La nouvelle traduction polémique du « The Greath Gatsby » de F. Scott Fitzgerald nous donne une nouvelle occasion pour s’interroger sur la mise en œuvre d’un nouveau système politique et économique.Toutes les œuvres artistiques ont été adaptées à différentes périodes de manière différente. Quelle mise en scène fut choisie pour « Les Noces de Figaro » lors de la première représentation ? Quelle gestuelle a été choisie pour exprimer le désespoir de la Reine de la nuit, dans les premières représentations de la Flûte enchantée ? Nulle ne sait bien entendu. Les technologies modernes telles que la vidéo qui approche le mieux la capture de la gestuelle, de la voix ou de la prestance, n’existait pas encore pour nous donner une source de comparaison. Les deux opéras de Mozart se jouent encore, et se joueront encore, mais à chaque fois celles-ci seront différentes, adaptés au temps, et au tempérament des acteurs.L’analogie de l’interprétation peut être étendue à la philosophie et aux fonctionnements des êtres humains en tant que communauté. Qu’aurait dit Platon, Socrate, ou Jésus face aux crises que nous traversons et à la situation actuelle du Monde ? Quelles solutions auraient-ils préconisés ?La hiérarchisation des valeurs choisies par la société évolue avec le temps, même si les valeurs en elles mêmes restent invariantes. Cette hiérarchisation est liée à l’évolution de la perception du monde et des innovations qui accompagnent nos sociétés.Il est évident que le rapport à la communication n’est pas le même entre le 16ème siècle et le 21ème. Le temps d’attente acceptable pour obtenir une réponse, négocier ou réfléchir est des multiples de fois plus importants que dans un monde où internet, facebook et les réseaux sociaux sont au centre des échanges humains. L’évolution de la perception du temps est aussi importante que celle vis-à-vis du risque.Les calamités étaient perçues comme le fait d’un Dieu qui manifestait son insatisfaction vis-à-vis d’un peuple pour les fautes commises. Aujourd’hui, les catastrophes naturelles peuvent être expliquées et anticipées (même si l’imprécision de ces anticipations ne nous permet pas encore d’éviter les conséquences en termes de pertes humaines).Le risque a aussi évolué et le souhait des êtres humains pour se prémunir contre le risque s’est accentué. Nos économies modernes ont accompagnée ces évolutions. La valeur richesse qui est aussi déconnecté de la valeur travail, que l’était l’organisation féodale, a aussi évolué pour une recherche d’enrichissement rapide quelque soit les voies entreprises pour y arriver.Notre société s’est érigée comme constitué de « superman » et « superwoman ». Nos sociétés tendent à créer des êtres humains avec des pouvoirs exceptionnels ou surnaturels. L’homme et la femme moderne doivent être performants, innovants, et créatifs. Ils doivent être capables de faire face à toutes les difficultés. Ils doivent surmonter tout stress et toute pression. Cette exigence se retrouve à travers le monde du travail, le monde économique et financier, par une recherche de rentabilité, de travail de qualité et effectué dans un laps de temps réduit. Elle se retrouve aussi dans les relations de couple, où l’homme et la femme doivent être beaux, riches, intelligents et laisser de coté leurs doutes, leurs faiblesses et leurs états d’âmes. La déliquescence de nos relations amoureuses ne sont qu’un exemple de cette déconnection entre le mythe des supers héros et la réalité des êtres humains.La recherche de la perfection nous conduit collectivement à faire l’impasse sur les faiblesses les plus naturelles. Certains s’aident de substances chimiques (les taux de croissance de la consommation de drogue et de stupéfiant sont éloquents à ce sujet), d’autres recherches la force dans la spiritualité (accroissement du communautarisme et du sentiment religieux) lorsque collectivement nous utilisons l’endettement et l’effet de levier comme moyen de repousser dans le futur la reconnaissance de nos moyens limités.Cette course à la performance s’auto-entretien. Il suffit de regarder les programmes TV, les publicités dans les médias, les articles dans les magasines masculins ou féminins pour se rendre compte de cette volonté de la recherche de la perfection : physique, psychologique, économique etc.Le refus de reconnaitre la réalité est aussi partagé par l’Etat qui au lieu de jouer un rôle de stabilisateur, il accentue la recherche de la performance et la ségrégation des « winers » en asphyxiant encore plus les « loosers ». Nous constatons cette tendance à travers le taux d’inégalité, les politiques économiques, les choix des aides (dirigées d’abord vers les secteurs à forte productivité « winners » en contre partie de plans de rigueur subits par les « loosers ») et la politique fiscale.Suite à la crise de la pensée économique, les principaux penseurs contemporains s’attardent sur les moyens à mettre en œuvre pour perpétuer le fonctionnement actuel. Aucun ne cherche à penser différemment le monde, les relations humaines et la place des échanges économiques.Si nous ne pouvons pas connaitre ce que penserait Akhnaton de la situation actuelle du monde, nous pouvons au moins prendre exemple sur sa vision prospective qui l’a poussé à modifier le modèle de penser et d’embrasser, le premier, un modèle monothéiste lorsque la totalité du monde vivait avec plusieurs Dieux. Peut être sommes nous face à ce type de choix et à ce type de rupture de pensée et de modèle.L’avenir nous permettra de dire si tel était le cas. Espérons que nous ne tarderons pas et que nous ne serons pas en décalage par rapport aux évolutions fondamentales de nos sociétés.Amitié et fraternité chers lecteurs.
Billet de blog 4 mars 2011
Supers héros : le mythe irréaliste de nos économies modernes.
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