Script de l’interview de Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma russe , Président du Parti « Russie Unie » pour la région de Moscou
par Darius Rochebin, journaliste sur la chaine LCI diffusée le vendredi 27 janvier 2023
Les mots de Piotr Tolstoï sont un florilège de l’argumentation poutinienne pour une guerre longue contre l’Ukraine, le temps que soient élus à l’Ouest, en Amérique et en Europe, de nouveaux politiciens plus compréhensifs que les dirigeants actuels afin de négocier un « nouveau Yalta »
DR Darius Rochebin / PT Piotr Tolstoï
DR : Avec nous en direct Piotr Tolstoï. Il est le vice-président de la Douma, Responsable du Parti Présidentiel pour Moscou. Piotr Tolstoï, bonsoir
PT : Bonsoir, bonsoir
DR : La donne a changé en quelques heures, en quelques jours. Grand évènement de la semaine. Evidemment, c’est ce qu’on vient de voir. Des chars allemands, le choix historique d’autoriser des chars Léopard contre vous. Qu’est ce ça change d’après vous dans la dimension du conflit ?
PT : Ben vous savez, n’importe quel armement , les chars allemands, les chars français, les chars polonais, de toutes les façons seront brulés sur le territoire de l’Ukraine par l’armée russe. Qu’est ce ça change ? Ca change ça prolonge la guerre, ça apporte plus de morts . De toutes les façons, la guerre, la Russie va gagner même avec ou sans les chars allemands, les ukrainiens vont perdre. Donc pour moi c’est un clair signe de la participation de l’Europe dans cette guerre. On disait au début que l’ OTAN ne va pas participer, « non, non pas question de chars », là on fournit les chars et la prochaine demande qui est déjà prononcée à Kiev, c’est les avions et après les missiles. Donc ça nous pousse à changer un peu la situation.
DR : Est-ce que vous ne fanfaronnez pas un peu. Si c’était si simple pour vous, vous maitriseriez la situation. Or on va vers une année de guerre et on voit que vous n’avez pas réussi à changer le pouvoir à Kiev, même pas réussi à tenir les territoires que vous avez annexés de façon illégale du point de vue occidental, est ce que ça montre quand même pas une difficulté de fait ?
PT : Vous savez la guerre c’est toujours difficile mais il faut souligner que la Russie
DR : Une parenthèse, vous avez dit la guerre ? vous menez une guerre ?
PT : Bon, bon, allez, je réponds à votre question. Donc la Russie mène cette opération spéciale
DR : ne jouez pas avec le mot. Vous savez très bien le sens de la question
PT : La question c’était est ce que vous maitrisez bien cette guerre ? Je vous réponds que la Russie mène cette guerre pas de même façon par exemple que les américains en Irak. Nous on a une possibilité de bruler les dizaines de kilomètres avant du front mais on le fait pas parce que on vise pas les civils, les ukrainiens qui ne sont pour rien dans cette guerre. Malheureusement c’est que l’armée ukrainienne avec les matériels occidentaux, avec les conseillers et mercenaires qui viennent des Etats Unis, du Canada et de Pologne, qui sont visés par notre armée. Donc si on voulait agir comme par exemple comme je vous ai dit les américains en Irak on aurait déjà bruler Kiev, on aurait déjà bruler Odessa…Mais on le fait pas parce que c’est notre pays, c’est notre peuple et c’est notre terre. Donc on va pas bruler l’Ukraine
DR : Pardon les faits, les images, les faits démentent en très grande partie ; c’est vrai qu’a Kiev vous auriez pu frapper davantage, tout le monde peut en convenir, mais Marioupol, ce qui s’est passé à Dnipro. Marioupol, les images parlent d’elles-mêmes, il n’y a même pas besoin de grande analyse, nos envoyés spéciaux l’ont montré aussi mais le fait de détruire à ce point là une ville , oui, c’est frapper massivement des civils
PT : Non. Les civils de Marioupol ils sont partis. Une partie des civils est partie en Russie et une partie en Pologne, et les civils qui restaient à Marioupol ils étaient otages des forces ukrainiennes qui se cachaient derrière les bâtiments. Ils cachent leurs chars, leurs artilleries à l’intérieur des villes et je souligne, je vous explique par exemple les frappes aériennes
DR : je me permets de vous interrompre parce que c’est important parce qu’on voit les images en même temps. Qu’il y ait des contre feux ukrainiens dans certains immeubles ça se fait dans toutes les guerres mais vous savez très bien que c’est pas dans chaque immeuble de ville de Marioupol.
