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Billet de blog 6 août 2025

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Écrire contre l’effacement

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce n’est pas une affaire de couverture médiatique. Ce n’est pas une question de visibilité passagère. C’est une bataille plus profonde : celle du droit d’écrire notre propre histoire.

La Tunisie n’a jamais cessé de produire des récits puissants, ancrés, dérangeants. Mais ces récits se heurtent à un mur de verre : celui d’un système médiatique global où les périphéries ne sont tolérées que lorsqu’elles confirment les schémas rassurants des centres de pouvoir.

Dans la presse française dite de “référence”, les voix tunisiennes n’émergent que sous conditions : il faut parler de migration, de populisme, ou d’élections. Tout le reste — les luttes pour la dignité culturelle, les résistances locales, les combats citoyens — est considéré comme insignifiant.

Mais ce que certains appellent insignifiant est en réalité ce qui façonne l’avenir d’un peuple.

Écrire contre l’effacement : une urgence politique

Quand les journalistes, depuis Paris ou ailleurs, choisissent de survoler nos réalités, ils n’effacent pas seulement des faits : ils effacent des existences. Derrière chaque récit non-dit, il y a une bataille que personne ne voit, une résistance étouffée dans l’indifférence polie des colonnes de presse.

Nous ne demandons pas un traitement de faveur. Nous exigeons que nos voix soient entendues sans filtre, sans surinterprétation, sans cette condescendance souriante qui veut nous apprendre ce que nous vivons.

Récits de terrain, voix indociles : une responsabilité partagée

Il appartient aussi à nous, acteurs de terrain, architectes, artistes, citoyens engagés, d’imposer notre place dans cet espace médiatique globalisé. Mais cette bataille ne peut se gagner sans médias prêts à questionner leur propre regard.

Mediapart s’est bâti sur l’indocilité, sur la volonté de déranger. Cette indocilité doit s’étendre aux récits venus des Suds : non pas pour les folkloriser, mais pour les intégrer pleinement à l’analyse critique du monde.

Tunisie : un pays qui refuse d’être un décor

Notre pays n’est pas un théâtre pour analystes à distance. Derrière les slogans médiatiques sur la “démocratie en danger” ou la “crise migratoire”, il y a des hommes et des femmes qui, chaque jour, reconstruisent des dignités abîmées. Ces récits-là, nous voulons les écrire, les dire, les partager.

Cette tribune n’est pas un cri de plainte. C’est un manifeste pour le droit d’exister autrement que comme une donnée statistique ou un arrière-plan diplomatique.

Quand écrire devient un acte de résistance

Il ne s’agit pas de demander la parole. Il s’agit de la prendre.

Si les grandes rédactions n’entendent pas nos voix, nous les crierons plus fort. Si elles neutralisent nos récits, nous les réinventerons. Écrire, pour nous, n’est pas un luxe. C’est un acte de survie politique et culturelle.

À Mediapart, de prouver que ce combat pour les récits indociles est aussi le sien.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.