Dans cette quête d’un sens profond, je me trimballe dans les ruelles où je ne suis pas,
comme un architecte vagabond au déhanchement incertain,
entre la sortie et l’entrée, entre hier et demain.
Je sais que l’apothéose marquera la fin de ce que nous avons eu,
et en même temps, brûle en moi l’envie irrésistible
de tout recommencer, de bâtir encore, autrement.
Chaque pas résonne comme un écho fragile,
un dialogue silencieux entre la pierre et l’âme,
un souffle qui traverse les cicatrices de la ville.
Je vois dans chaque fissure une histoire à raconter,
dans chaque façade usée, un rêve à ranimer.
La ville, cette femme à la fois blessée et fière,
porte en elle les traces du passé et l’espoir du futur.
Et moi, dans cette errance, je suis ce témoin attentif,
ce gardien qui recueille les murmures et les cris,
celui qui sait que l’acte de créer est un acte d’amour
où chaque pierre posée est un geste de résilience.
Je n’ai pas appris ça à l’école. C’est ma mère qui me l’a transmis :
on garde le respect des femmes, des quartiers,
de ceux qui nous ont tenu la main,
et des ruelles où nous nous sommes promenés.
Va dire ça à un exilé qui ne reconnaît plus sa ville —
tu es sûrement le fils d’une femme,
mais tu agiras toujours comme un orphelin.
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Alors, face à la beauté fragile de la ville, à la vie qui s’accroche malgré tout, à cette mémoire vivante que nous portons en nous, il nous revient d’être ces architectes-amants, humbles et engagés.
D’épouser la femme, la vie, et la ville, en respectant leurs fragilités et leurs envies, pour bâtir non pas des murs froids, mais des espaces qui respirent, racontent, rassemblent.
Car il n’est jamais trop tard pour recommencer, pour écrire une nouvelle histoire — une œuvre portée par la résilience, la mémoire et l’amour.
Et comme le chantait Jacques Brel, « Il est tard, Monsieur... » — c’est dans cette urgence même que naît la beauté la plus authentique.