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Billet de blog 3 novembre 2016

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Macron hors-sol et insaisissable

Qualifié de «tomate hydroponique» par Fredéric Lordon, Macron est certes peu soumis aux soucis du français moyen, mais ce serait une erreur de sous-estimer son possible impact. Réflexions après le direct de Mediapart.

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Au direct de Mediapart, les invités ont le temps de s'exprimer. C'est bien. Mais la controverse journalistique a semblé peu percutante. De la gabégie de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (dont la gestion est désormais aux mains d'actionnaires Chinois peu scrupuleux), il a pu se défausser sur le primo-décisionnaire Arnaud Montebourg alors Ministre du Redressement Productif, et noyer le poisson sur son mensonge dévoilé par Laurent Mauduit. Sur l'épisode du costard, Macron retourne la situation en se présentant comme homme de dialogue qui va au contact des gens.

Sur ces points "techniques", sa crédibilité est certes écornée, mais à la marge, et ceux qui voient en Macron un espoir ont probablement été confortés par ce long direct.

Sur la laicité, son point de vue parait raisonnable. Sur la question de l'accueil des migrants, il s'est cantonné au statut de droit d'asile, sur lequel il apparait très à gauche de Manuel Valls. Mais le droit d'asile concerne les réfugiés politiques et non les réfugiés économiques, très nombreux, sur lesquels il ne s'est pas mouillé. Surtout, les journalistes ont peu insisté sur ce point.

La libéralisation des trajets de bus (sa mesure "phare") est certes anti-écologique, mais on retient de son argumentaire la mesure "égalitaire". Ce qui est vrai du point de vue des voyageurs sans le sou qui peuvent se déplacer, malgré des conditions dégradées. Mais sa vision globale des transports (le tout-TGV...) n'a pas été évoquée par mediapart. Et son attitude de mansuétude ("grâce à moi les enfants peuvent visiter leurs parents..."), sincère sans doute mais facile, immanquablement condescendante, et à courte vue, n'a encore une fois pas été relevée sur le plateau.

Sur les questions économiques, il est évidemment cohérent - et convaincant pour certains - tant qu'il reste dans la réalité libérale ou néolibérale dans laquelle nous baignons. Et ce cadre libéral, les journalistes n'ont pas vraiment cherché à le déconstruire face à Macron, qui sort presque plus crédible qu'en entrant dans leurs locaux. C'est du moins mon impression.

Le positif dans tout ça, c'est qu'on cerne mieux le personnage, qui expose crânement sa cohérence d'homme intègre et indépendant. Et on ne connait jamais assez bien ses adversaires. Il n'a pas (encore) la langue faite du même bois que le politicien pur jus. Son destin n'est pas autant lié à la politique que François Hollande et consorts, et il joue très bien de cette force jusqu'à faire oublier ses accointances avec les milieux de la finance.

Je ne balaierais pas Macron d'un revers de main, comme le fit Lordon lors d'un débat à HEC (à voir). Je le pense plus dangereux que ça, dans le sens où il est un agent efficace des illusions libérales qui tardent à se perdre, laissant le chaos se répandre (ou croître l'entropie, dirait Ivan Illich ou Bernard Stiegler). Son destin présidentiel est sans importance. Ce qui importe, c'est la fausse alternative (ou espoir) qu'il peut porter aux yeux des personnes qui cherchent la voie d'un progrès sans l'effort de l'imagination. Facteur d'une perte de temps dans un monde qui en manque.

P.S. : Si Macron tombe dans le piège de revenir à Mediapart, j'ose espérer que les journalistes de Mediapart passeront la veille une excellent nuit.

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