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Billet de blog 19 janvier 2011

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Indignons-nous contre l'abaissement de la notation de la Tunisie!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Moody’s a abaissé aujourd’hui la notation financière de la Tunisie de Baa2 à Baa3. Cet abaissement de note est justifié par « le changement de régime et l’instabilité politique qui pourrait en découler ».Si on comprend bien la décision de l’agence de notation, la présence d’un dictateur au pouvoir présente une stabilité politique et une garantie plus importante pour les investisseurs que la prise en main par un peuple de sa destinée en cherchant à améliorer ses conditions d’abord politique et ensuite économique.Si on fait confiance à Moody’s il est préférable que l’économie d’un pays soit accaparée par un groupe de personne [la famille de l’ancien président]. L’agence est donc contre l’économie ouverte où le droit d’entreprendre dépend d’abord de la capacité d’innover et de travailler et non du patronyme ou des liens avec un pouvoir établi.Pour l’agence de notation, l’investisseur dans la dette du pays [qui contribue ainsi à l’investissement et au développement d’un pays en contrepartie de la fructification de ses avoirs] a plus de sécurité sous un régime policier et dictatorial que dans un monde démocratique.Cependant, je pense que ce serait faire trop d’honneur à Moody’s et aux autres agences de notation que de nous indigner de cette action. Méprisons-les ! Nous pouvons juste leur rappeler qu’elles ont été virulentes vis-à-vis du Brésil lors de l’accession du Président Lula au pouvoir en 2003. Nous pouvons aussi leur rappeler que la plus part des produits dit toxiques (titrisation) avait une notation AAA [meilleure notation financière] et présentaient semble-t-il aucun risque relativement à l’investissement dans la dette de certains pays ou de certaines entreprises.Nous pouvons aussi rappeler que ces agences de notation n’ont anticipé ni la crise Argentine ni la crise Russe. Elles félicitent aujourd’hui l’exceptionnelle croissance des BRIC [Brésil, Russie, Inde, et Chine] lorsqu’une dizaine d’années plus tôt ces pays étaient considérés comme dangereux et présentaient des risques importants pour les investisseurs.Il est important et urgent de réformer les agences de notation, d’abord en créant une plus forte concurrence entre elles, ensuite en introduisant des bémols dans les commentaires que leurs analyses diffusent. Les marchés financiers prennent pour argent comptant l’analyse de ces agences de notation lorsque celles-ci ne tiennent pas compte de plusieurs paramètres (comme la stabilité sociale, l’expression des libertés etc.).Leur analyse se base sur une vue de l’esprit qui peut être dirigée par une forme de subjectivité (consciente ou inconsciente). Leur approche de notation repose sur une vision « néo-libérale » où la privatisation est reine, et ou le libéralisme est roi !Il est nécessaire de limiter la diffusion de ces analyses aux clients de ces agences, comme c’est le cas aujourd’hui pour les analystes financiers qui se prononcent sur le conseil d’achat ou de vente des actions cotées en bourse. La prépondérance de ce type d’analyste n’est pas acceptable puisque la démocratie n’accepte pas de leader éclairé. Les agences de notation et la prépondérance que nous avons accepté de leur donner constituent des nouveaux leaders éclairés… nous devons nous indignez de cette dictature de pensée et reprendre nos droits bafoués.Il est donc nécessaire et urgemment que les régulateurs [Bâle II pour les banques et Solvency II pour les compagnies d’assurance] arrêtent l’utilisation des notations de ces agences pour évaluer les risques et réguler les institutions financières. Demandons à ces régulateurs d’exiger que chacun crée sa propre grille d’analyse et l’applique puisqu’il en va du respect de la démocratie et du respect de la théorie de la finance moderne.En effet, la théorie financière suppose que tous les acteurs ont la même information, et que des différences d’opinion naissent les équilibres d’offre et de demande. L’existence d’un leader éclairé (comme les agences de notation avec autant de pouvoir) est une honte pour l’intelligence des investisseurs et leurs capacités à se faire une opinion par eux-mêmes ; c’est aussi une honte vis-à-vis de la finance.Amitié et Fraternité chers lecteurs.

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