PT : Mais bien sûr, les ukrainiens étaient dans chaque immeuble. La résistance de bataillons Azov, bataillons pro nazis que en Europe on juge toujours très progressistes, donc ce bataillon qui a été liquidé à Marioupol, il tenait chaque maison. Mais donc si on passe d’une chose à l’autre, je tiens à vous rappeler quand même que Marioupol déjà, une partie de Marioupol est reconstruit et que ça sera reconstruit bientôt, toute la ville, et comme d’autres villes d’ailleurs qui ont été détruites lors de cette guerre. Mais plus vous donnez des armements aux ukrainiens, plus on aura des villes dévastées comme vous montrez là sur les images.
DR : Parlons-en. Parce que du point de vue ukrainien, c’est bien sur la défense de leur sol. Prenons les points les uns après les autres.
D’abord les chars Leclerc, si la France livre des Leclerc, est ce ça changera le statut de la France à vos yeux
PT : On va bruler les Leclerc d’abord et deuxièmement la France va encore une fois traverser une ligne rouge que les politiciens français, notamment le président Macron a souligné qu’il veut pas participer dans cette guerre, alors vous allez participer dans cette guerre. Pour nous, bien sur que ça change. On m’avait demander si la France est un pays ennemi ? Mais bien sur, pour moi c’est difficile de dire ça, mais c’est vrai. Depuis 9 ans vous menez une guerre économique et là vous participez dans l’approvisionnement militaire de l’Ukraine. Bien sur que vous êtes des ennemis.
DR : Est-ce que cependant vous faites une différence ? Je rappelais tout a l’heure une différence de regards dans les yeux des ukrainiens. Monsieur Macron n’est pas citoyen d’honneur d’Odessa comme Monsieur Johnson, Monsieur Macron n’a pas eu l’honneur de la première visite de Monsieur Zelensky à l’étranger comme ça été le cas de Jo Biden, la France a eu des positions différentes. Est-ce que pour vous cela représente quelque chose ou vous la mettez exactement dans le même lot que les autres occidentaux ?
PT : Bah écoutez, pour l’instant, quand l’opération militaire va se terminer, on va regarder bien qui a fait quoi et qui a visité qui à quel moment. Pour l’instant, notre but c’est la démilitarisation totale de l’Ukraine. Dénazification totale de l’Ukraine. Et bien sur la décommunisation parce qu’on va les priver de leurs infrastructures construits à l’époque soviétique. Les stations électriques …Donc pour l’instant le but c’est ça et à partir, par exemple si l’armée russe sort à la frontière polonaise à ce moment là on va voir avec qui des leaders européens on peut avoir un dialogue. Bien sur avec ceux qui déclarent qu’ils mènent la guerre avec la Russie, comme Mme Baerbock ou qui disent comme Mr Scholtz que « jamais les chars » mais livrent finalement les chars, « jamais les avions » mais ils vont les livrer , mais bien sur si vous voulez c’est une mauvaise position pour une amitié quelconque.
DR : Monsieur Tolstoï, vous l’avez cité : quelle est votre réponse exacte à Monsieur Scholtz et Madame Baerbock qui dirigent la première économie de l’Europe, elle a fait ce saut, elle l’avait d’ailleurs annoncé ici même sur LCI disant « oui, nous ne nous opposerons pas aux livraisons de chars », ce soir elle dit qu’elle est en guerre contre vous.
