Cela suffit. La complaisance à l’égard de la parole raciste n’a que trop duré. Ce mercredi 3 novembre, le député du Val d’Oise, Carlos Martens Bilongo interpellait le gouvernement sur l’inhumanité avec laquelle sont traités les personnes migrantes actuellement bloquées dans la Méditerranée. À l’occasion de son intervention, un député du Rassemblement national, Grégoire de Fournas, s’est écrié « qu’il retourne en Afrique ! » provoquant la fin anticipée de la séance des questions au gouvernement, fait historiquement rare dans le débat parlementaire.
L’ambivalence ne protègera jamais le racisme
Aujourd'hui, c’est la stupéfaction. Pour se défendre, le Rassemblement national plaide l’incompréhension, expliquant à qui voudrait l’entendre que l’expression « qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » était adressée aux personnes exilées sur le bateau et non à ce député d’origine congolaise et angolaise intervenant sur la question des droits humains.
L’ambivalence de l’intervention ne laisse, de fait, aucun doute sur la nature, à tout le moins inhumaine et au pire profondément raciste du député de la Gironde qui s’est refusé à toute excuse même en considérant que ces paroles avaient pu être mal interprétées.
La parole raciste s’est décomplexée
Il y a des années, de tels propos auraient été unanimement condamnés. Depuis quelques heures, nous assistons à des débats sur la nature raciste et xénophobe ou non de cette prise de parole publique. Elle est à l’image d’un débat public qui a libéré les mots les plus acerbes à l’égard de nos compatriotes autant qu’à destination des personnes migrantes.
Les responsables ne se trouvent pas qu’à l’extrême-droite. Les interventions sordides du ministre de l’Intérieur reprenant sa rhétorique, les débats d’un autre temps à l’Assemblée nationale et sur les plateaux à propos de l’immigration, la progressive banalisation du Rassemblement national dans nos institutions, sont autant de preuves que le racisme gagne du terrain à l’heure où la République recule. Racisme partout, justice et égalité nulle part.
Grégoire de Fournas doit démissionner et l’Assemblée nationale doit l’exclure
Cette intervention est l’arbre qui cache la forêt, elle ne doit pas être banalisée ou minimisée.
Aujourd’hui, la propagande rance du Rassemblement National a gangrené les esprits. Un constat terrifiant qui s’exprime au plus haut sommet de nos institutions lorsque la Présidente de l’Assemblée nationale en personne, Yaël Braun-Pivet, en vient à se poser des questions de sémantique pour des propos pénalement répréhensibles. Rappelons que le racisme constitue un délit.
La conférence des président·e·s de groupe de l’Assemblée nationale se réunit ce jeudi, elle doit prononcer la plus haute sanction disciplinaire possible : l’exclusion temporaire et la réduction des indemnités.
De fait, nous l’appelons aujourd’hui à assumer sa responsabilité et à démissionner, le droit ne permettant de destituer un élu de la République qui a lourdement failli à sa mission.
Le gouvernement pleure les causes d’un mal qu’il a suscité
Derrière, ce sont des années de forfaiture dont nous devons faire le bilan. Emmanuel Macron, son parti et ses ministres ont une responsabilité dans la montée de l’extrême-droite en France.
Grégoire de Fournas était candidat sur la cinquième circonscription de la Gironde. Il a été qualifié au second tour contre un candidat de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES). La candidate défaite de la majorité présidentielle a alors appelé à voter blanc. Les digues sautent, c’est l’éclatement du Front républicain et l’absence de ligne claire de la part du gouvernement qui a permis que se déploie à l’Assemblée nationale une parole indigne en jouant les pompiers pyromanes.
La prise de conscience républicaine du parti Renaissance qui a appelé ce soir à ce que ce député démissionne est intervenue trop tard : l’homme siège désormais dans notre parlement parce que le mouvement qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir a la main qui tremble.
Le mal est fait. Il faut désormais rassembler la République, recréer du dialogue et rétablir la vérité. Il y a encore du travail, car comme l’écrivait Brecht « le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde ».
Premiers signataires (dans l'ordre alphabétique) :
Sami Adili, Conseiller municipal de Viry Chatillon, Samir Allel, Conseiller départemental du Vaucluse, Nadia Azoug, Vice-présidente du département de la Seine-Saint-Denis, Béchir Bouderbala Saket, Responsable associatif, Sophie Bussière, Conseillère régionale de Nouvelle Aquitaine, Mélissa Camara, Conseillère municipale de Lille, Jérémie Crepel, Secrétaire national adjoint d’EELV, Karima Delli, Députée européenne, Marie-Charlotte Garin, Députée du Rhône, Jérôme Gleizes, Conseiller de Paris, Steevy Gustave, Conseiller municipal à Brétigny-sur-Orge, Hélène Hardy, Militante écologiste, membre du Bureau exécutif d’EELV, Ken Iwasaki, Co-animateur du comité d’antiracisme EELV, Morgan Jasienski, Militant écologiste, Commission Immigration d’EELV, Yannick Jadot, Député européen Abdessalam Kleiche, Militant écologiste, Membre du bureau du conseil fédéral d’EELV, Claire Monod, Responsable associative et militante écologiste Bocar Niane, Militant écologiste, Raymonde Poncet, Sénatrice du Rhône, Mouloud Rezouali, Conseiller municipal et communautaire d’Avignon, Sabrina Sebaihi, Députée des Hauts-de-Seine, Anne Souyris, Adjointe à la maire de Paris en charge de la santé, Sandrine Rousseau, Députée de Paris, Sandra Regol, Députée du Bas-Rhin, Anne Vignot, Maire de Besançon et Présidente du Grand Besançon Métropole, Mélanie Vogel, Sénatrice des Français de l’étranger.
 
                 
             
            