Comprendre n’est pas une faculté, c’est une sensibilité.
La preuve : tant de “sortis des facultés” n’ont plus d’idées.
L’écrivain, lui, mange des mots — mais il a besoin de pain pour continuer à réfléchir.
Car le prolétaire de la pensée n’est pas nourri par le verbe : il le nourrit.
Ses doigts travaillent plus que ses idées,
et ses idées, souvent, ne valent pas un salaire.
Je suis devenu manuel de l’écriture.
Je tape comme on creuse un tunnel,
avec la rage douce de celui qui espère encore voir le jour.
Comme un miroir reflète le visage,
l’état des hommes de réflexion reflète celui de la société.
Quand les penseurs ont faim, c’est que l’éthique du monde est malade.
Quand les poètes se taisent, c’est que la langue a perdu sa foi.
Alors oui, demain, j’achèterai ce clavier —
pas pour écrire plus vite,
mais pour honorer mes doigts,
ces ouvriers du sens,
qui refusent de démissionner.