Vingt-trois avril deux mille dis, sait-on ?
C’était le jour des élections
Des élections du président
La France résonnait de “On…”
Entre les candidats présents :
Hamon, Fillon, Macron, Le Pon,
Ponton, Asselon, Melenchon,
Arthon, Cheminon et Lasson,
- N’oublions pas Dupont-Aignan.
Rien que des braves, des excellents,
Femmes et hommes de conviction
Au charme fou et renversant
Décortiquant onze visions
Onze programmes, onze gestions,
Couvrant un vaste horizon :
Ah ! Ça irons, ça irons ça irons,
Les rois du pognon à la gouverne !
Ah ! Ça irons, ça irons, ça irons,
Les rois du pognon, nous les pendrons !
Des isoloirs aux édredons
Les rimes couvraient les raisons
Les pensées s’enflammaient confondant
Vieilles chansons, nouveaux slogans,
Votons, vainquons, marchons, luttons,
Battons, débattons, arrachons,
Brisons, rénovons, chamboulons,
Rassemblons, convainquons, gagnons !
“Tradition ! Insoumission !
Évolution ! Révolution !”
Entendait-on, s’exclamait-on.
De Menton à Hénin-Beaumont,
Les missions et les commissions
Posaient, retournaient les questions :
Organisons, échafaudons
Abstention ou procurations.
Courrons, fuyons, stoppons, marchons ?
Qui est premier, qui est second ?
Qui remportera le pompon ?
Qui intégrera la fonction ?
À qui l’identification
De toute la population ?
En qui croit-on, qui moque-t-on ?
Qui est ce “on” de la nation ?
À quoi les reconnait-on
Ces fameux “on” de l'unisson ?
Dans ce “on” qui regroupe-t-on ?
Qui parle par députation ?
À quelles frontières l’étend-on
Le territoire de la nation ?
Quels vestiges revendique-t-on ?
Quels faits de gloire révère-t-on ?
Quel butin se partage-t-on ?
À quel trésor contribue-t-on ?
De quels devoirs s’encombre-t-on ?
De quelles vertus se vante-t-on ?
Quelle Histoire raconte-t-on ?
Qu’explique-t-on des migrations ?
À quelles puissances s’allie-t-on ?
De quels forfaits se salit-on ?
Quelles régions reconnaît-on ?
Quelles devises ? Patois ? Dictons ?
À quels échanges de bon ton,
À quels voisins s’agrège-t-on ?
Quelles tractations rappelle-t-on ?
J’avons pas de conviction,
J’avons surtout des impressions,
Des sensations, des émotions,
Mais pas de franche intuition
Sur ce qui est bon ou pas bon
Ce qui pave les intentions,
Si un ovni met le boxon
Dans nos urnes, nos pétitions,
Comment nous économisons,
Quoi et comment nous dépensons,
Ce dont exactement nous rêvons,
Quels sont les intéressements.
7 mai deux mille dis, sait-on ?
N’oublions pas François Villon :
Tant fête-on Noël qu’il corrompt.