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Billet de blog 1 septembre 2025

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Un corps sans tête pensante : la Tunisie, otage de ses marionnettistes

La Tunisie ressemble de plus en plus à un corps sans tête pensante : des élites qui s’agitent, des coalitions de façade, et une société prise en otage par l’illusion du paraître. Derrière ce théâtre d’ombres, des mains invisibles tirent les ficelles et dessinent un scénario où la nation n’a plus la maîtrise de son destin.

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https://drive.google.com/file/d/1CPntcmZhRPrUtYc08qQ7UgK5-01y_3Qx/view?usp=drivesdk

Introduction

Il y a une faune particulière qui peuple nos salons, nos amphithéâtres et désormais nos réseaux. Des individus qui se coalisent non pour créer, mais pour paraître. Ils se regardent, s’écoutent, se citent, convaincus d’incarner la pensée, alors qu’ils n’en sont que la caricature. Parmi eux, nos architectes — je ne les oublie pas —, semblables à des sauterelles : toujours là pour raser, jamais pour construire.

Cette connivence futile est plus qu’un travers individuel. Elle est le miroir d’un État qui, depuis des années, fonctionne comme un corps privé de tête pensante : beaucoup de mouvement, pas de direction.

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Un corps sans tête pensante

La métaphore est cruelle, mais elle décrit avec précision le mal tunisien. L’État possède des membres : administrations, ministères, partis, syndicats. Ils s’agitent, s’entrechoquent, multiplient les gestes. Mais aucune pensée ne vient coordonner, orienter, donner un cap.

Un corps sans tête pensante n’avance pas, il titube. Et quand il avance, c’est à l’aveugle, suivant les réflexes les plus immédiats, les crises du moment, les urgences de survie. La Tunisie vit ainsi : dans la réaction permanente, jamais dans la réflexion durable.

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L’héritage d’un État amputé

Ce n’est pas nouveau. L’histoire récente a légué à la Tunisie un État conçu pour exécuter, rarement pour penser. Les lois s’accumulent sans cohérence, les institutions se chevauchent sans dialogue, les réformes s’annoncent mais ne s’accomplissent pas.

Depuis 2011, les crises politiques ont encore accentué ce déficit. Au lieu de stimuler une pensée collective, elles ont enchaîné le pays dans une gestion de survie. Comme si gouverner se réduisait à colmater des brèches sans jamais redessiner l’architecture globale.

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Le scénario caché : des marionnettes sans maître visible

Si l’État tunisien fonctionne comme un corps sans tête pensante, ce n’est pas un accident. C’est le résultat d’un scénario bien ficelé, savamment entretenu. L’absence de pensée stratégique n’est pas seulement une faiblesse : elle est une condition recherchée.

Un État privé de tête devient manipulable, malléable, disponible pour des influences extérieures comme pour des intérêts internes. Derrière le désordre apparent, il existe des fils invisibles. Des acteurs tapis dans l’ombre tirent les cordes, organisant ce théâtre politique où ministres, partis et institutions jouent leur rôle… sans jamais écrire le script.

La fragmentation volontaire de l’espace politique, la multiplication des contre-pouvoirs paralysés, les réformes avortées à répétition : tout cela a un effet mécanique. Cela produit une classe dirigeante occupée à se débattre dans les coulisses, et un peuple livré à la résignation. Pendant ce temps, ceux qui contrôlent les cordes imposent leurs priorités, discrètement mais efficacement.

L’image du corps sans tête pensante prend alors une dimension plus tragique : il n’est pas seulement décapité, il est instrumentalisé. Ses membres s’agitent au rythme d’une musique qu’ils ne composent pas.

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Les élites complices du vide

Dans ce décor, les élites tunisiennes jouent un rôle ambigu. Beaucoup se parent du titre d’intellectuel, mais ne produisent que du bruit. Ils se nourrissent d’échos, de citations tronquées, de débats creux. Leur mission n’est pas d’éclairer, mais de se montrer.

C’est là que la connivence prend toute sa force : chacun s’accorde de l’importance, chacun reconnaît à l’autre une pseudo-légitimité, et tous ensemble ils entretiennent une bulle où la parole remplace l’acte. Mais sans pensée véritable, la critique devient posture, et l’intellectuel une coquille vide.

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Les conséquences : une société désorientée

Cette absence de tête pensante se traduit dans la vie quotidienne : une jeunesse qui ne voit aucun horizon, des citoyens ballotés par des décisions improvisées, une économie sans stratégie.

Un corps sans pensée ne construit pas. Il s’agite, se fatigue, et finit par s’effondrer. La société tunisienne, malgré son énergie, se heurte à cette carence : personne ne pense pour le collectif, personne n’imagine un futur à bâtir.

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Conclusion : la nécessité d’une nouvelle pensée

Le mal de l’État tunisien n’est pas seulement institutionnel ou politique. Il est intellectuel. C’est un État sans tête pensante, incapable de produire une vision.

La sortie de ce cercle vicieux suppose l’émergence d’une véritable pensée nationale : lucide, critique, enracinée dans le réel. Elle ne viendra pas de ceux qui se contentent de paraître, mais de ceux qui acceptent de créer, de réfléchir et d’agir.

Un corps sans tête pensante s’épuise. Un État sans pensée s’effondre. La Tunisie n’a pas besoinhttps://docs.google.com/document/d/1epO11odLzptXQahhPJjDWR2dXceeTNRYB03RM0XjGaU/edit?usp=drivesdk de plus de marionnettes, mais d’une tête capable de voir loin.

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