Dominique Strauss Kahn était un homme à abattre voilà chose faite. Les personnes intéressées par le discrédit du patron du FMI ne manquent pas. Globalement, DSK a été un homme du changement au sein du FMI. Il a été le moteur de la modification de la gouvernance de l’institution financière dès son arrivée, en donnant plus de pouvoir aux pays émergents à la défaveur des pays industrialisés.Lorsque la crise financière a éclaté, le FMI s’est octroyé plus de pouvoir, grâce notamment aux différents G-20 qui ont fait de cette institution financière le prétendant à une super régulation (ou régulation transfrontalière).Le poids de l’institution est devenu de plus en plus important puisque la fragilisation de la solvabilité des Etats, généralement le monopole des pays pauvres, a commencé à toucher des pays « riches ». Le FMI aide actuellement certains pays européens comme la Grèce, le Portugal. Les perspectives d’un support du FMI à des plus grands pays deviennent de plus en plus crédibles lorsque l’on analyse les difficultés que connaissent aujourd’hui les Etats-Unis avec l’arrivée de leurs endettements au seuil maximal (en cours de discussion au congrès pour un relèvement).La disparition des écrans radars d’un homme qui manie aussi bien la politique, que l’économie ou la diplomatie est une aubaine pour les marchés financiers qui retrouvent des marges de manœuvre face à une institution fragilisée par des affaires.Les bénéfices pour les femmes et hommes politiques français ne doivent pas être occultés. En effet, DSK était donné gagnant, avant même que celui-ci ne se présente officiellement à la candidature des primaires socialistes. Cet homme apprécié par toutes celles et ceux qui ont travaillé à ses cotés aussi bien au sein de Bercy, lorsqu’il était Ministre des Finances, ou au FMI était un candidat crédible et légitime au plus haut poste de la République.Dominique Strauss Kahn a certes des zones sombres. Mais quel homme politique pourrait affronter les concitoyens en affirmant n’avoir aucune zone d’ombres ?Nous assistons dans cette affaire, où beaucoup d’informations sont discordantes, à un assassinat médiatique. Le jugement de la culpabilité de DSK est devenu secondaire. Le plus important est de décréter que DSK est pervers et incapable de gérer convenablement une institution mondiale ou un pays, selon certains hommes politiques. Quelque soit la conclusion de l’accusation contre M. Strauss Kahn d’agression sexuelle, le mal est fait. L’homme est sali. Sa candidature à la Présidence de la République et son poste au FMI sont une ancienne histoire pour le bénéfice de beaucoup.Mais si nous imaginons un seul instant que M. Strauss Kahn est innocent et que cette affaire n’est qu’un coup monté il faudra rétablir l’honneur de l’homme et sa légitimité. Nous devons nous souvenir qu’en 1894, nous avons condamné un innocent. Nous avons dû attendre 10 ans et un article de Zola pour rétablir l’honneur de celui-ci. Nous ne devons pas attendre aussi longtemps si des preuves accréditent la thèse du complot.Remémorons-nous notre histoire et évitons d’accuser avant d’avoir des fondements réels. Il n’y a pas de présomption d’innocence il n’en existe que des preuves.
Billet de blog 16 mai 2011
Pervers ou Dreyfus... N'oublions pas notre histoire
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