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Billet de blog 26 mai 2011

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Une campagne nauséabonde

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Une campagne nauséabondeLe secrétaire général de l’UMP souhaite ré-ouvrir un énième débat sur l’immigration. A écouter les différents femmes et hommes politiques de la majorité présidentielle, il semblerait que l’immigration soit la solution de tous les problèmes auxquels font face les français.En exterminant l’immigration, nous améliorerons la situation financière du pays, partant du principe que les allocataires sociaux, ces cancers des comptes publics, sont en règle général des fainéants immigrés qui ne souhaitent que profiter de la valeur ajoutée gagnée à la force du poing par la France qui se lève tôt.En réduisant le flux migratoires, il semblerait, selon ces nouveaux économistes, que nous réussirons à réduire l’échec scolaire, baisser la délinquance, réduire le trafic de stupéfiant, et nous réussirions aussi à se hisser à la tête des meilleurs équipes de football.Ces déclarations, à l’emporte pièce, sont rarement argumentées ou justifiées par des statistiques. Il semblerait surtout que sur bien des sujets, les raisonnements sont fallacieux. La définition même de l’immigration est devenue floue. Nous considérons, communément comme étrangers, un spectre plus étendu que celui constitué par celles et ceux qui ne disposent pas de la nationalité française et qui sont installés en France. Ce groupe est élargi à tous ceux qui sont français mais dont les origines sont différentes.Au-delà de la communication politique qui cherche à capturer les voix qui se portent sur le Front National, nous pouvons analyser ces déclarations comme une tendance collective à augmenter les peurs.Si la majorité présidentielle souffle sur les braises de la peur, les partis d’opposition répondent par un feu croisé dans l’antichambre des primaires. Les remarques assassines fusent entre différentes tendances et sous tendances des partis d’opposition. Elles fragilisent autant qu’elles détruisent. Elles donnent des arguments à l’adversaire, qu’il ne se privera pas d’utiliser le moment voulu pour décrédibiliser l’homme ou la femme qui sortira victorieux des primaires mais surement pas indemne.La fragilisation des partis d’opposition augmente aussi le stress des électeurs puisqu’ils leurs offrent un spectacle d’incapacité totale de retenu et de distance nécessaire pour proposer des solutions crédibles, réalistes et efficaces face aux angoisses de notre société.Paul Mac Lean, en 1969, a mis en évidence la partie de notre cerveau ancestral. Celui-ci est appelé le « cerveau reptilien ». Ce cerveau assure la survie des individus, il est en charge de la recherche de la satisfaction des besoins primaux (alimentation, sommeil et reproduction). Il est aussi responsable de l’instinct de survie. Parmi ces réflexes innés, on trouve ceux qui permettent à l’homme de tout temps de faire face aux dangers et à la peur. Trois réponses sont données, par Aimelet-Perissol dans son ouvrage très instructif « Comment apprivoiser son crocodile ? » : le combat, la fuite et le repli sur soi.Face à un danger, l’homme évalue ses chances de combat. Dans le cas où, le combat est impossible (obstacle insurmontable), la fuite et le repli sur soi restent les seules issues possibles.Nous constatons, à travers les statistiques de l’évolution de la consommation de stupéfiant, du nombre de suicide, de l’accroissement des disparitions une forme de fuite organisée face aux peurs que nous avons dans notre société.Ces peurs sont d’abord le résultat de la recherche de l’idéal. Les marronniers parlent de perte de poids, de recherche de performances sexuelles, de la mère / du père parfait, du cadre dynamique etc. Nous sommes face à une recherche de l’infaillibilité. Chacun subit cette volonté nouvelle qui nous oblige à concurrencer les dieux et à obtenir une place dans le panthéon de la célébrité.Andy Wharol, parlait de la recherche de gloire, chacun par son art. Nous assistons avec le développement de la téléréalité, du divertissement et de l’accroissement des canaux de communication (facebook, tweeter etc.) à l’émergence de la mise en scène de nos vies. Nous cherchons tous à devenir la star d’un groupe. L’objectif affiché par le grand nombre sur facebook est d’accumuler le plus grand nombre « d’amis ». Tweeter fait de nous des « suiveurs » ou des « suivis ». Comme disait Jacques Brel, il est plus humiliant d’être suiveur que suivi. Chacun cherche alors à se créer son moment de gloire, bâti sur la reconnaissance des pairs, sur l’enrichissement et sur un besoin d’exister par l’acquisition.Il est surprenant que la période de recherche d’accumulation « d’amis », tel que l’on accumule des biens de consommation soit concomitante, avec le déchirement de la famille, la rupture du lien entre génération, l’augmentation des personnes âgées dans les maisons de retraite etc. La calamité que nous avons vécue lors de l’été 2003 est un exemple de la destruction du lien familiale.Le repli sur soi touche de plus en plus de personne dans notre pays. Ceux qui n’ont plus d’espoir, parce qu’ils sont chômeurs ou ouvriers / salariés dans des industries à forte concurrence, et pouvant être délocalisées sans difficultés, ne peuvent ni combattre - par manque d’armes culturels, par manque de formation et par manque de perspectives - ni fuir, puisque c’est une solution qu’il faut se permettre de mettre en œuvre, choisissent le repli.La communication de la majorité présidentielle attise les peurs et pousse vers le repli. La communication de l’opposition montre un combat sectaire entre personne du même rang qui ne donne pas l’exemple d’un combat pour la majorité. Le combat est essentiellement tourné vers le choix du leader.Nous ne pouvons qu’espérer que les femmes et les hommes politiques prennent conscience rapidement des peurs des français et proposent des solutions qui parlent à ces craintes et qui les apaisent.Nous pouvons que regretter que la campagne électoral privilégie des sujets qui focalisent les craintes et poussent vers le repli identitaire.Amitiés,

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