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Billet de blog 28 février 2011

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Election en Irlande : les urnes se prononcent contre le programme de sauvetage du FMI et l’EU

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Les élections Irlandaises de dimanche dernier constituent un coup d’accélérateur pour la crise des dettes souveraines. Les urnes se sont prononcées contre les conditions du plan de sauvetage mis en place par le gouvernement sortant (Fianna Fàil) en affligeant au parti dominant depuis l’indépendance en 1921 la plus grande déroute (17 sièges uniquement sur 166 sièges). Le débat de la compagne électoral s’est articulé autour du chômage, le modèle économique Irlandais, les difficultés économiques et l’endettement. Les plans de rigueur ne sont pas considérés suffisamment équitables pour que la majorité les accepte. Le peuple a, par conséquent, souhaité donner les rênes du pouvoir à ceux qui promettaient de renégocier les conditions fixées par l’EU et par le FMI. Les résultats des élections en Ireland devraient être analysés comme un signe avant coureur de ce qui risquerait d’arriver dans d’autres pays, tels que la Grèce, le Portugal, l’Espagne et peut être même en France. La dégradation des comptes publics n’est pas une particularité européenne. Les Etats-Unis disposent d’un endettement « fédéral » de l’ordre de 12Trillions, auquel vient s’ajouter les dettes contractés par Etats, les municipalités et autres collectivités publiques.Les taux d’intérêt payés par les Etats-Unis n’ont pas encore atteint le seuil de ceux de la Grèce ou le Portugal. Ce niveau est le seuil à partir duquel un plan de sauvetage devient nécessaire sinon l’asphyxie financière se met en œuvre. La situation particulière des Etats-Unis ne devrait pas être interprétée comme une preuve de résilience de l’économie américaine (qui absorbera la dette à travers la croissance future). Elle devrait encore plus nous inquiéter puisqu’elle est adossée sur des mécanismes constitutifs de bulles spéculatives. Le soutient des taux d’intérêt américain est réalisé à travers le mécanisme du Quantitative Easing (acquisition par la banque centrale de titres sur les marchés financiers), d’une part, et l’apport de liquidité des pays producteurs (Chine, Moyen-Orient), de l’autre. L’arrêt ou la réduction de l’un ou l’autre des mécanismes aurait pour conséquence un choc brutal sur les taux d’intérêt et la faillite de certaines villes ou Etats, avant que la situation chaotique ne touche la dette fédérale. Les craintes de soulèvements dans les pays du Moyen-Orient (ex : Arabie Saoudite) embrasent les prix du Pétrole et crée une inflation qui risqueraient de déstabiliser le mécanisme emprunteur-consommateur vs. producteur-préteur sur lequel repose les échanges et les déséquilibres mondiaux. Le consommateur devra, une fois l’inflation mise en œuvre, emprunter de plus en plus, et le producteur, qui risque d’être dans une situation d’instabilité politique, risque de ne pas être dans la capacité de perpétuer le financement.Lorsque les pays du G-7 (en dehors probablement du Canada) seront incapables de refinancer leurs dettes à des conditions « soutenables », celles-ci devront renégocier la dette (ce qui correspond à peut près à un défaut) ou faire supporter à leurs citoyens les conséquences de l’endettement, à travers la réduction du nombre de fonctionnaires, la baisse des salaires, la baisse des prestations de protection sociale, le rallongement de la durée de cotisation, voir même l’annulation de certaines conditions sociales négociées préalablement.Le FMI a été créé pour sauver des pays émergents qui passeraient par des périodes difficiles. Le Brésil (en 1998) fut l’économie la plus importante à laquelle le FMI ait apporté son soutient. Quelles pourraient être les conséquences d’une demande de soutient massif des pays « riches » ? Quelles pourraient être les conséquences, sur le FMI, sur les institutions extra-gouvernementales, et sur les marchés financiers ; d’une demande de soutient conjointe exprimée par le Royaume-Uni et la France ? Le FMI peut-il sauver l’économie Américaine ?Le report des flux financiers vers les matières premières (y.c. les métaux précieux) est un signe avant coureur de la prise de conscience des investisseurs du risque qui rôde. Tout le monde sait que le problème de la dette devra être résorbé, cependant, personne ne sait donner de maturité ni de modus operandi pour ce problème.Les différentes réunions internationales discutent des déséquilibres en dressant des déclarations inapplicables (ex : la chine devrait réduire son excédent monétaire en se concentrer sur son marché intérieur, la chine devrait réévaluer le Yuan, les Etats-Unis devraient réduire leur dette etc.). Ces déclarations manquent de concret, de conviction et de détermination.En effet, quasiment deux ans après la première réunion du G20 post crise financière, où en sommes-nous de la chasse aux paradis fiscaux ? Où en sommes-nous de la taxation des transactions financières ? Où en sommes-nous de la régulation bancaire, et financière ?Il faut reconnaître qu’à l’inverse du G20 d’avril 2009, les institutions financières ne sont plus liées aux gouvernements et ne sont plus obligées d’accepter de se plier à des contraintes sur les rémunérations et sur la gestion de leurs risques. Les institutions ont remboursé les dettes qui les ont aidés à surfer sur le « Tsunami » financier, grâce à l’argent du contribuable, et ont repris des activités normales : augmentation de l’allocation pour le risque, report des financements vers les secteurs qui n’ont pas été sous les feux du projecteur du régulateur (matières premières) et ont créé de nouvelles bulles spéculatives (grâce à l’aide des banques centrales qui ont souhaité mettre en œuvre les conditions de reconstitution de leurs solvabilité). L’emprise qu’avait le politique en avril 2009 a disparu. Les régulations s’enlisent dans des incohérentes et des incompréhensions dignes des vaudevilles. La nouvelle réglementation Bâle III exige que les banques acquièrent des dettes d’Etat pour constituer des marges de réserve dans le cas d’une distorsion des liquidités. Cette incitation augmente la contagion institution financière – Etat et repousse le constat des dégâts de l’endettement puisque cette demande créée par les banques devrait soutenir, au moins pour un certain temps, les prix et maintenir le taux d’intérêt bas.Espérons que les résultats des élections en Ireland et les mouvements de révoltes dans les pays arabes réveilleront les dirigeants qui se réuniront à Cannes les 3 et 4 novembre. Espérons qu’ils prendront conscience que la crise n’est pas derrière nous. La crise, qui se profile (si rien n’est fait pour y remédier) devrait avoir des conséquences qui se chiffrent en multiples de fois ceux de la crise que nous avons traversée en 2008. Il est encore temps de réagir. Encore faut-il le vouloir.Amitié et fraternité chers lecteurs.

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