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Billet de blog 23 février 2011

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La théorie du papillon : agissons maintenant avant que les révoltes actuelles se traduisent par un chaos total!

 Chacun d'entre nous connait cette célèbre question « Est-ce que les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peut être à l'origine d'une Tornade au Texas ? ». Cette interrogation introduit la théorie mathématique du chaos.

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Chacun d'entre nous connait cette célèbre question « Est-ce que les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peut être à l'origine d'une Tornade au Texas ? ». Cette interrogation introduit la théorie mathématique du chaos. Il a été démontré depuis quelques années, à travers cette théorie, quedes phénomènes, a priori, anodins ou déconnectés peuvent avoir des conséquencesimportantes.

Nousassistons aujourd'hui à la mise en œuvre de ce type de comportement. Lasituation politique dans les pays arabes (corruption, dictature, inégalitéetc.) n'est pas nouvelle. La fragilité de l'économie mondiale n'est pas nonplus une découverte récente. Tous les politologues, économistes et analystesfinanciers savent précisément l'instabilité des systèmes économiques etpolitiques en place, les inégalités qu'ils créent et les frustrations vécuespar les citoyens et citoyennes du monde.

Lesmarchés financiers savent que la croissance en Chine est associée à un systèmepolitique répressif. Ils savaient tout aussi bien que les produits à fort effetde levier (tels que les prêts subprimes) ont un risque important de sousperformance ou de pertes. Mais la vision « simplificatrice » du mondea permis à ces opérateurs aussi bien politiques qu'économiques de profiter dusystème. Charles Prince, ancien PDG de Citigroup, disait au sujet des subprimes« tant que la musique jouait nous dansions ». L'objectif desdirigeants n'était pas d'éviter les déséquilibres, mais de générer le plus decroissance, plus de rentabilité etc. quelque soit les moyens employés.

Nousconnaissons la suite des événements quand il s'agit de Citigroup et desprincipales banques américaines. Cette histoire n'est d'ailleurs pas totalementterminée puisque les problèmes ont été reportés dans le temps, grâce à l'aidedes banques centrales et des Etats.

Cette aide, sans contrepartie, s'esttraduite par une contagion des Etats puisqu'ils sont devenus eux-mêmesdétenteurs d'actifs financiers à risque. L'exemple Icelandais est trèsinstructif. Le sauvetage des banques Icelandaises s'est traduit par undoublement du taux d'endettement de l'Etat et par des programmes d'austéritépour renflouer les caisses de l'Etat et éviter la faillite.

Tellela dictature, dans certains pays qui se sont soulevés ou qui se soulèvent, lesmarchés financiers ont créé une forme d'inégalité entre les initiés, quiprofitent lorsque la prise des risques est bénéfique, et qui se retranchentderrière la majorité (le contribuable) lorsque les paris sont perdants.

Lacrise boursière (ou les crises boursières consécutives) et les révoltesactuelles pourraient ont des points communs tel que le soulèvement contre unordre établi, celui de la prédominance des minorités contre les majorités,celui de la prédominance des valeurs de rentabilité contre celles de l'humanisme.

Siles deux phénomènes, crises boursières et crises politiques peuvent paraître, apriori éloignés, il existe une connexion forte par le biais des matièrespremières. L'évolution du prix des matières premières est déterminée parl'équilibre de l'offre et de la demande. Lorsque l'offre est accaparée par uneminorité dont les seuls objectifs résident dans l'enrichissement personnel,l'offre connait une variabilité beaucoup plus forte. Dans les années fastes,les minorités mâtent leurs populations et les font travailler à des conditionssalariales très faibles, et offrent des produits et services à des prix bas. Inversement, les révoltesconstituent un risque de pénurie de l'offre (ce qui se traduit par l'envoléedes prix).

Symétriquement,la cherté des denrées de premières nécessités (matières premières agricoles,par exemple) souffle sur le brasier de la révolte et attise les haines. Nousconstatons par exemple que les sujets de xénophobies sont de plus en plusd'actualité. Les mouvements extrémistes (dans les pays occidentaux) prennent deplus de pouvoir, si ce n'est plus de poids dans le débat public (intension devotre FN, les « Teas-parties » aux Etats-Unis, les scoresimpressionnants des partis extrémistes au Pays-Bas, le régionalisme Belge quicrée une crise politique sans précédent etc.).

Lamort de Mohamed Bouazizi, en Tunisie, s'est traduite par le départ de Ben Ali (après24 ans au pouvoir), le départ de Hosni Moubarak (après 30 ans au pouvoir) et lasécession de certaines régions en Libye en attendant le départ de Kadhafi. Elles'est aussi traduite par des mouvements au Yemen, Bahraien, Algérie, Marocn'ont pas encore pris autant d'ampleur que les trois pays précédents, mais ilest fort à parier que la Tornade enfle jour après jour.

D'autrespays arabes pourraient suivre. La Chine n'est pas à l'abri de mouvementsdemandant des droits de l'homme. Même les pays occidentaux ne sont pas non plusexemptes de risque de révolte et de soulèvement.

Lesmanifestations contre les plans de rigueur en Grèce ne doivent pas être sousestimées puisqu'elles représentent une forme de révolte qui pourrait setraduire, si la situation économique et sociale venait à se détériorer encoreplus (ce qui nécessiterait une rigueur plus forte), par des actions plusimportantes demandant le changement des gouvernants.

Lestravaux de recherche de Benoît Mandelbrot (qui nous a quitté le 14 octobre2010) sur la théorie du chaos et les mathématiques fractales ont permis demettre l'accent sur le besoin de prendre en considération ce type de théoriedans la gestion économique et financière.

L'applicationde ces travaux, dans l'économie, se traduirait par une régulation des marchésfinanciers et de l'économie plus importante, des exigences réglementairesaccrues vis-à-vis des institutions financières (banques et compagniesd'assurance). Cela se traduirait par moins de crédit, moins de consommation etmoins de croissance. En contrepartie, les risques de chaos financier etéconomique seraient maitrisés.

Demanière équivalente, politiquement, l'anticipation de la théorie du chaosdevrait pousser vers une modification en profondeur des valeurs, la mise enœuvre de démocratie réelle, de donner des libertés et d'équilibrer lesinégalités aussi bien sociales qu'économiques.

Noussommes face à des deux voies, si cette théorie était en œuvre : la créationd'un nouveau système (stable) ou l'entrée dans un chaos plus important (augmentationde l'instabilité).

Lapremière voie permettrait alors de créer une nouvelle société qui trouve lejuste équilibre entre liberté, croissance et respect des contraintes(écologiques, sociales etc.). La seconde nous emporterait vers la barbariemoyenâgeuse.

Sinous sommes tous choqués par le discours de M. Kadhafi, prononcé hier, ilest urgent de prendre les mesures nécessaires pour aider les peuples à selibérer et pour instaurer une nouvelle conférence internationale qui seprononcera sur les droits de l'homme, la liberté, l'égalité et la fraternité. Cetteconférence pourrait se prononcer sur tous les déséquilibres aussi bienéconomiques, financiers que politiques. Elle devra inclure tous les pays,toutes les organisations non gouvernementales et toutes les personnes de bonnevolonté. Elle ne devra pas se limiter aux pays membres du G-20 qui ont montréque leur action n'a pas été d'une très grande efficacité.

Amitiéet fraternité chers lecteurs.

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