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Billet de blog 5 août 2025

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Manifeste — Naître à gauche, par réaction puis par création

Chapô (400 caractères) Nous n’attendrons plus qu’on nous autorise à bâtir dignement. Quand les architectes de salon s’enferment dans les discours, nous, architectes du mortier et de la sueur, reprenons ce qui nous revient. Créer, résister, construire : un manifeste pour la gauche qui agit, sans demander la permission.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Petit à petit, je comprends que l’on ne naît pas de gauche, on le devient — parfois par réaction, parfois par nécessité. La gauche n’est pas un héritage automatique, ni un label figé, mais un cheminement intime et une construction de chaque instant.

On se réfugie d’abord dans une gauche de combat, née de la colère et de la révolte contre l’injustice, l’inégalité, la précarité qui déshumanisent. Cette gauche-là est une défense, un bouclier face à un monde qui fracture et aliène.

À gauche, on commence comme une larve qui milite, fragile et engourdie dans son cocon d’indignation. On se débat, on grandit, on apprend. Puis, lentement, on se transforme en papillon : libre de voler enfin, non plus seulement pour lutter, mais pour embellir le monde.

Ce papillon vole dans des champs agréables à voir, là où la lumière révèle les possibles. Il annonce le printemps — celui de l’espoir, de la renaissance, du changement qui s’invite en douceur. Mais le papillon, il faut aussi le craindre. D’après certains, il porte un effet surprenant — un battement d’ailes qui peut déclencher des tempêtes inattendues.

Parfois, heureusement que j’ai connu la gauche — ma gauche, avant de connaître certains de gauche qui remplissent les salons. Les architectes, quand ils sont à gauche, paraissent parfois gauche aux yeux des autres. Ils ne connaissent pas la gauche des architectes, celle de l’odeur du mortier et de la sueur des ouvriers. Et pourtant, avec cette dignité-là, on fait habiter.

On laisse aux salonards, s’ils veulent, d’être l’huile qui lubrifie les rouages d’une société engourdie. Nous, nous serons l’eau qui refuse de se mêler à cette huile, qui refuse d’être complice des arrangements et des compromis qui étouffent le réel. Ils veulent la partie haute, le confort des bureaux climatisés, les discours creux et les apparences. Nous, nous choisissons le bas, là où bat le cœur du peuple, là où la vie est rude, authentique, pleine de défis et d’espoir.

Nous, on est participatifs depuis toujours. Depuis qu’on était gamins, à jouer au ballon dans les ruelles poussiéreuses, à partager nos billes, nos bonbons, nos victoires comme nos défaites. Pour nous, jouer n’a jamais été une affaire d’argent. On jouait pour le plaisir, pour le lien, pour exister ensemble dans un monde qui ne nous devait rien.

Eux, ils jouent à faire semblant d’être riches. Riches sans oseille, sans dignité, sans racines. Ils enfilent des costumes, remplissent des salons, signent des accords en coulisses et croient acheter la respectabilité à coups de postures. Nous savons qu’on n’achète pas la dignité. On la construit.

Alors qu’ils s’enferment dans les salons, nous bâtissons, à mains nues, ce qui restera après eux. La dignité, elle, ne se négocie pas : elle se construit.

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