PT : Mais écoutez. Moi j’ai pas de réponses à Madame Baerbock parce que je connais bien la salle du Conseil de l’Europe – j’ai travaillé là-bas – donc il y a peut-être la magie de cette salle qui poussent les allemands à en dire un peu plus qu’à l’intérieur du Bundestag qui sont un peu plus sages à la maison. Mais je peux vous dire que déjà on a l’expérience d’avoir les négociations avec les français et les allemands. On a l’expérience de Minsk. Maintenant quand 8 ans ont passé on a eu une déclaration de Mme Merkel que c’était une manœuvre diplomatique pour renforcer l’armée ukrainienne, qui a été confirmée par Monsieur Hollande et qui aujourd’hui a été confirmée par Monsieur Johnson qui a dit que c’était une imitation diplomatique. Donc quand vous me posez la question « avec qui, comment vous traitez ça et ça », donc on a compris qu’on peut pas croire un mot à ces politiciens européens, malheureusement, et on va attendre que les autres arrivent. D’autres vont arriver bien sûr.
DR : Vous parliez tout a l’heure de vos buts de guerre. Et bien beaucoup en occident ne comprenne même pas ce que sont vos buts de guerre. Vous dites « dénazifier » mais vous savez bien que pour nous ça n’a aucun sens. Le président Zelensky est juif. Qu’il y ait eu des éléments dans son armée des éléments d’extrême droite, nous l’avons dit sur ces plateaux mais c’est très minoritaire. Evidemment l’Ukraine n’est pas un pays nazi, n’importe qui de sensé le voit bien. Quels sont vos buts de guerre ? Est-ce que vous voulez prendre Kiev, est ce que vous voulez seulement le Donbass, qu’est ce que vous voulez exactement ?
PT : Mais peut-être c’est fait exprès que vous ne comprenez pas notre plan ? Peut-être c’est ça l’idée ? de mettre un peu vague le plan russe pour qu’à n’importe quel moment quand la guerre s’arrête, on pourrait dire qu’on a gagné. Bien sur notre but est de contrôler tout le territoire ukrainien parce que aujourd’hui avec le pouvoir qui existe là-bas, même malgré que Monsieur Zelensky est juif, il a réussi d’interdire la langue russe, d’interdire toute l’histoire ukrainienne, d’interdire aux russes, aux 20 millions de russes en Ukraine de parler leur langue et d’avoir l’éducation de leurs enfants dans leur langue. Donc c’est pas du tout des valeurs européennes si j’ose dire, hein..
DR : Monsieur Tolstoï, vous savez bien ce que vous dites est contesté par les ukrainiens et nos reporters sur place mais on va pas refaire tout ce débat ici. Ca veut dire que Kiev est toujours pour vous un objectif ? Vous voulez à nouveau tenter de prendre Kiev ?
PT : mais comme Lvov, Odessa, comme Dniepr, comme Poltava, comme d’autres villes de l’Ukraine.
DR : malgré l’échec retentissant que vous avez eu le 24 février ?
PT : On a pas eu un échec.
DR : ça y ressemble tout de même. 11 mois pour en arriver à reculer même un peu, qu’est ce que c’est sinon un échec ?
PT : Non. On va avancer. Vous allez voir. La perte du contrôle de Kherson, pour une guerre de telle ampleur, c’est pas si grave que ça. Là maintenant on va prendre Bakmout, prendre Ougledar, si vous voulez les noms géographiques. Je crois qu’aux téléspectateurs français ça dit rien mais l’armée russe avance petit à petit. Le prix d’un avancement très vite c’est les vies humaines. Et donc nous on veut pas perdre nos soldats et nos officiers dans cette opération spéciale en telle quantité que perdent les ukrainiens qui ont perdu déjà plus de 100 000 morts lors de cette guerre.
DR : Monsieur, comment est ce que vous réagissez, vous êtes vice-président de la Douma, vous êtes au cœur du pouvoir russe, vous êtes un personnage important dans ce pouvoir, il y a un effet boomerang chez vous. Le pont de Kertch touché, bombardements en Crimée, des objectifs touchés jusqu’au cœur de votre territoire, Riazan, à Engels, vous en êtes même à protéger la situation autour de Moscou, est ce que le boomerang n’est pas en train de vous revenir dans la figure ?
PT : Ben écoutez, tous ces bombardements dont vous avez parlé c’est les bombardements qui ont été faits avec l’armement occidental. Avec les stations Himars américaines et donc là vous allez fournir encore plus des missiles aux ukrainiens , donc pour nous ça représente un danger mais de toutes les façons ça nous pousse d’aller plus loin, c’est simple. C’est ce que je viens de dire. Vos livraisons nous poussent d’aller plus loin. C’est tout.
