Entre fascination et répulsion : retour sur l'interview télévisée de Sarkozy
C'était fascinant et répugnant à la fois, de voir la crispation dans l'effort de zen attitude tout en percevant, en écho permanent, l'état latent de rage furieuse, contenue sur le fil à grand peine par un coatching préalable serré et probablement aussi par un cocktail médicamenteux savamment dosé
Même la mise en scène soigneusement orchestrée, les questions intensément préparées, l'absence totale d'improvisation ne suffisaient pas lors de la dernière OPA de l'Elysée sur le 20 h, à occulter complètement le désordre psych(iatr ?)ique du personnage.
A ce désordre, fondamental, s'ajoute une peur panique croissante de la révélation de son imposture :
Depuis le début, Sarkozy est mal à l'aise avec la fonction présidentielle. Il parvient au bout de trois ans et demie à faire semblant, mais seulement semblant de l'habiter et encore, c'est au prix d'un effort incessant d'autopersuasion. Rappelons nous, au début de son règne, quand il improvisait pour les grands mères ou les ouvriers , il fallait toujours qu'il souligne son propos d'un "J'suis (ou j'ai été élu) "président de la république" Comme s'il avait du mal à y croire lui-même !
Tant que les sondages lui ont été favorables tout allait bien : Les sondages bons pour Sarko, c'est comme une salle bien chauffée pour un acteur. Tant qu'on l'applaudit, même un acteur médiocre peut espérer briller grâce aux feux de la rampe. Mais quand le public déserte, tout va de mal en pis : plus le public le le juge mauvais et plus le médiocre acteur devient mauvais; Le meilleur éclairage n'empêchera pas les spectateurs de bouder et la salle de se vider, parfois avant la fin de la pièce :
C'est ce qui est en train de lui arriver, et cela accroît sa panique. Ce qui le panique encore plus et le rend encore plus paranoïaque, vis à vis des medias, c'est la révélation crescendo, par la presse libre, de ses manigances politiciennes et des méthodes de maffieux, qui lui ont permis d'accéder à la Présidence.
D'où la persistance, à chaque apparition de Sarko face à des journalistes, derrière une mascarade de calme hyper-contrôlé, d'interview remâchée, cette tension palpable, cette menace subliminale d' un potentiel pétage de plombs.
Auparavant, je ne pouvais pas regarder les interviews télé de Sarko, même en mini-video au coin de l'écran du PC, il m'insupportait trop, sa violence contagieuse, sa rancune rance suant par tous les pores me faisaient bouillonner. Mauvais pour le karma, ça.
Aujourd'hui si j'arrive à les supporter (un peu ) c'est avec un mélange de fascination /répulsion. Comme on observe un scorpion, en train de s'appliquer à lui même son arme de survie pour se donner la mort, lorsqu'il est encerclé par le feu.
Ce serait un spectacle bien déprimant, s'il n'y avait ce côté comique de bande dessinée du personnage :
Au moindre frémissement de question qui fâche, à la moindre évocation d'une "affaire", NS est comme Joe Dalton devant l'image de Lucky Luke : Prêt à bondir de son siège comme un diable sortant de sa boite, taper du poing dans le vide, se rouler par terre, trépigner, en hurlant comme un fou furieux "les journalistes ! les journalistes ! les journalistes ! "
Vivement qu'on l'emmène au pénitencier .....
ou à l'HP ?