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Le rapport des musulmans de France aux élections nationales, régionales ou locales n’a pas toujours été pris en compte. Celui-ci n’ayant certainement pas bénéficier d’une unité permettant de faire entendre ses revendications et ses préoccupations.
Entre les premières générations qui ne disposaient pas des droits civiques, les suivants baignés dans un paternalisme de gauche et les nouvelles générations émancipées et désireuses d’apporter leurs contributions aux débats et aux choix d’avenir, les musulmans restent partagés entre un engagement vacillant ou un silence par l’abstention.
Le choix proposé le 24 avril prochain sera-t-il un déclencheur d’une mobilisation, une existence politique ou un retour à un état de somnolence que la communauté devra payer tôt ou tard ?
Longtemps, les français musulmans n’ont été considérés comme une catégorie d’électeur en tant que tel. Ils ont plutôt appartenus à des catégories de classes sociales en fonction de leur parcours professionnel ainsi que leurs projets personnels et leurs visions variées de la France.
Depuis les années 90 et 2000, ils se sont souvent organiser pour peser sur le plan local afin de voir leurs projets aboutir.
Sur le plan national, leurs origines ouvrières et populaires font qu’ils ont été plutôt des électeurs de gauches. Les années passant, les générations suivantes se sont parfois démarquées de cette étiquette pour se recentrer voir pencher à droite (Chirac – 2002) , mais pour beaucoup c’est le choix de l’abstention qui l’emporte.
Pendant toute ces années les français musulmans n’ont pas estimé nécessaire de faire un choix « communautaire ».
Tout d’abord s’estimant être protégé par le cadre juridique, législatif et laïc quant à leur liberté de culte, d’opinion, d’engagement associatif….. pensait-il !
Ensuite le front dit « républicain » contre la montée du Front National semblait constituer une barrière contre la haine et le rejet. Pensait-il !
Enfin l’organisation de l’Islam en France ne permet pas de dégager un consensus ou un choix de masse.
Timidement dans les années 90, puis s’accélérant depuis 2003/2004, un bouc-émissaire tout trouver fait son apparition dans les débats permettant aux candidats de tout bord, en manque de programmes, d’idées, de solutions économiques, sociales, écologiques de briller : l’Islam.
Les musulmans français commencent alors à s’inquiéter pour leurs droits, leurs libertés, pour leur avenir.
Le phénomène a basculé depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, puis s’est ancré à gauche depuis que des candidats d’ « extrême-droite de gauche » (c’est dur à écrire) tel que Manuel Valls se sont appropriés les thèses du Front National. Le danger pour les français se sont les musulmans.
Dans le même temps l’Islam et les musulmans est un sujet qui rapporte gros. En effet le sujet permet de s’enrichir en vendant des livres même pour des écrivains qui ne maitrisent pas la langue française (CHALGHOUMI) , passer de commentateur de foot à une star des plateaux politiques (PRAUD) , devenir célèbre ou pouvoir obtenir le titre d’intellectuel sans l’être (FOUREST, ZEMMOUR …..).
Jusqu’au 10 Avril 2022, les électeurs musulmans ont toujours slalomé en cherchant le moins pire ou le moindre mal, mais la donne a changé. Dimanche dernier, ils se sont soit abstenus, soit plébiscité JL Melanchon, non pas par adhésion, mais plutôt par dégagisme de la ligne islamophobe.
Gérald Darmanin dans "vous avez le parole" le 11 février 2021:
« Je vous trouve un peu molle, Madame Le Pen »
Le tableau proposé au deuxième tour du 24 avril 2022 suggère une équation insolvable car en terme de course à la haine envers les musulmans, à la discrimination, à la suspicion on sera bien servi. N’était-ce pas Moussa Darmanin qui a qualifié Madame le Pen de « branlante, molle et pas assez dure ».
Pour aider les électeurs à faire un choix (ou pas finalement), voici un résumé non exhaustif de leur rapport à chacun des deux candidats. Pour le président sortant, il suffit de revoir le bilan de son quinquennat. Pour Marine Le Pen, son discours anti-musulman ainsi que la ligne du RN témoigne pour elle.
Emmanuel MACRON
- Loi dite « loi confortant les principes républicains » qui a eu pour objectif de désigner tout musulman comme suspect.
- Cette loi a également bafoué les principes de la laïcité, puisqu’il y a une ingérence dans un culte de la part de l’Etat sur ce qu’il faut dire, et ce qu’il ne faut pas dire dans un prêche, dans quelle langue doit être formulée la prière, qui doit diriger une association …..)
- Cette loi a institué le droit de délation.
- Castaner : un musulman barbu, pratiquant surtout pendant le Ramadan est suspect.
- tout musulman pratiquant est un radicalisé potentiel.
- Darmanin : vos codes religieux évidemment, vos codes alimentaires, vos codes de vacances, la façon dont vous éduquez vos enfants… Votre travail… font de vous un suspect
- Refuser de prendre sa douche nu dans un vestiaire : suspect si vous êtes musulmans
- Blanquer le voile n’est pas souhaitable
- Blanquer : dévoiement de la laïcité afin de pointer du doigt et de rendre suspect des élèves d’écoles.
- Macron : l’islam est une religion en crise dans le monde entier
- Contrairement aux autres religions, l’accueil d’Imams ou de financement d’autres pays n’est pas le bienvenu.
- Fermetures de lieux de cultes et d’écoles sans motifs juridiques légaux.
- Dissolution d’associations sans motifs juridiques légaux.
- Blocage de l’ouverture d’écoles confessionnelles musulmanes sans motifs juridiques légaux.
- Exprimer son opinion en toute liberté fait de vous un suspect (par ex : dire que la politique du gouvernement est islamophobe, critiquer le sionisme et l’occupation illégale de la Palestine ………..)
- Soutenu par l'islamophobe, déverseuse de haine Zineb EL Razhaoui
Marine LE PEN
En se faisant doubler par Zemmour, MLP renvoie une image moins diabolique dans l’opinion publique et pour de nombreux de musulmans, elle passe mieux que Marlène Schiappa ou Moussa Darmanin..
Nous connaissons le programme historique du RN (ex FN), dont parmi les grandes déclarations de leur candidate :
- Interdiction du voile dans l’espace public
- les "prières de rue" des musulmans sont "une forme d'occupation"
- Interdiction de la viande halal
- L’Islam est une invasion
- déchéance de nationalité
- Censure et criminalisation des musulmans
Alors quel choix feront les français musulmans le 24 avril 2022 ?
Comment s’organiseront-ils au lendemain de cette situation inédite en Europe depuis les années 30 ?