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Billet de blog 21 mars 2011

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Pour un nouveau modèle d'anticipation des risques

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Les événements récents nous conduisent à nous interroger sur la manière avec laquelle nous percevons le risque et que nous les gérons. La crise financière, les crises politiques et les événements au Japon nous ont prouvé, pour ceux qui en doutaient encore, que les phénomènes les plus rares peuvent se produire et générer des conséquences importantes aussi bien sur le plan humain que sur le plan économique. Il semble dorénavant nécessaire d'envisager de nouveaux systèmes pour analyser, quantifier et gérer les risques qui nous entourent. L'approche actuelle considère tout risque à faible probabilité d'occurrence, comme impossible. Ce paradigme se refuse d'analyser les conséquences financières ou d'envisager des modus operandi pour gérer ces événements en anticipant le déroulement de ceux-ci. Une analyse prospective des scénarios catastrophes de faibles probabilités d'occurrence permettrait aux dirigeants (politiques, économiques, etc.) d'anticiper la dégradation d'une situation qui se muerait en une réaction en chaîne notamment pour arrêter l'enchainement des conséquences négatives ou à minima d’en réduire les effets à plus ou moins long terme. Pour changer de paradigme de la gestion des risques, il semble nécessaire que nous acceptions le constat que les événements, quelques soient leurs probabilités d’occurrence peuvent se réaliser et peuvent générer des conséquences importantes au-delà de notre imagination puisqu'un événement peut en déclencher d'autres dont la probabilité est encore plus faible (nous pouvons par exemple cité en exemple la probabilité de la faillite d'une banque qui se traduit par un risque systémique sur le système financier compte tenu de l'interconnexion des opération entre cette banque et d'autres institutions financières). Le défaut d’un état comme la Grèce doit être évalué à l’aune des conséquences sur les institutions financières mondiales, sur l’économie eurolandaise et l’économie mondiale.La dette Grecque est certes inférieure à 300md€. Mais celle-ci est détenue par plusieurs institutions financières qui se trouveraient fragilisées par une décote de la dette. Cette vulnérabilité est décuplée par l’effet de levier créé par les systèmes de régulation et la définition de l’exigence de capital. Une perte de 1€ de fonds propres pour une banque se traduit par une réduction de la capacité de participation à l'économie de l’ordre de 12 à 20€ (selon la manière avec laquelle le levier est défini et la solvabilité de l’institution a été constituée). L’impact économique de ce scénario peut être encore plus élevé si nous prenons en considération la fragilisation la mue d’un élément du système en conséquences de second ordre sur des institutions qui peuvent ne pas être directement liée à prime abord. Les implications négatives sont encore plus importantes lorsque l'on tient compte de l'effet des plans de rigueurs, qui exigent, par exemple, la réduction des salaires des fonctionnaires ou les prestations versées aux retraités. Cette réduction des prestations sociales de traduirait par une moindre consommation et la contagion de la crise à d'autres pays. Nous assistons, lors des événements japonais, a un enchainement du même type. L'anticipation des événements qui pouvaient se produire dans les différents réacteurs à la suite des problèmes rencontrés dans le réacteur n°1 de la centrale Fukushima aurait peut être permis une intervention plus rapide afin de limiter les conséquences ou de décider la mise en place de solutions drastiques afin d’éviter la contamination alimentaire par la radioactivité etc. Ces deux exemples qui peuvent être déclinées à d'autres événements nous enseignent que l'anticipation des conséquences indirectes permet de déterminer le modus operandi de la gestion des crises. L'utilisation, à profusion, d'hypothèses statistiques simplificatrices (telles que le fait que des variables complexes suivent des lois de Gauss) devrait aussi être remise en question. Il existe des modèles mathématiques qui permettent de déterminer la probabilité des événements aux comportements aléatoires et qui évaluent plus efficacement les risques à fort impact et à faible probabilité d'occurrence. Des modèles comme Pareto-Lévy, à titre d’exemple, considèrent que les scénarios extrêmes ont une probabilité d'occurrence plus importante que celle évaluée par les modèles de Gauss. L'utilisation de modèles simples se justifiait auparavant par la difficulté de réaliser des calculs statistiques complexes (le principal avantage du modèle de Gauss réside dans la rapidité et la facilite du calcul des probabilités). Cet avantage est moins structurant aujourd'hui avec le fort développement de l'informatique et des outils de calcul. Les nouvelles technologies nous offrent l'opportunité de réaliser des milliers de calculs complexes dans un laps de temps réduit. La nouvelle donne technologique devrait, des lors, être mise à contribution pour mettre en cohérence les modèles explicatifs avec la réalité et la complexité des composantes du monde qui nous entoure (globalisation, interconnexion des économies et contagion des risques entre agents économiques). Par ailleurs, l'utilisation de scénarios de stress permet de mettre en évidence les vulnérabilités de nos systèmes économiques, industriels et politiques. Ces scénarios nous permettraient alors de mieux définir le risque, puisque lorsque celui-ci intervient, il est correctement anticipé et ses conséquences sont correctement évaluées. Mais la remise en question du paradigme actuel et l'évolution du mode d'appréhension des risques s'accompagne d'une revue en profondeur des modèles d'affaires, des procédés industriels et des stratégies économies. Des procédés industriels dont les conséquences, dans des scénarios catastrophes, hypothèqueraient plusieurs générations devraient être davantage contrôlés avec la mise en place de contrepouvoirs importants et l'utilisation d'indicateurs avant coureur qui des lors qu'ils s'enclencheraient, ils se traduiraient par l'arrêt ou le démantèlement du procède industriel quel qu'en soit le cout économique ou financier si les conséquences sont incontrôlables. La définition des indicateurs avant coureur constitue elle aussi un élément clé dans la gestion du risque qui viendrait remplacer le paradigme actuel. Ces indicateurs nécessitent un système d'évaluation et d'anticipation fortement ancré dans la mise en œuvre pratique des modèles d'affaire ou industriels.C'est au prix d'une réinvention complète de notre anticipation des risques que nous pourrons dans les années à venir construire un système économique, politique et monétaire cohérent avec les enjeux de la mondialisation et de la croissance démographique. Ce nouveau modèle nous permettrait de poursuivre la croissance sans mettre en péril les générations futures.

Amitié et fraternité chers lecteurs

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