Lesélections récentes ont porté des partis conservateurs ou d’extrême droitemalgré la situation économique actuelle. Il s’agit là d’un paradoxe. Lesélecteurs préfèrent élire des partis de droite lorsque le bon sens appelleraitau pouvoir des gouvernants qui privilégieraient l’Etat providence et la mise enplace de solidarités.
Ceparadoxe pourrait s’expliquer par la crainte des populations vis à vis d’unedégradation plus forte de leur situation individuelle. Nous pouvons esquisserdeux réponses à cette préférence électorale.
Lapremière consiste dans le renfermement sur soi. Les électeurs choisissentd’abord des politiciens qui pourraient leur assurer une améliorationindividuelle de leurs conditions de vie – réduction du budget de l’Etat au lieud’augmenter les impôts pour rétablir les finances publiques fragilisées par lacrise et par le sauvetage du système bancaire et financier -.
Laseconde recherche une plus forte solidarité en privilégiant les politiques quiapporteront des réponses nouvelles aux défis économiques, sociaux etenvironnementaux à travers l’aide des plus défavorisés.
Lesélecteurs en Grande Bretagne et aux Etats-Unis ont privilégié la premièreoption. Qu’en sera-t-il pour les citoyens français lorsqu’ils seront appelés àse prononcer sur le nom du nouveau président de la république dans 1 an etdemi ?
Lessondages récents donnent la Droite perdante avec un accroissement des voix quichoisiraient l’extrême droite au premier tour. Il est évident que ces sondagesà une telle distance temporelle de l’échéance électorale ne sont pas de bonsindicateurs du nom du gagnant de cette élection (surtout que la gauche n’a pasencore élu son candidat et que celui-ci n’est donc pas encore rentré encampagne). Cependant, il est intéressant de s’attarder sur la signification deces chiffres par rapport à la perception des français sur la situationéconomique et le message qu’il adresse aux politiciens en termes de désir dechangement.
Lespoliticiens devront proposer un nouveau deal aux français. Un nouveau mode defonctionnement qui permette de rétablir la position de la France sur le planéconomique, de préserver le modèle social, et de créer les conditions d’uneamélioration des finances publiques.
Lesprincipaux commentateurs économiques militent pour l’adoption du modèle anglo-saxon.Ce modèle nous est présenté comme la solution à tous nos problèmes, comme unidéal à atteindre puisqu’ils ont fait leurs preuves. La réalité est loin d’êtreaussi évidente.
Leséconomies américaines et anglaises ont connu une forte croissance durant lesannées 90. Cette croissance a d’abord été portée par la financiarisation deleurs économies. Les marchés financiers sont devenus dès la fin des années 80un moteur de l’économie au lieu d’en être le thermomètre. En effet, la haussedes marchés financiers permettaient de réduire les coûts de financement et lescoûts sociaux (les cotisations de retraite des sociétés anglo-saxonnes sontinversement liées à la performance des actifs détenus dans les fonds depension) et par conséquent auto-justifie la hausse. Mais lorsque lescorrections de marché se mettent en œuvre, les coûts explosent et le chômageaugmente. Ces modèles ont réussi à se maintenir parce qu’à chaque fois l’Etat(à travers les banques centrales) ont poussé un peu plus loin le modèle debulles spéculatives. En 2000, la baisse des taux a reporté la spéculation surle marché immobilier. Le sauvetage des banques en 2008 reporte la bulle sur lesmatières premières… mais à chaque fois, le bilan des banques centrales augmenteet la vulnérabilité de leurs solvabilités s’accentue. Cette dégradation se voità travers les taux d’endettement des Etats qui augmente fortement et qui poseproblème aujourd’hui.
Lemodèle anglo-saxon, pris sur une longue période, montre que la destruction devaleur, lors des phases dépressives, est à la hauteur (voir dépasse) de lacroissance générée par les bulles spéculatives.
Nousdevons éviter de toutes nos forces de mener notre économie dans cettedirection. Nous devons nous indigner contre le modèle proposé puisqu’il n’a pasapporté les réponses adéquates en dehors de l’enrichissement de certainsinitiés ou privilégiés.
Nousdevons proposer des solutions nouvelles alliant rentabilité à responsabilité.Ces solutions passeraient, par exemple, par la mise en œuvre de la limitation dela rentabilité. La fiscalité des entreprises serait alors progressive enfonction de la rentabilité des actionnaires. Une société à faible rentabilitéserait moins taxée qu’une entreprise réalisant des retours sur investissementde plus de 20%. Cette fiscalité devrait privilégier la rétribution des salariéset la qualité du climat social par rapport aux entreprises qui pressurisentleurs employés (et qui contribuent aussi à augmenter le déficit de la sécuritésociale à travers les arrêts maladies et autres soins contre le stress).
Lessubventions versées aux entreprises devront être contrôlées pour vérifier quecelles-ci soient équitablement répartis entre les agents économiques et non pasaccaparés par les seuls actionnaires ou dirigeants.
L’Etatdevra reprendre sa position d’agent économique en dernier ressort en tantque preneur de risque, de financeur et d’investisseur à long terme. Il devraaussi rétablir sa position en tant que régulateur fort définissant des règlessuffisamment contraignantes pour éviter de faire supporter à la communauté lesfautes d’une minorité.
Lescommentateurs diront que ce programme est irréaliste puisqu’il doit être faitau niveau mondial. Je crois au contraire que si chaque pays prenait la décisionde rétablir la démocratie (donner le pouvoir au peuple), toutes les économiesconvergeraient vers des régulations plus équitables. Nous devons nous indignercontre les lobbys qui ne cherchent qu’à privilégier des intérêts particuliersau détriment de l’intérêt général.
Ilme semble que si les politiciens reportent ces réformes ils devront accepter deperdre face à l’extrémisme. Espérons que nos politiciens seront plusintelligents et apporterons les réponses adéquates sans reproduire leserreurs des autres !
Amitiéet fraternité chers lecteurs.