ont fait passer tous ces médias pourris : " le grecs ont été vilains, ils ont gaspillé l'argent public, salauds de fonctionnaires, ils vont payer."

En bref, ils sont bien punis

Ce que l'on administre à la Grèce, ce n'est pas un plan de rigueur, c'est une pénitence : pour l'exemple ?.

"Jeanne était au pain sec, dans le cabinet noir" comme écrivait Victor Hugo, dans "l'art d'être grand-père" :

hélas, pour ce qui est bon grand père, la Grèce repassera : on voit mal eneffet le Président du FMI lui apporter des confitures en cachette : bien au contraire il ira sceller, d'un air mielleux, sa déconfiture sur les plateaux télés...

Bien, puisqu' au prétexte de cette dette on infligeà la Grèce un châtiment ancien, pourquoi ne pas revenir carrément à l'Antiquité ? et à ce propos il n'est pas illégitime de se demander quelle est la dette de l'Europe envers la Grèce .....

Que serait l'Europe, en effet, s'il n'y avait eu la civilisation grecque ? Notre siècle de métal, qui ne raisonne qu'en termes marchands et trébuchants, oublie qu'avant le chaos, il eut, en Grèce, le kalos kagathos. Je ne recenserai pas ici tout ce que l'on doit au siècle de Périclès, je rappellerai simplement quelques faits. Tout d'abord, ce siècle qui vit éclore des génies mathématiques, physiciens, artistiques et philosophiques fut un siècle où les gens vivaient plutôt bien, et en paix. Et cela, sans pour autant travailler comme des forcenés ; évidemment, il y avait des esclaves, mais on pressentait, parmi les penseurs, qu'un jour heureux, ils seraient remplacés par des mécaniques. Ce qui aurait l'avantage de faire cesser les guerres, puisqu'on n'aurait plus besoin des "prises de guerre" pour fournir une main d'oeuvre.

Les grecs avaient inventé la spéculation intellectuelle, mais pas encore la spéculation boursière, sinon ils auraient anticipé que les guerres moderne se feraient pour le compte d'une oligarchie issue des Pays incivils du monde entier, que la mécanique boufferait l'homme et que l'esclavage serait partout.

Ils ne pouvaient pas anticiper non plus que la démocratie élitiste qu'ils avaient inventé, faible en regard de celle dont l'Europe se gargarise d'être exemplaire, serait insidieusement désincarnée avec la fabrication de l'opinion par les médias asservis aux pouvoirs, pouvoirs eux-mêmes au service d'une poignée d'oligarques. Les petits enfants d'Homère et d'Hérodote n'avaient pas pu prévoir qu'il faudrait moins d'une journée à Ulysse pour se faire reconnaître par son chien, et aussi par toute une meute de journalistes, à son retour au bercail après la chute de Troie.

Ni que Socrate s'appellerait Chomsky ou Naomi Klein et qu'au lieu de la cigüe, on leur servirait, pour leur clore définitivement le bec, le brouet de l'étouffoir médiatique avec l'étiquette de libertaire pour le premier ou de fomentatrice de la théorie du complot, pour la deuxième.

Mais cessons de nous énerver, ne nous laissons pas aller à des passions tristes, comme dirait mon bon maître Baruch.... qui devait beaucoup aux stoïciens grecs. L'ingratitude de l'Europe envers la culture grecque est aussi quelque chosoe de très risible, en réalité. Tenez, puisqu'on parle de philosophes, une chose est sûre : si la civilisation grecque n'avait pas existé, Onfray n'aurait jamais pu écrire son pamphlet contre Freud car celui-ci n'aurait jamais eu connaissance de l'histoire d'Oedipe et n'aurait donc pas inventé sa théorie du "complexe" sur lequel il basa les trois quarts de son oeuvre. Pas une bien grande perte, en ce qui concerne le bouquin d'Onfray, mais la psychanalyse, tout de même, c'eût été bien dommage !.

Autres conséquences petites et grandes :

"L'assemblée des femmes" * n'aurait jamais vu le jour avant l'invention de la parité, le combat féministe aurait eu cinq siècles de retard.

D'ailleurs on serait toutes en burqa....pour se protéger en l'absence de gynécées.

Alexandre le grand n'aurait pas eu sa légende pour donner prétexte à divers péplums fort rentables.

Pour envoyer se faire ...voir un fâcheux tout en restant politically correct, on ne pourait plus employer certaine périphrase ...

etc..etc ....Je laisse aux amis lecteurs de ce blog le loisir de compléter la liste

;-).

Mais revenons à notre Mérinos : la situation économique de l'Europe :

Sans la Grèce antique, l'euro tomberait de Charybde en Scylla (et cela tout en ignorant qu'il existât un Charybde et un Scylla, ce qui est encore plus horrible) voici pourquoi :

L'Olympe, le paradis des Dieux, serait depuis toujours rayé de la carte, or, des Dieux SDF, ça n'a pas besoin de crépuscule pour être déchu :

du coup, ni Nietzchze, ni Wagner, n'auraient écrit et composé sur ce thème, qui inspira Hitler. Du coup l'Allemagne n'aurait pas eu la guerre, ni la défaîte et la reconstruction qui lui a permis de se refaire, économiquement parlant.

Sans cette reconstruction et celle d' autres pays, il n'y aurait pas eu d'europe, et encore moins d'euro, boosté par les Teutons.

Oui, chers amis de l'Europe, votre dette envers les grecs est kolossale ! Et ce ne sont pas 750 malheureux milliards qui pourront l'honorer.

Mais assez plaisanté : pour ce qui est de l'humiliation que l'on fait subir aujourd'hui, au nom de lémarchés et du FMI, à ce beau pays et à son grand peuple, ce sont des trillards de pardon que Ségolène devra réclamer ....

quand DSK sera devenu, poussé par les oligarques, président de la REP française.

"L'assemblée des femmes"* Aristophane

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