DR : Monsieur Tolstoï, est ce que l’autre camp ne risque pas d’aller plus loin ? Ecoutez le premier ministre polonais , Monsieur Morawiecki, il était l’invité de LCI, nous diffusons un extrait inédit. Il pense que le boomerang précisément dans la Russie à tel point qu’il espère que la Fédération de Russie pourrait être démantelée, démembrée, que d’autres pourraient s’en aller, et il donne l’exemple de la Tchéchénie. Ecoutez le avec nous, vous pourrez réagir.
« DR : Est-ce que vous espérez que certaines régions de la Fédération de Russie prennent leur indépendance ?
Moraveski : il y a des parties de la Russie qui sont des prisons pour d’autres nations. Et oui, ces parties de la Russie pourraient être libérées pour ces nations.
DR : par exemple ?
Morawiecki : La Tchétchénie. Ils se sont battus pour cette liberté depuis des siècles. Et depuis quelques décennies ils se battent avec beaucoup de motivation. Bien-sûr il y avait des territoires détruits, il y avait beaucoup de crimes de guerre en Tchétchénie, mais oui je crois que ce pays mérite son indépendance. Mais je souhaite à nos voisins russes le meilleur dans un contexte plus normal dans un développement normal des relations normales. C’est ce que tous les polonais souhaitent pour ce qui se passe avec la Russie. Malheureusement ce n’est pas ce n’est pas ce que nous avons espéré d’eux ces dernières décennies, ces derniers siècles. »
DR : Monsieur Tolstoï, comment est-ce que vous recevez cette déclaration ? La Pologne, votre voisin, passif historique entre vous
PT : D’abord, c’est typiquement un rêve typique des Polonais. (citation de Churchill). Monsieur Morawiecki malheureusement ne connait d’autres républiques qui font partie de la Russie à part la Tchétchénie. C’est pour ça qu’il vous dit la première chose qui lui vient en tête, la Tchétchénie. Parce qu’il y a une guerre en Tchétchénie, parce qu’il connait que ça a revendiqué un peu l’indépendance, mais on voit bien qu’il peut pas donner même l’image de cette décomposition qu’il aimerait bien voir par ses propres yeux. On va pas lui laisser ce spectacle. Ne vous inquiétez pas et bien sur que la Russie va devenir…
DR : je ne suis pas sûr que ceux qui nous écoutent soient très inquiets mais…
PT : Non, non mais la Russie va devenir voisin de la Pologne, c’est tout et les Polonais vont continuer à mettre leur historique mais déjà à l’intérieur de l’Union européenne, si l’Union européenne existera à ce moment-là.
DR : Est-ce que j’ai bien entendu ? Vous imaginez par exemple que vous puissiez annexer entièrement l’Ukraine, que l’Ukraine redevienne comme c’était dans l’Union soviétique, maintenant la Fédération de Russie, qu’elle soit à part entière dans la Fédération de Russie ?
PT : Bah écoutez, l’Ukraine a toujours été une part entière de la Russie et depuis 3 siècles faisait partie de la Russie. Donc malheureusement beaucoup des politiciens , beaucoup de parlementaires notamment de l’Europe occidentale ne savent pas le fait que l’Ukraine faisait partie de la Russie. Et que l’Ukraine contemporaine était créée par Lénine et Staline pour rajouter le prolétariat à une partie paysanne de l’Ukraine. Donc si on connaissait plus l’histoire de la Russie , évidemment beaucoup de chances peut être pour vous était moins tragique et moins étonnant que aujourd’hui. Mais comme vous êtes déjà formés par le narratif américain et par l’idée de souveraineté de l’Ukraine donc à mon avis c’est inutile de aujourd’hui vous dire oui oui ça va pas faire partie de la Russie. On verra bien, c’est les ukrainiens qui vont décider comment ils vont vivre après le régime de Zelensky.
DR : Mais Monsieur, ça n’est pas le narratif américain. C’est effectivement la réalité de l’histoire. Vous êtes de la famille de l’autre Tolstoï ? vous avez des liens de sang avec Tolstoï l’écrivain ?
