Le ministre de l'intérieur socialiste Manuel Valls vient d'indiquer ce vendredi 24 novembre, lors d'un déplacement à Lorient, qu'il était « hors de question de laisser un kyste s’organiser à Notre Dame des Landes. Nous mettrons tout en œuvre pour que la loi soit respectée (...) pour que les travaux puissent avoir lieu». Avec l'utilisation du mot kyste un palier vient d'être franchi dans l'escalade verbale qui s'empare des élus socialistes de la région des Pays de la Loire et des membres du gouvernement. En choisissant sciemment ce terme, le ministre utilise un vocabulaire de rejet et de non retour. Le propos n'est plus politique il est chirurgical. L'application de la loi par tous les moyens serait à la protestation politique ce que le bistouri est à un kyste malin. Ainsi, certaines oppositions ne s'affrontent plus politiquement, elles se combattent, elles s'éradiquent car elles constituent un corps étranger.
Cela n'est pas nouveau direz-vous, car on observe que depuis plusieurs années, les hommes politiques ont pris l'habitude de se « lâcher ». Jean Pierre Chevènement parlait de « Sauvageons » au milieu des années 90 pour parler des habitants des banlieues, territoires que par la suite Nicolas Sarkozy proposa de nettoyer au Karcher. Vocabulaire de la stigmatisation donc, du rejet, qualifiant l'autre de telle sorte qu'il n'y a plus d'autre alternative que son élimination sociale.
L'enjeu de la petite phrase prononcée par M. Valls dépasse donc le débat sur la pertinence du projet d'aéroport. Le Ministre de l'Intérieur a ici franchi une ligne, utilisant un vocabulaire nauséabond qui est celui de l'extrême droite.
Or que reste-t-il comme digue politique quand on commence à utiliser le vocabulaire des Le Pen ?
De plus cela fait suite à un certain nombre d'actes politiques à mettre à l'actif du ministre de l'intérieur depuis juin 2012 : évacuation d'un camp de Roms avant une décision de justice à Evry (ville de M. Valls) - abandon du projet de récépissé lors des contrôles - silence après une manifestation d'extrême droite « civitas ». Cela fait beaucoup de renoncements, cela au bout du compte ne présente pas de différence avec la politique d' Hortefeux, l'auvergnat de triste mémoire.
Tout le gouvernement est entaché par les propos de M . Valls. Tous les électeurs qui ont voté à gauche au second tour de la présidentielle, ceux qui ont permis (sans forcément le vouloir il est vrai) que M. Valls accédât quelques semaines plus tard au rang de ministre, se sentent trahis. Les dernières révélations sur la campagne de M. Sarkozy révèlent que l'équipe de campagne de l'UMP avait un moment pensé à Mme Le Pen comme Ministre de l'Intérieur. Le peuple de gauche va-t-il apprendre dans quelques jours que les Sarkozystes avaient également pensé à M. Valls ?
Honte à vous M.Valls car la bleue marine qui guette à l'orée du bois se réjouit de vous entendre et de vous voir faire.
Christophe Batardy – co secrétaire départemental du Parti de Gauche en Loire Atlantique
Nantes le 24 novembre 2012.
Billet de blog 26 novembre 2012
Les mots en politique ont toujours une couleur !
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