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Billet de blog 27 janvier 2011

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Indignons-nous contre Davos!

Depuis hier, se tient le Forum économique de Davos. Ce haut lieu de l’économie et de la finance qui réuni chaque année les dirigeants des plus grandes sociétés capitalistes pour parler de la santé de l’économie, des évolutions en profondeur des innovations et des alliances industrielles ou capitalistiques.

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Depuis hier, se tient le Forum économique de Davos. Ce haut lieu de l’économie et de la finance qui réuni chaque année les dirigeants des plus grandes sociétés capitalistes pour parler de la santé de l’économie, des évolutions en profondeur des innovations et des alliances industrielles ou capitalistiques.Plusieurs participants se félicitent de l’embellie que nous vivons aujourd’hui. Nouriel ROUBINI a parlé pour la première fois depuis 2006-2007 d’un verre à moitié-plein pour justifier un regain d’optimisme. Pourquoi ne serions-nous pas optimiste, lorsque les marchés actions sont en hausse, la volatilité (reflet du risque) revient à des niveaux historiquement bas, les matières premières s’envolent et le FMI revoit à la hausse ses prévisions de croissance ?Tout le monde parle bien entendu du risque que les Etats souverains font porter à cette embellie économique. La croissance peut disparaître si les finances publiques se dégradaient. La crise reviendra si les Etats ne peuvent plus gérer leur endettement. Standard & Poor’s a d’ailleurs abaissé aujourd’hui la dette du Japon de AA à AA-. Cette déclassification est justifiée par l’endettement ballonnant du pays du soleil levant et les faibles réformes (ou régimes d’austérité) mises en œuvre pour améliorer les finances publiques et rassurer les créanciers.En résumé, Davos se félicite de la croissance et fustige les Etats parce qu’ils sont endettés et risquent de mettre en péril cette croissance retrouvée.Les Etats devraient alors réduire le nombre de fonctionnaires, libéraliser les systèmes de retraite, réduire les taxes et privatiser les biens publics. D’ailleurs, nous assistons à une réflexion chez les banquiers d’affaires pour créer des dettes hypothécaires souveraines où le collatéral serait de biens ou infrastructures détenus par les Etats.Cette présentation de la réalité m’indigne. La dégradation rapide actuelle de l’endettement et du déficit budgétaire est la conséquence de plans de sauvetage des banques, de plans de relance de l’économie et de subventions diverses et variés versées aux secteurs économiques peu performants tels que l’automobile (prime à la casse etc.).Personne ne parle de la bulle spéculative des dettes d’Etats entretenue par les opérateurs des marchés financiers pendant la crise financière pour offrir aux Etats une fenêtre pour s’endetter plus afin de sauver le système bancaire.Personne ne parle de la garantie donnée par la Banque Centrale Américaine (FED) et les Etats-Unis à AIG, Fannie Mae, Freddie Mac sans contrepartie. Cette garantie a évité aux banques d’enregistrer des pertes importantes, puisque celles-ci avaient cédés leurs risques à ces trois institutions financières. Force est de constater que cette garantie était nécessaire pour que les banques contreparties ne fassent pas faillite. Mais, il aurait été tout à fait naturel et légitime de demander aux banques subventionnées de rembourser ces subventions dès que leurs finances se seraient améliorées.Personne ne parle du soutient des banques centrales aux marchés financiers. Les banques empruntent à un taux quasi-nul des banques centrales pour acquérir des obligations émises par les Etats souverains et qui rémunèrent à des taux d’intérêts très élevés. Les banques centrales n’ont pas le droit de financer directement des Etats. A travers ce mécanisme, elles détournent la Loi de 1973, et offrent aux banques de marché des sources de profits satisfaisants.Les mécanismes monétaires dits de Quantitative Easing qui consistent en l’acquisition par les banques centrales d’obligations offrent aussi des sources de profits confortables ; les banques ont la certitude de pouvoir faire des plus values sur les classes d’actifs soutenues par les banques centrales. L’Etat aide les banques à constituer des bulles spéculatives et à en profiter.Les déséquilibres économiques alliés aux écarts des taux entre les pays industriels et les pays émergents constituent aussi des sources de profits importants. En effet, les banques profitent d’emprunt dans les pays industriels (à des taux très faibles) pour investir dans les pays émergents (ou les taux de rendements sous beaucoup plus élevés). L’écart de rémunération génère du profit et des risques de bulles spéculatives (comme celle qui a été créé au Japon en fin des années 80, début des années 90). Lorsque ces bulles éclatent, les pays industriels connaissent une hausse brutale de leurs taux (et un arrêt de leur croissance) et les pays émergents se retrouve avec un choc de monnaie (exemple de celui que l’on a connu lors de la crise asiatique en 1998).La mise en œuvre de ces mécanismes peut se justifier par le besoin des banques de reconstituer leurs solvabilités afin d’absorber les risques qu’elles n’ont pas encore reconnus (tels que les risques liés aux prêts aux Fonds de Private Equity, les cartes de crédit, l’immobilier commercial au Etats-Unis, l’immobilier dans tous les pays européens etc.). Mais la réalité est tout autre, puisque les banques augmentent leurs dividendes ou rachetent des actions afin de mieux rémunérer les actionnaires au lieu de garder les profits pour les prochaines crises.En même temps ces mêmes banques fustigent la régulation et utilisent Davos comme tribune pour expliquer qu’une régulation forte aurait comme conséquence réduction des financements, la baisse de la croissance et le chômage. Les banques cherchent à perpétuer le jeu actuel, celui qui leur permet de fragiliser les finances des Etats pour augmenter leurs profits.La croissance actuelle et l’embellie des résultats sont les conséquences d’une camisole monétaire, d’aides et de subventions étatiques. La camisole ne peut perdurer ses effets que si les Etats réduisent leur endettement, dans un premier temps, avant de l’augmenter de nouveau en mettant en œuvre de nouvelles subventions et aides compte tenu des effets négatifs qu’impliqueront les plans d’austérité sur l’économie réelle, le chômage et la déflation. D’autres voix et d’autres solutions existent. Le Président Obama dans son discours sur l’Etat de l’Union a proposé un nouveau deal basé sur l’éducation, le savoir et l’arbitrage des subventions vers des secteurs plus efficaces en termes de réduction du chômage. La principale interrogation réside dans la capacité du Président américain à contrer la majorité de son congrès et à se défaire de l’impact des lobbys pétroliers et financiers.

Il est de notre responsabilité à tous d’être vigilant que la solidarité vis-à-vis du secteur financier pour sauver le système bancaire ne se traduise pas par la paupérisation de la majorité.

Amitié et Fraternité chers lecteurs

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