PT : Oui
DR : Rappelez-vous. Tolstoï qui a décrit comment Napoléon a commis cette erreur historique de sous-estimer l’âme des peuples et l’âme du peuple russe qui n’a pas voulu se laisser envahir. Est-ce que ça n’est pas ce qu’on voit chez les ukrainiens aujourd’hui. Votre agression a encore fait monter cette nation ukrainienne. On le voit dans leur résistance
PT : On verra bien qu’est ce ça va donner cette résistance et on verra bien qu’est ce que les ukrainiens vont décider après la fin de la guerre. Pour l’instant il est inutile de faire des pronostics , que tout ça c’est une vision du futur différent
DR : Monsieur, regardez ce que vous avez fait à Dniepro, vous vous créez des ennemis. Chacun de ses morts vous coûte devant l’Histoire. On parlait de Grozny tout à l’heure. Evidemment quand on voit les images de Grozny détruite, parce que déjà à l’époque vous détruisiez les villes – alors les islamistes avaient causé des crimes épouvantables - mais les vôtres aussi. Ils sont documentés aussi devant l’Histoire.
PT : Non, non mais vous pouvez pas comparer les crimes des islamistes qui prenaient des otages et tuaient les gens civils et l’opération militaire qui était menée contre les islamistes. Les islamistes on les a écrasé et on va écraser tous ceux qui ont pris l’arme contre l’armée russe aujourd’hui en Ukraine. En ce qui concerne toutes ces histoires du Boutcha , Dniepro, toutes malheureusement c’est un mensonge de la presse occidentale qui sera bientôt compris par tous vos téléspectateurs. Parce que quand les ukrainiens tirent avec leurs missiles anti-aériens sur un missile russe et que ce missile tombe sur un immeuble, c’est pas la faute des Russes, c’est la faute des ukrainiens. Ce missile visait une station électrique et c’est derrière cet immeuble. Donc dire que c’est les Russes qui ont tiré sur les civils, ça c’est au moins malhonnête.
DR : Monsieur Tolstoï, tant de gens si respectables , le père Desbois qui a tant travaillé sur la Shoah, c’est l’anniversaire d’ Auschwitz , on va en reparler, qui a montré à quel point à Boutcha vos hommes ont commis des crimes de guerre et la documentation est déjà extrêmement avancée, vous ne pouvez pas dire ça. Vous-même vous êtes visé, vous êtes personnellement visé par les sanctions, est ce que vous craignez pour votre sécurité ? Est-ce qu’un jour vous comparaitrez devant un tribunal ?
PT : Je crains rien et je veux vous inviter à boire un café à Kiev un jour certainement mais je veux vous dire on s’en fout des idées du tribunal parce que c’est une idée irréaliste par rapport à la Russie – la Russie c’est le plus grand pays de l’Europe je vous le rappelle
DR : Monsieur Milosevic disait aussi « on s’en fout ». Il a fini devant un tribunal à La Haye
PT : Oui oui mais vous savez le président serbe et votre tribunal de La Haye qui a accusé que les Serbes, pas les criminels croates, pas les criminels bosniaques, alors ça a toujours été une moquerie sur la justice. Mais laissez moi s’il vous plait terminer parce que je veux dire que la Russie d’abord s’en fout de l’idée de tribunal et d’autre part vous les Français n’ont aucun droit de juger quelqu’un comme d’ailleurs vos alliés américains et anglais parce que vous avez foutu la guerre civile en Afghanistan, en Irak, vous les Français en Lybie, vous êtes responsable des crimes de guerre en Afrique et c’est pas à vous de juger les Russes qui aujourd’hui mènent une opération militaire spéciale pour libérer 20 millions de nos compatriotes pris en otages par le rêve européen et par la bande de Zelensky. On va les écraser, on va les écraser et on va pas vous laisser la possibilité de nous juger.
DR : Monsieur Tolstoï, sur ce même plateau nous avons rappeler qu’il y a effectivement des crimes de guerre anglais, américains en Irak dont certains n’ont pas été jugés, c’est un fait , cela n’enlève absolument rien aux crimes de guerre que vous commettez et que vous continuez de commettre.
