Dans un monde globalisé, où les cultures se croisent et parfois s’érodent sous l’effet d’une déculturation massive, le fameux « choc des civilisations » n’est plus qu’une fable. Ce que certains présentent comme un affrontement inévitable entre blocs culturels ou religieux masque souvent l’ignorance des réalités profondes. Méconnaître ces subtilités, c’est ouvrir la porte au fascisme sous toutes ses formes.
Les mentalités humaines ressemblent à un iceberg. La partie visible — gestes, comportements quotidiens, choix publics — n’est qu’une façade. La masse immergée, invisible, contient les croyances, les habitudes intériorisées, les héritages culturels et sociaux, ainsi que les religions et idéologies. C’est cette profondeur qui guide nos décisions et nos interactions, souvent à notre insu.
Et pourtant, cette complexité n’est jamais figée. Les mentalités glissent et se transforment au fil des générations. Certaines évoluent vers une attitude d’agressivité, tournée vers la confrontation et la revendication, d’autres vers la soumission, marquée par la résignation ou l’adaptation aux contraintes extérieures. Elles diffèrent également selon le sexe : les expériences sociales distinctes des hommes et des femmes façonnent des attitudes et comportements spécifiques, influençant la manière dont chacun interagit avec son environnement.
La dimension corporelle complète ce tableau. Les gestes, les postures, les rituels et l’organisation des espaces reflètent et renforcent les mentalités. Ignorer le corps, c’est passer à côté d’une part essentielle de ce qui façonne nos sociétés et nos interactions quotidiennes.
Mais comprendre ces dynamiques ne suffit pas. L’objectif est pratique et citoyen : construire une matrice conceptuelle permettant de générer un questionnaire d’enquête. Les réponses, interprétées à la lumière des facteurs invisibles, offriront aux décideurs et citoyens des outils pour fonder des politiques participatives adaptées aux réalités profondes des mentalités, et non à des clichés ou suppositions.
Il faut rappeler que l’objectivité n’est pas un don ni une attitude : c’est une méthode. Une méthode rigoureuse, structurée et réflexive, qui permet de dépasser les impressions superficielles et de saisir la complexité des comportements humains.
Méconnaître les mentalités de l’autre — leur profondeur, leurs variations générationnelles, leurs dimensions physiques, religieuses et idéologiques — est la racine du fascisme. S’en approcher avec patience, méthode et rigueur, c’est ouvrir la voie à la compréhension mutuelle et à des politiques participatives capables de répondre aux besoins réels des sociétés.