Victoire de Macron en 2019….victoire de Le Pen en 2022.
La contestation de la réforme des retraites bat son plein. Le gouvernement mise sur l’essoufflement de la contestation syndicale et espère gagner la bataille de l’opinion. Difficile pour l’instant de savoir avec certitude qui sortira vainqueur.
La mobilisation importante le 5 décembre reflète la forte opposition au projet. Et au-delà des grévistes et des manifestants les sondages attestent d’un rejet majoritaire de la réforme portée par le gouvernement et Emmanuel Macron. Dès lors, si la réforme est malgré tout appliquée, cette défaite du mouvement social ne pourra que laisser des traces dans l’électorat amené à se prononcer à l’occasion de l’élection présidentielle de 2022.
Bien entendu d’ici là une foule d’évènements peuvent se produire et rendre plus « anecdotique » cette réforme, et caduque l’analyse de ses conséquences politiques. Mais ce qui est certain, c’est qu’une victoire sur la réforme des retraites de Macron signerait de manière définitive la droitisation du pouvoir en place. L’affichage du ni droite ni gauche tant vanté lors de l’élection présidentielle de 2017 serait définitivement enterré.
Déjà à l’occasion du second tour de la dernière élection présidentielle, de manière inédite depuis 1969, la participation électorale avait fortement baissée (-1.5 millions de voix). Le second tour proposé, Le Pen vs Macron, n’avait pas incité une part de l’électorat de gauche à se déplacer. D’ici 2022 à défaut de l’émergence d’une alternative de gauche et (ou) écologiste il y a fort à parier que le second tour verra s’affronter les deux mêmes candidats. Dès lors les électeurs auront à choisir entre la droite et l’extrême droite. Dans ce cas de figure, pour pouvoir l’emporter Emmanuel Macron aura besoin des voix d’électeurs de gauche. Mais le spectre qu’il ne manquera pas de brandir - celui du danger de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir - suffira-t-il à faire oublier la politique libérale menée. Que pourra t-il vendre aux électeurs écologistes, de gauche ? La fin de l’ISF ? La baisse des APL ? La réforme de l’assurance chômage ? ….. La poursuite de l’utilisation des pesticides ? La réforme des retraites ?
Tout cela pèsera dans le choix des électeurs de gauche qui seront très certainement encore plus nombreux à ne pas vouloir justement faire le choix au second tour entre les deux candidats. Le risque est donc important de voir la candidate d’extrême droite gagner les prochaines élections présidentielles.
Une victoire sur le terrain social de Macron en 2019 signerait sans doute sa défaite électorale en 2022.
Le second tour de l’élection présidentielle se joue donc en partie ces jours-ci. Si il veut assurer sa réélection Emmanuel Macron ferait mieux d’abandonner son projet de réforme des retraites.