PT : Non, on commet pas de crimes de guerre parce ce que par rapport à ce que vous vous avez fait dans le monde, tout ce qui se passe en Ukraine c’est un petit conflit. Mais surtout n’imaginez pas que vous avez le droit de nous juger.
DR : Le regard de l’Histoire. La Russie n’était pas invitée aux commémorations de la libération d’Auschwitz aujourd’hui, quelle leçon vous en tirez, comment est-ce que vous réagissez ?
PT : Bah c’est encore un exemple d’hypocrisie occidentale et européenne de ne pas inviter ceux qui ont libéré Auschwitz et au lieu de Russes qui on a invité ? On a invité les représentants de LGBT. Génial. Ça à mon avis ça c’est un signe de la dégradation politique morale et dégradation historique de l’Europe. Parce que c’est l’armée russe qui a libéré Auschwitz mais bientôt on va faire tout possible pour que les européens oublient ça. Parce qu’en accusant aujourd’hui l’armée russe de crimes de guerre sur le territoire ukrainien vous vous êtes en train de faire oublier le fait que c’est l’armée russe qui a libéré Auschwitz. C’est l’armée russe qui a gagné la deuxième guerre. Et les anglais et américains n’ont perdu qu’un dixième des pertes russes.
DR : Pour en revenir à ça, Monsieur Tolstoï, au rôle des soviétiques on va y revenir, rôle qui est tout à fait réel dans la guerre mais juste pour qu’on comprenne bien et pour préciser les choses, vous parlier des LGBT, est ce que vous niez le fait que beaucoup d’homosexuels ont été assassinés par les nazis à Auschwitz et les associations LGBT ont tout autant le droit que les autres d’être présents à Auschwitz ?
PT : je comprends pas pourquoi il faut remplacer les Russes
DR : Ce n’est pas un remplacement
PT : si on libérait Auschwitz par l’association LGBT. Si si les Russes sont remplacés. C’est ça la question
DR : Monsieur, quoiqu’il en soit, tous les historiens sérieux rappellent, comme vous le fait, oui c’est une patrouille soviétique qui ont libéré Auschwitz. Est-ce que vous acceptez de rappeler en même temps que ce régime, très grand courage des soviétiques dans la guerre et il fait le reconnaitre et le rappeler toujours, ce même régime était un régime assassin qui avait ses propres camps, les camps de Staline, et qu’il y aussi une culpabilité historique de l’Union soviétique qui était d’ailleurs dans le pacte germano soviétique de 39 à 41. Est-ce que vous reconnaissez ces deux aspects là. C’est-à-dire le très grand courage des soviétiques mais aussi le crime de Staline d’avoir été allié de Hitler et d’avoir eu les camps ?
PT : Oui bien-sûr. On va le reconnaitre mais juste après que vous reconnaissiez que les français ont soutenu 40 jours contre les allemands, les 40 jours ou ils étaient à Paris tandis que l’Union Soviétique pendant 4 ans les a complètement écrasé. Et après que vous reconnaissiez tous les crimes du gouvernement de Vichy etc… donc n’importe quel pays a des circonstances historiques que peuvent être vues d’un angle ou d’un autre mais ce qui compte c’est le résultat. Et le résultat c’était la libération de l’Europe et notamment c’est la participation de l’Union Soviétique dans cette guerre et le fait que l’Union Soviétique a gagné cette guerre a fait que la France aujourd’hui ne parle pas allemand.
DR : Monsieur Tolstoï, on vient de voir tout à l’heure l’image de Staline qui sert la main de Ribbentrop pendant que vous étiez l’allié de l’Allemagne nazie, Auschwitz tournait à plein régime. Vous étiez à cette époque-là, ça c’est une réalité aussi et nos reporters disent bien souvent que ça n’est pas enseigné dans les écoles aujourd’hui aux jeunes russes. Est-ce que c’est une faute ?
