B.D.L

Abonné·e de Mediapart

57 Billets

0 Édition

Billet de blog 11 février 2011

B.D.L

Abonné·e de Mediapart

N. Sarkozy a un train de retard

B.D.L

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le lendemain de l’émission « Paroles de Français » ressemble à ceux d’une mauvaise cuite. Migraine, nausées, et une résolution « plus jamais ça ».Nous ne reviendrons pas sur l’ennuie que cette émission procure à celui qu’il s’est affligé. Le Président Sarkozy a rappelé toutes les idées et explications qu’il a asséné sur tous les sujets et affaires en cours durant plusieurs années au pouvoir (avant et après qu’il soit le locataire de l’Elysée).Le pathos était au rendez-vous. Cependant, le Président de la République n’a pas présenté sa réelle stratégie pour les années à venir. Il a indiqué qu’il souhaitait réaliser des réformes afin que la « France continue à être comme nous l’aimons ». Aucun des français présents n’a demandé au Président de préciser sa pensée et expliquer plus en détail ce que signifie « continue ».Nous pouvons juste spéculer sur la signification de cette phrase. Le Président souhaite-t-il nous indiquer que la situation économique française est dans une telle mauvaise posture, qu’il est nécessaire de faire des concessions afin de maintenir notre notation financière, de nous éloigner du spectre de la situation économique et financière des pays du Sud de l’Europe.Nous pouvons alors comprendre dans le mot réforme, un mot tabou : « austérité ». M. Sarkozy a indiqué que les magistrats avaient la chance d’être fonctionnaire et de ne pas vivre la même chose que les autres français. Nul ne doit être étonné que notre Président ait toujours choisi la division en stigmatisant les privilèges de certains. Comme le dit le proverbe arabe : « le chameau ne regarde jamais ses bosses, il regarde que les bosses de son voisin ». Il n’a bien entendu pas parlé des privilèges des ministres, des députés et autres castes politiques. Les affaires aériennes récentes constituent un exemple de « bosses » que le Président refuse de regarder et oublie de condamner.Mon indignation ne vient pas de l’attitude du Président ou de la forme que prend sa communication. Cette indignation là augmente depuis la campagne électorale de M. Sarkozy, elle s’est d’ailleurs transformée en mépris.Mon indignation réside dans la malhonnêteté intellectuelle du Président et de son entourage. L’équipe dirigeante considère qu’il n’existe qu’une seule manière de résoudre nos problèmes économiques : se plier à la loi du marché et à ses règles du jeu.Le Président a donné le coût d’envoi de l’austérité (réduction des budgets, augmentation des impôts, réduction des avantages sociaux etc.) sans prendre le temps d’expliquer le programme des réjouissances auxquelles les français devraient s’attendre. Il a décidé l’inscription de l’équilibre budgétaire dans la constitution pour une mise en œuvre dès 2013 afin de justifier des actions coups de poing rapides pour la réduction du train de vie de l’Etat. Le Président a sonné la mort de l’Etat providence dans la même vaine qu’un certain R. Reagan ou M. Thatcher.Pendant ce temps, un autre pays, libéral, décide de tenir dur comme fer face aux pressions des marchés financiers, décide d’investir dans l’avenir, réforme le régime de santé. Le Président de ce pays est à l’écoute des mouvements de grogne généralisé. Il comprend que l’avenir des économies occidentales est dans l’économie du savoir, l’économie verte et dans le basculement des privilèges donnés aux secteurs non productifs vers les secteurs innovants. Ce président s’appelle B. Obama. Il a donné un programme de politique économique a l’opposé de celui du Président de la République.Le Président Sarkozy a le bon diagnostic économique : la France a des comptes publics dégradés, fait face à une concurrence très forte de la part des pays émergents, connait un ralentissement important de sa capacité de créer les moteurs de croissance du futur. Malheureusement, il répond à ces enjeux en utilisant une boîte à outils vieille de 30 ans et qui n’a pas donné de résultats dans plusieurs pays.A titre d’exemple, l’Espagne et le Portugal ont été les premiers à appliquer la solution du tout privé. Cette action a certes permis une croissance importante durant une petite décennie tout en gonflant une bulle spéculative immobilière qui nécessitera des années avant d’être absorbée. Le Brésil n’a pu trouver son salut que grâce au Président Lula, qui a combiné l’économie de marché avec un investissement fort dans l’éradication de la pauvreté.Quelque soit la réduction budgétaire décidé par la France le pays ne pourra se redresser qu’en investissant dans ses citoyens. Même si la France détruisait toutes les protections sociales (santé, retraite, chômage etc.), privatisait tous les secteurs vitaux (hôpitaux, infrastructures ferroviaires et énergétiques etc.), libéralisait totalement le code du travail (abandon des 35 heures, aucune protection des salariés et pourquoi pas plus de congés payés), le pays ne pourra jamais atteindre les niveaux de coûts de production de la Chine ou des pays asiatiques. Ces coûts de production sont obtenus parce qu’il s’agit de pays géré de main de fer (pour ne pas dire qu’ils sont gérés par des dictatures).Malheureusement le débat sur l’avenir de la France n’a pas été jugé suffisamment important par les « représentants » des français lors de cette émission. Tout le monde a préféré voir une pièce de théâtre qui accumule bon sentiment (pathos vis-à-vis des faits divers) et fouet (sécurité). Je crains que l’on ait oublié que l’insécurité est la sœur jumelle de la peur. La peur est liée au mal être qui ne peut être réduit qu’en offrant la perspective d’un monde meilleur.Je ne m’indigne pas, je suis juste dégouté qu’une émission comme celle d’hier puisse exister. Je suis dégouté parce que cette émission ressemble à s’y méprendre aux déclarations anciennes de certains dirigeants arabes, lorsque les peuples arabes demandent à ces dirigeants de partir.Indignons-nous et demandons au Président de nous prendre au sérieux ou qu’il D…Amitié et fraternité chers lecteurs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.