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Billet de blog 12 juillet 2024

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À quoi joue le Nouveau Front populaire ?

La marche du RN vers le pouvoir a été interrompu par la fougue républicaine du peuple français. Mais, de ce sursis, le Nouveau Front populaire a décidé d'en faire une chienlit, en se noyant dans le torrent des égos politiques, lesquels sont par essence nuisibles à l’expression de l’intérêt général.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dimanche dernier, à la surprise générale, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des élections législatives, devant Ensemble et le Rassemblement national. Alors que nous étions promis au pire, le peuple français a fait montre de républicanisme, en empêchant Jordan Bardella et les siens d’accéder au pouvoir.

Ce vote nous oblige à faire preuve de lucidité.

La vague RN est loin d’être endiguée. Nous l’avons momentanément affaibli, à la faveur du sursaut populaire et d’un mode de scrutin qui freine considérablement son expansion, ce qui, d’ailleurs, n’est pas sans poser question. Contre le triomphalisme ambiant, je rappelle ici que le RN a rassemblé plus de 10 millions de voix et que 9 partis (PC, PS, FI, EELV, Ensemble, Modem, Horizons, UDI, LR) ont dû s’employer pour lui barrer la route de Matignon. Je rappelle également que la gauche hors métropole (cf. mon billet précédent) s’est fait balayer, réduisant encore un peu plus nos chances d’être majoritaire. 

À ce stade, nous avons simplement appliqué un pansement sur une jambe de bois. Il nous reste quelques mois pour répondre aux questions de fond qui nous ont été posées par les Françaises et les Français.

Ce vote nous oblige à faire preuve de responsabilité.

Hélas, depuis quelques jours, c’est loin d’être le cas.

Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des élections législatives. L’usage républicain veut donc que le chef de l’État se tourne vers nous pour former le nouveau gouvernement, sauf à se comporter comme Mac Mahon.

Mais comment pourrait-il le faire tandis que nous sommes incapables de proposer le nom d’un Premier ministre ? Comment pouvons-nous faire la démonstration de notre volonté de gouverner alors que nous sommes noyés dans le torrent des égos politiques, lesquels sont par essence nuisibles à l’expression de l’intérêt général ?

La lutte des places a remplacé la lutte des classes. Les stratégies personnelles l’emportent sur la vie des gens.

Le spectacle que nous donnons est pathétique. Il l’est d’autant plus que nous savons pertinemment qu’un gouvernement « NFP » a très peu de chances de survivre à une motion de censure.

Or, chaque jour qui passe renforce cette hypothèse, érode un peu plus notre légitimité démocratique et donne de la consistance au calcul cynique d’Emmanuel Macron. Dans un régime parlementaire, le chef de l’État doit se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes. Mais, avec notre attitude, nous lui donnons la capacité de laisser le temps aux autres partis politiques de constituer une coalition alternative.

Pour quels motifs ? Parce que la FI, au service de Jean-Luc Mélenchon, qui sait parfaitement qu’elle est trop clivante pour occuper Matignon, veut provoquer une crise politique avec le secret espoir d’obtenir des élections présidentielles anticipées ? Parce que le PS, redevenu force de gravité à gauche, veut faire la démonstration qu’il est impossible de gouverner avec les insoumis, ce qui justifiera la création d’une coalition élargie avec les macronistes ? Parce que les uns et les autres estiment que le pays est ingouvernable et qu’il faut mieux placer ses pions dans la perspective d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, dans un an ?

Et le peuple dans tout ça ? À quel moment les chefs à plume y pensent-ils dans leurs négociations  ? Pas souvent, je le crains.

 C’est peut-être ça le fond du problème. Le champ politique est tellement endogame, tellement cloisonné, tellement peu représentatif de la société, qu’il a fini par se couper des réalités matérielles vécues par les citoyennes et les citoyens.

Huguette Bello était un bon choix. Laurence Tubiana en est un autre. Mais ce qui compte véritablement, c'est notre programme et notre volonté de mettre un coup d'arrêt au néolibéralisme. 

J’espère me tromper, mais il apparait désormais certain que nous passerons l’été avec Gabriel Attal et Bruno Le Maire, avant de voir débarquer un nouveau gouvernement de droite, à la philosophie austéritaire et ultra sécuritaire, quand l’époque appelle à la réparation de notre démocratie et à l’édification d’une véritable République laïque et sociale.

Je lis ici ou là que le Président de la République, Emmanuel Macron, se comporte comme Napoléon III. C’est juste. Mais en agissant ainsi, le Nouveau Front populaire lui donne raison.

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