PT : Mais à mon avis vous vous étiez aussi les amis des allemands lors du Pacte de Munich qui quand vous avez participé dans le partage de la Tchéquie et donc n’oubliez pas que dans cette histoire avant la deuxième guerre en Europe tous les gouvernements essayaient de repousser la guerre notamment le gouvernement soviétique. Mais le gouvernement français et le gouvernement anglais aussi. Donc si vous voulez donner des leçons d’histoire, il faut être plus prudent et plus objectif et tous ces moments évidemment font partie des livres, des bouquins historiques ici en Russie. On les enseigne à l’école.
DR : Monsieur Tolstoï, il y a un rôle très particulier dans cette guerre que vous rappelez, celui des anglo-saxons, Churchill, immense personnage qui lui n’a été l’allié de personne, compromis avec personne. On le voit dans cette guerre d’Ukraine, des Ukrainiens en pensant à leur libération fons sans arrêt référence à Churchill. Lui n’a eu ni Laval, ni Pétain, ni Staline serrant la main de Ribbentrop. Est-ce que cette forme de supériorité morale des anglo-saxons, ils ont été impérialistes à leur façon, mais de ce point de vue ils ont été impeccables. Est-ce que vous le reconnaissez ?
PT : Non, pas du tout. Non parce que j’aime pas les anglo-saxons parce qu’ils ont commis énormément de crimes ces dernières décennies, j’ai été le témoin de Colin Powell qui nous montrait l’arme chimique de Saddam Hussein et d’autres choses, donc malheureusement c’est des gens sans morale et qui n’ont rien à voir avec la génération de Churchill. Donc Churchill, on peut avoir un respect de lui mais je vous rappelle que tous les grands évènements en Europe terminent par Yalta. Et donc aujourd’hui on a pas de leader européen qui peut participer à un nouveau Yalta. On voit par contre les clowns qui appellent à gagner sur le terrain de la guerre contre la Russie et qui déclarent qu’ils sont en guerre contre la Russie. Donc nous on a le temps devant nous. On va gagner cette guerre et on va attendre que ces clowns partent et on va voir si on peut organiser un nouveau Yalta si jamais vous trouvez les personnages comme Churchill dans le politico existant aujourd’hui dans les pays européens.
DR : Monsieur Tolstoï, effectivement nous sommes en 2023 et plus en 1945, pourquoi tous ces morts ? Si demain vous avez face à vous une mère de soldat russe, il y a des dizaines de morts de soldats russes dans cette guerre, combien, est ce que vous le savez vous-même ?
PT : vous savez, je suis un député, et je parle toujours avec les gens qui ont perdu leur parent durant l’opération spéciale. Je parle avec leurs mères. Je parle avec leurs femmes. Avec leurs enfants. Et c’est vrai que c’est difficile. Mais je peux vous dire que tous ces gens-là, toutes ces femmes pendant l’hiver, les nuits passent à coudre les chaussettes pour les soldats russes et les envoient au front. Et aujourd’hui un businessman de Moscou a envoyé toutes ses bagnoles au front pour aider nos soldats. Malheureusement vous ne rendez pas compte de cette solidarité qui existe dans la société russe
DR : Monsieur Tolstoï, on a vu ces mères de soldats qui manifestaient au Daghestan contre votre guerre. Il y a aussi des mères qui dénoncent le fait que « vous tuez leurs enfants » disent-elles « dans cette guerre inutile ».
PT : vous avez les preuves ? Vous pouvez me montrer
DR : oui bien sur nous les avons montrés ces mères au Daghestan qui manifestaient dans la même lucarne ou vous êtes
PT : oui, oui mais ça été il y a 6 mois. Donc je peux vous dire que depuis les choses ont changé. La solidarité et le soutien de l’opération spéciale aujourd’hui dans la société russe vraiment c’est à 80 %
DR : Piotr Tolstoï, est ce que ça n’est pas une erreur historique. Tous les états impériaux, les démocraties aussi ont des visées impériales, la Chine aussi a des visées impériales mais quand on voit l’intelligence de la Chine, elle pousse son empire d’une autre manière par des moyens économiques, par des moyens commerciaux ; elle n’est pas plus démocratique que vous mais pour l’instant en tout cas elle n’envahit pas ses voisins, elle ne viole pas le droit international des frontières. Est-ce que ça n’est pas un stade de sophistication tellement supérieure à cette guerre d’occupation barbare ?
