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Billet de blog 27 juillet 2010

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Liquider mai 2007

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le viol de la mariée

Elle allait demander le divorce : il y avait longtemps déjà qu'elle ne l'aimait plus, tous les deux le savaient. Mais jusqu'à cette preuve récente de sa trahison, trouvée au fond de la poche du jogging, elle n'osait pas : même si les postures ridicules de son époux la faisaient ricaner, il l'impressionnait un peu. Surtout, il était si colérique ! Elle en tremblait encore, à se rappeler ses vociférations, quand elle avait osé lui tenir tête.

Le pire, c'était les insultes ! Il était intarissable : vulgaire, grossier.

En bonne ménagère, même pour un vêtement de sport ordinaire, elle faisait les poches du pantalon avant de le passer à la machine, On ne sait jamais, ne serait-ce qu'un prospectus ramené de la boite aux lettres, si l'encrage est de mauvaise qualité, ça fait des auréoles, ça déteint sur le tissu, et le vêtement est gâché.

Et voilà que la preuve se tenait là, dans cette enveloppe de papier kraft, poisseuse, couverte d'empreintes grasses :

Il ne l'avait jamais aimée, il ne l'avait épousée que par intérêt.

Oh, elle s'en doutait bien, depuis ..tenez, depuis l'heure qui avait suivi son mariage.

Juste après qu'elle ait dit "oui", à ce mari pas très beau, pas très cultivé, pas très distingué ...mais enfin il avait comme on dit "du peps", de l'énergie à revendre. Et il était jeune, fringant, par rapport aux maris cacochymes que ses soeurs aînées avaient dû supporter, !

Un si beau mariage, au joli mois de mai ! Le soleil entrait à flots par les fenêtres de la mairie, quand elle avait dit "oui" et signé le registre ....Hélas...Tout de suite après, le rêve avait tourné au cauchemar : au lieu du petit cottage tranquille traditionnel qu'elle avait réservé pour sa nuit de noces il l'avait traînée dans un café de luxe. Toute la nuit il avait fallu supporter les grimaces des créatures de la nuit, ces décavés de la "haute" . Businessmen, politicards, et tous ces "people" imbéciles et autres parasites parasites. Des richards et leurs gigolos et gigolettes, triés sur le volet. Des femmes botoxées, aux costumes de pintades, fardées comme des clowns sur la piste de danse où elle dansait, dansait, épuisée, mais forcée de danser. La mariée se doit à ses invités.

Mais ce n'étaient pas ses invités, ça ne l'avait jamais été !

Quant à la nuit de noces..C'est peu dire que ce fut un naufrage : elle aurait préféré, d'ailleurs, que c'en fût un, un vrai ! Il l'avait embarquée sur ce hideux yacht de luxe d'un magnat des affaires, où des larbins tenaient la chandelle, étalant "a giorno" sa honte et sa douleur !

C'est là, en l'embarquant, qu' il l'avait prise, sur la rambarde, d'un seul coup, brutal, avide, sans ménagement, sans préliminaires.

La douleur, intense avait heureusement été brève, tant il était incapable de se contrôler.

Mais la marque n'avait jamais disparu. Un viol, même conjugal, laisse des traces indélébiles. D'autant que ce viol n'avait été que le prélude à une longue série de rapports forcés. Que de fois les assauts bestiaux de son époux l'avaient laissée sur le flanc, sanglotante, écoeurée, vidée, épouvantée, terrorisée, impuissante, amère, désolée...

Elle allait divorcer. C'était l'urgence, la seule issue, la condition nécessaire à sa survie psychique. La colère, après avoir eu entre les mains la preuve de la trahison, l'aiderait à surmonter ses appréhensions. De toutes façons, rien ne pourrait être pire, qu'être liée à vie à cet être avide, méprisant, mesquin, brutal et ignorant. Et de devoir supporter à vie son entourage courtisan, les copies-conformes de ses vices de forme.

Le divorce bien sûr ne suffirait pas. Il lui faudrait , après ça, se reconstruire, avec le soutien de tous les siens. Il l'avait tellement abîmée..Mais elle avait de la ressource..elle redeviendrait cette jeuene femme intelligente, ouverte et généreuse qu'elle était, avant qu'il ne la brise.

Il lui faudrait aussi se remarier, mais là, elle serait formelle : l'interdiction absolue de rapports conjugaux non consentis serait stipulé en toutes lettres sur le contrat.

Effacer ce jour fatal et la longue, les longues, effroyables nuits, qui avaient suivi : Ce serait long et difficile. Mais elle y arriverait. On l'avait vendue à ce type, traitée, comme une bête, traite, comme une vache à lait ! Elle avait la certitude, à présent.

Mais elle serait bientôt libérée de tous les maquignons qui lui avaient volé durant plus de trois ans sa joie et sa bonne santé.

Patience...La colère lui donnait des ailes : elle allait sans faiblir liquider mai 2007

Ainsi songeait Marianne, l'épouse abusée, victime d'un mariage arrangé.

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