Nos systèmes économiques contemporains analysent la performance à l’aune de la croissance, de ses dynamiques et de la résilience de cette croissance face à des crises économiques. Ils partent du principe que la croissance permet de créer de la demande pour l’emploi, améliore les conditions de vie, et lorsque l’inflation est maîtrisée, offre une amélioration du pouvoir d’achat (offrant même une perspective d’enrichissement). Le Royaume du Boutan a fixé comme objectif à son économie d’apporter le bonheur à la majorité. Il a d’ailleurs inscrit dans sa constitution le Bonheur Intérieur Brut, comme indicateur de remplacement du PIB. Il est vrai que la définition et la quantification du Bonheur ne sont pas aisées. Cependant, l’introduction d’indicateur plus large, comme le proposait la commission « Stiglitz – Fitoussi » sur la mesure de la performance économique et du progrès social, est essentielle dans les économies en crise que nous connaissons. Le ballonnement des dettes et la mise en œuvre de dynamique de bulles spéculatives constituent des sources de crises futures qui se traduiront par la nécessité de faire des choix entre : des plans d’austérité et de rigueur pour rembourser les dettes ou réduire l’endettement en faisant supporter aux créanciers une proportion des conséquences de l’euphorie et de l’exubérance des bulles spéculatives consécutives. Ce choix peut se traduire économiquement par un arbitrage entre les détenteurs d’avoirs (actionnaires, créanciers etc.) et les producteurs (salariés, retraités, consommateurs, etc.). L’indicateur « Bonheur » constitue un équilibre entre ces deux visions qui peuvent sembler opposées a priori. La satiété des détenteurs d’avoirs permet par exemple de définir un niveau maximum de rentabilité. Au-delà de ce niveau, les détenteurs d’avoirs en tant que financiers de l’économie peuvent utiliser un taux usuriers qui se traduit par un mal être des producteurs. Les exemples de l’effet de ce mal être ne manquent pas. Nous pouvons citer pêle-mêle l’accroissement des suicides, l’individualisation de la société et l’éclatement du soutient familiale, l’envolée de la consommation d’anxiolytiques ou de toutes les drogues (illicites ou légales)… Ce mal être est principalement lié à la pression généralisée pour atteindre l’excellence. Les entreprises doivent produire de plus en plus vite, mieux, à moindre coût, dans un objectif d’accroissement du retour sur investissement. L’altruisme, dans les relations humaines, est de plus en plus remplacé par la charité. Cette solidarité-charitable est d’autant plus dans l’air du temps, que les régimes fiscaux l’ont rendu plus prépondérante (déduction fiscale pour ce type de solidarité). La cherche de rentabilité se concentre sur la réduction des coûts. Celle-ci apporterait plus de valeur économique si elle était issue de la créativité et de l’innovation. Elle permettrait de créer un environnement positif et ferait reculer la crainte vis-à-vis du chômage (principal facteur pris en compte pour la réduction des coûts). Nous pouvons à titre d’exemple, comparer la situation de Google ou Apple avec celle d’autres sociétés industrielles. L’épanouissement et la profitabilité de ces deux catégories d’entreprise est sans appel. Lorsque la prochaine crise éclatera, les gouvernements devront renégocier les dettes pour réduire l’effet de levier, cette renégociation passera par un choix clair. Les événements en Tunisie et en Egypte sont certes liés à des soulèvements contre des dictatures. Cependant, n’oublions pas que les premières demandes (avant la demande de départ des dirigeants) ont été liées à des conditions économiques (inflation des denrées alimentaires, chômage etc.). La grogne généralisée actuelle accompagnée d’une incompréhension importante (au sujet notamment des politiques de rigueur menées et les montants importants investis par les Etats pour sauver le système capitaliste en 2008) présence certaines similarités vis-à-vis des sources des soulèvements en Tunisie ou en Egypte. Cette incompréhension est d’autant plus forte, que la justice, l’éducation nationale, la santé nécessite des montants beaucoup plus faibles que ceux utilisés pour relancer l’économie et sauver le système bancaire. Il semble urgent que les hommes et les femmes politiques prennent la mesure des réformes et les mettent en place urgemment en modifiant indicateur et politique économique avant que le « Dégage ou Out » ne suivent le nom de plusieurs dirigeants contemporains. Amitié et fraternité chers lecteurs.
Billet de blog 10 février 2011
Messieurs les dirigents politiques il est temps de réagir pour éviter de joindre votre nom à "Dégage"
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