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Billet de blog 2 octobre 2013

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Marcel Dassault et le travail des femmes en 1978

En cette période où il est question de l'emprise exercée par M Serge  Dassault sur Corbeil, il peut être intéressant de revenir sur la dynastie politique que représente la famille Dassault, sur la droite de l'échiquier politique, et sur le contenu idéologique de cette appartenance à travers un manifeste en date du 21 février 1978 signé par Marcel Dassault dans le journal Le Monde et reproduit sous forme d'une publicité sur une pleine page du journal.

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En cette période où il est question de l'emprise exercée par M Serge  Dassault sur Corbeil, il peut être intéressant de revenir sur la dynastie politique que représente la famille Dassault, sur la droite de l'échiquier politique, et sur le contenu idéologique de cette appartenance à travers un manifeste en date du 21 février 1978 signé par Marcel Dassault dans le journal Le Monde et reproduit sous forme d'une publicité sur une pleine page du journal.

En 1958, M Marcel Dassault, le père de Serge Dassault, est élu député dans la première circonscription de l'Oise, et réélu en 1967, 1968, et 1973. Marcel Dassault s'inscrit au début de la législature 1973-1978  au groupe UDR (Union des Démocrates pour la République ) et est   membre de la commission de la production et des échanges.  Le 21 février 1978, à trois semaines du premier tour des élections législatives  Le Monde  reproduit sur une pleine page un texte signé par Marcel Dassault. Véritable manifeste, ce texte a pour titre "Le travail et les loisirs des femmes". Le texte est reproduit ci dessous. En février 1978 nous sommes en pleine période électotale. La gauche est alors toujours donnée gagnante par les sondages malgré la "rupture" du programme commun le 23 septembre 1977. Le mouvement choisir animé par Gisèle Halimi présente son propre programme commun porté par  43 candidates. Ce  "programme commun des femmes" véritable manifeste du mouvement  propose en autre  « ..l 'ouverture des universités  aux femmes sans diplôme pour réparer le préjudice subi par suites de pressions sociales  directes ou intériorisées, pressions ayant conduit les femmes à abandonner leurs études " et précise également "...La politique sera féministe ou ne sera pas". M Marcel Dassault est élu dés le premier tour le 13 mars sous l'étiquette RPR, et la droite RPR-UDF remporte les élections législatives à l'issue du second tour le 19 mars 1978.

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Le Monde le 21 février 1978
Le travail et les loisirs des femmes /  Marcel Dassault
"Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes : le fait qu'une jeune fille ait été reçue première à Polytechnique le prouve amplement.
Comme les hommes, il y a des femmes au gouvernement, il y en a dans la politique, il y en a dans l'administration. Il y a des femmes chefs d'entreprise, il y en a qui font fonction de directeur, d'autres sont secrétaires de direction ou sténo-dactylos.
Les femmes travaillent surtout dans la confection et dans l'électronique, car leurs doigts de fée manipulent bien mieux les minuscules composants électroniques.
Mais il n'en est pas moins vrai qu'elles sont plus fragiles. Elles ne peuvent pas exercer les travaux de force qui sont réservés aux hommes et, comme elles sont plus nombreuses, cela explique qu'il y ait davantage de chômage chez les femmes.
Si certaines femmes veulent élever leurs enfants et assurer le bien-être de leur foyer, il n'y a pas lieu de la décourager mais, au contraire, de les encourager.
Bien entendu, la femme au foyer doit avoir la possibilité, à chaque fois que sa présence n'est pas nécessaire à la maison, - notamment lorsque les enfants sont à l'école – de s'instruire et de se distraire en se rendant dans les clubs de femmes, et surtout de mamans, qui doivent être installés dans toutes les communes. Elle pourra y apprendre la littérature française, les langues étrangères, etc.
Cela constituera pour elle un bien autre épanouissement que de rester toute la journée debout devant un tour dans une usine.
Les femmes des cadres supérieurs qui ne travaillent pas s'organisent entre elles pour se distraire et s'instruire. Elles se réunissent tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre, ou visitent des musées, assistent à des conférences, etc.
C'est un sort analogue que nous voulons organiser pour les femmes de condition modeste.
Et puis, quel plaisir pour les femmes d'aller chercher paisiblement leurs enfants à l'école, de les ramener à la maison, de leur faire faire leurs devoirs, de leur apprendre leurs leçons, de les préparer pour la nuit, de mettre des fleurs sur la table afin que le mari, quand il revient de son travail, puisse trouver une atmosphère agréable.
Et quel plaisir aussi de pouvoir faire ses achats sans se presser, de pouvoir choisir, de pouvoir déceler la meilleur qualité au meilleur prix, toutes choses interdites aux femmes qui travaillent.
Plutôt que de payer des indemnités de chômage, il serait souhaitable d'accorder à la femme au foyer un supplément familial égal à 60% du SMIC pendant trois ans lorsqu'elle a un enfant, pendant trois autres années si elle en a un autre, et enfin jusqu'à cinquante-cinq ans si elle a au moins trois enfants. Au delà de cinquante-cinq ans, elle recevrait 60% de la retraite du SMIC."

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