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Billet de blog 25 janvier 2011

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Réformons la mondialisation !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le recul des acquis sociaux, et l’accroissement des écarts de revenue n’est pas une fatalité de la mondialisation. D’importantes fortunes américaines telles que Warren Buffet (2ème fortune mondiale) appellent à alourdir la fiscalité sur la transmission du patrimoine en contre partie de la libéralisation de l’énergie d’entreprendre. D’autres patrimoines élevés appellent à une plus grande solidarité vis-à-vis des chômeurs et des pauvres.Ces évolutions montrent une certaine déconnection par rapport à la pensée économique française qui s’est développée avec les déclinlogues. Cette pensée cherche les remèdes de la faible croissance française dans les modèles reaganiens et thatchériens. Elle préconise de :- Flexibiliser au maximum le marché de l’emploi (à travers la refonte du code du travail et de la réduction des sécurités données aux salariés) ;- Réduire des prestations sociales pour réduire le déficit de la sécurité sociale et par conséquent les charges sociales devant être prélevés sur les charges patronales ;- Flexibiliser les heures travaillés pour permettre aux entreprises d’ajuster au maximum le temps travaillé à la demande compte tenu du volet d’activité ;- Réduire la place de l’Etat dans l’économie pour créer de nouveaux débouchés et surtout réduire le nombre de fonctionnaires, ce qui permettrait, par conséquent, de réduire le déficit budgétaire et la dette publique et de là même les impôts.Cependant, force est de constater que les prestations sociales sont nécessaires pour créer un lien de fidélisation entre le salarié et son entreprise, quelque soit le modèle économique.Une flexibilité totale du marché de l’emploi, joue en défaveur des entreprises, puisque dès que la croissance est soutenue, les salariés cherchent, eux aussi, à optimiser leurs ressources et par conséquent ils sont prêts à quitter une entreprise moins rémunératrice pour une autre dès lors qu’aucune barrière à l’entrée n’est mise en place (ex : assurance santé, fonds de retraite etc.). Nous constatons à ce titre une forte dynamique de rotation des effectifs d’ingénieurs et programmeurs en Californie, attirés par les stocks-options ou les rémunérations variables.Cet équilibre entre l’offre et la demande en main d’œuvre devient fortement inflationniste lors des phases de croissance. Une demande forte de main d’œuvre se traduit par l’envolé des salaires. Cet effet inflationniste risquerait même de s’inscrire dans la durée puisque l’arrivée en retraite des baby-boomers créera une demande forte de main d’œuvre pour remplacer les générations des travailleurs Seniors. La faiblesse de la natalité devrait constituer un facteur inflationniste supplémentaire à long-terme. Cette inflation détruit l’épargne qui sert de financement des retraites (dans un modèle privé) et renchérit le financement des entreprises.Dans des phases dépressives (de faibles croissances), le nombre de consommateur se réduit et crée une situation où la demande interne se tari rapidement. Dans ce cas, il serait nécessaire que l’économie ait développé des biens et services qui peuvent être exportés dans des pays où la consommation ne serait pas touchée par la crise. Mais force est de constater que les théories de découplage n’ont pas fait leurs preuves. Nous avons noté que lors de la crise financière, la crise économique a été mondiale, seuls quelques pays ont réussi à maintenir leur croissance. La « privatisation » de la protection sociale à travers des fonds de pension (ou des fonds de santé) n’est pas une solution non plus. Ces fonds nécessitent des prélèvements sociaux moins importants lorsque les marchés financiers sont porteurs, la situation s’inverse lors des crises boursières. Les charges « sociales » deviennent de plus en plus importantes lorsque la croissance se réduit et que les entreprises sont vulnérables.La réduction de la place de l’Etat constitue aussi un poids que subissent aujourd’hui les modèles anglo-saxons. Le recul de l’Etat s’est traduit par la mise en place d’une autogestion / autorégulation. Nous avons expérimenté lors de la dernière crise financière les conséquences de l’autorégulation. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne connaissent une détérioration forte de leurs infrastructures qui n’ont pas connu d’investissement depuis plusieurs années. Les usagers se trouvent pris au piège d’un service cher et inefficace.Des études menées par Wilkinson et Pickett sur la corrélation entre les inégalités dans une économie et la criminalité, l’éducation, la longévité, la discrimination vis-à-vis des femmes ou l’innovation [pour ne citer que ces facteurs], ont montré que les pays pour lesquels le taux d’inégalité était faible avait des niveaux de vie meilleurs, vivaient plus longtemps et créait une forte innovation.Ces études sont critiquées parce qu’elles ne tiennent pas compte d’autres phénomènes des sociétés étudiées, comme l’éducation, l’hygiène alimentaire ou de vie. Nous pouvons cependant considérer qu’il y a une relation importante entre égalité et bien être. Il est cependant difficile de se prononcer sur le fait que l’égalité crée les conditions de bien être ou l’égalité est la conséquence du bien être ressenti.Dans un contexte économique, où le chômage explose et les paies de certaines catégories professionnelles (footballers, stars de cinéma, financiers…) atteignent des sommets, cette étude permet de justifier le malaise ressenti par les citoyens et qui peut être démontré à travers la hausse de l’alcoolisme, l’utilisation de drogues, voir l’extrémisme sous toutes ses formes (religieux, politique etc.).A ce malaise sociétal, s’ajoute la suspicion vis-à-vis des gouvernements. Cette suspicion de contagion des intérêts entre l’élite et les gouvernants a été analysée dans l’étude de Amy Hillman [Université d’Arizona] qui met en lumière la corrélation entre la présence d’ancien fonctionnaires américain au sein des entreprises régulés (télécom, banques etc.).Les plans de sauvetage ou de relance de l’économie mis en œuvre par les états et banques centrales constituent un financement déguisé apporté aux institutions financières. Celles-ci empruntent à des taux quasi-nuls pour investir dans des obligations d’Etat à des taux élevés. Ce mécanisme, qui a pour rôle premier de permettre aux banques de reconstruire des profits et de rétablir leurs solvabilités, risquerait d’être utilisé par les idées extrêmes comme une forme de contagion des intérêts qui ne profite qu’aux initiés qui s’octroient des bonus importants [d’ailleurs, selon une étude de Efinancial Carreers, les bonus de 2010 seront plus élevés que ceux de l’année dernière pour 56% des opérateurs financiers].Nous pouvons comprendre que ce malaise se traduise en France par l’accueil très important réservé au livre de Stéphane HESSEL « Indignons-nous ! » et dans les pays [comme la Grèce] pour lesquels des plans d’austérité sont en cours par des soulèvements.Il est nécessaire dès lors que les gouvernements proposent des alternatives dans lesquels la mondialisation n’est plus diabolisée, subie ou considérée comme le paravent à des réformes impopulaires (comme fut le cas pour l’Europe).La mondialisation peut être une chance mais pour cela elle devra étendre ses inspirations vers des objectifs tels que le coefficient d’inégalité au coté de la croissance. Elle devra aussi être expliquée. Les gouvernements devront aussi faire preuve de pédagogie pour démontrer que cette mondialisation a pour objectif l’intérêt général et non l’intérêt de certaines catégories. Ces actions sont urgentes surtout que le populisme et l’extrémisme gagne du terrain et risquerait de se traduire par un repli sur soiAmitié et fraternité chers lecteurs.

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