PT : Bah d’abord toutes les guerres, c’est la barbarie. Deuxièmement vous n’avez aucun droit de juger un pays démocratique ou pas démocratique parce que vous aussi vous vivez dans un pays qui n’est pas du tout démocratique et qui s’en fout de ses propres citoyens
DR : Franchement vous connaissez beaucoup de citoyens français ou anglais qui courent pour aller en Russie ?
PT : Si , oui, oui je connais beaucoup, notamment les gens qui déménagent de France et d’origine russe qui vivaient en France et qui aujourd’hui vivent en Russie et les anglais qui aujourd’hui s’occupent de l’agriculture en Russie, il y en a beaucoup.
DR : Oui, pardon. Ce sont des centaines de milliers de russes qui ont quitté, ils ont voté avec leurs pieds comme on disait à la chute du mur, ils ont quitté votre pays donc vous pouvez pas dire que ça va dans un sens et dans l’autre, non, ils quittent votre pays.
PT : Monsieur Rochebin, vous avez ça dans la tête, vous avez lu ça dans le journal ? ou peut être c’est dans l’analyse de l’état-major norvégien aussi ? Je comprends pas pourquoi vous dites qu’il y a des centaines de milliers de russes qui ont quitté la Russie ? Oui peut-être il y a 100 000, 100 000 jeunes qui ont eu peur, qui appartient à la génération malheureusement qui a été formée sous l’idée de consommation occidentale. Mais les autres jeunes aujourd’hui ils sont sur le front. Et ils sont dignes de ces grands pères qui ont libéré l’Europe.
DR : Piotr Tolstoï, je le citais tout a l’heure, c’est votre illustre ancêtre « La guerre et la paix » l’âme des peuples, l’idée qu’on ne force jamais un peuple ; les américains se sont cassés les dents dans la guerre du Vietnam, les allemands se sont cassées les dents sur vous, est ce que vous n’êtes pas en train de vous casser les dents de la même manière sur l’Ukraine ? Que vous les aimiez ou non, ils ont cette force de résistance qui en impose.
PT : Bah écoutez, les Américains ils se sont cassé les dents récemment en Afghanistan et on a vu les Afghans qui courraient derrière les avions, donc j’en suis sur et certain que Zelenski et toute sa bande va courir derrière le dernier train vers Varsovie. Et donc vous pouvez transmettre cette idée au premier ministre polonais qui rêve de décomposition de la Russie pour qu’il prépare déjà les hôtels pour ses copains qui aujourd’hui sont à Kiev. Ne vous inquiétez pas, nous avons les dents et ces dents-là, elles sont pour des décennies et elles resteront les mêmes. Une fois on a chassé l’agression européenne jusqu’à Paris en 1812, et l’autre fois en 1945 on a cassé les dents à Hitler. Cette fois ci ce sera la même chose. Les Russes, ils commencent lentement, mais après une fois qu’ils ont commencé vous ne pouvez pas les arrêter. Et là on arrive à un moment de cette guerre quand peut être le rôle de l’Occident c’était d’organiser les négociations, de pousser les Ukrainiens à chercher la paix etc… mais vous vous faites le contraire. Et ça c’est une grosse faute à mon avis. Parce que vous allez voir ce que cela va donner.
DR : Monsieur Tolstoï, l’avenir le dira. Un dernier mot très factuel. La mobilisation. Vous avez fait une première guerre, opération spéciale, vous vous refusez à prononcer le nom de guerre, puis une mobilisation plus grande, est ce que vous allez remobiliser dans une plus grande ampleur ces prochains temps ?
PT : Je peux vous dire que c’est une guerre qui va pas se terminer dans quelques mois et nous on va faire tout le nécessaire pour avoir assez de forces , assez de soldats, assez de missiles etc… Donc on connait bien des légendes distribuées par la presse occidentale et par des gens qui malheureusement mentent à leurs téléspectateurs et leurs auditeurs que la Russie n’a plus de missiles, que tout est terminé, que la Russie a perdu du territoire, que la Russie a perdu la guerre. On a pas encore commencé. On a pas encore commencé.
DR : La vérité du terrain le dira effectivement. Merci beaucoup d’avoir été notre invité. Merci à vous
PT : Merci