Quand vous tournez le dos au miroir, qu’est-ce qu’il vous répond ?
Il ne peut que répéter vos gestes, donc il vous renvoie votre fuite. Alors, si vous espérez qu’il se taise, c’est que vous refusez d’entendre ce qu’il montre : votre refus de vous voir.
Vous renvoie-t-il votre absence, ou votre fuite ?
L’absence ne vous protège pas, donc elle devient une responsabilité effacée. Alors, si vous croyez que fuir suffit, c’est vous-même que vous effacez, pas le miroir.
Est-ce qu’il vous accuse de ne pas vouloir vous voir ?
Le miroir ne fait que montrer, donc si vous craignez son image, c’est qu’elle révèle l’imposture. Alors, comment prétendre à la vérité, si vous refusez le regard le plus simple ?
Est-ce qu’il se tait, complice de votre confort ?
Le silence du miroir vous rassure, donc il devient complice de votre anesthésie. Alors, ce confort n’est qu’une complicité transformée en oubli.
Le miroir ment-il, ou est-ce vous qui refusez sa vérité ?
L’objet ne ment pas, donc c’est vous qui détournez le regard. Alors, parler de vérité devient une négation avant même d’être un discours.
Qu’est-ce que vous craignez dans ce reflet : votre visage, ou votre imposture ?
Le visage porte vos renoncements, donc il devient insupportable. Alors, l’image et l’imposture se confondent dans le même éclat.
Quand vous ne regardez plus, qui regarde à votre place ?
L’institution prend votre reflet, donc elle vole votre image. Alors, croire que l’absence vous protège revient à livrer votre visage aux autres.
Est-ce que l’institution devient votre miroir, et vous vole votre image ?
Vous lui abandonnez votre reflet, donc vous renoncez à vous voir. Alors, parler de liberté devient une imposture, puisque votre visage est décidé ailleurs.
Est-ce que le silence du miroir est plus insupportable que son éclat ?
Le silence vous renvoie à votre vide, donc il devient une accusation muette. Alors, l’éclat est insupportable, car votre confort repose sur l’ombre.
Quand vous fuyez le reflet, fuyez-vous le monde, ou seulement vous-même ?
Le monde ne disparaît pas, donc c’est vous qui vous livrez à l’imposture. Alors, fuir soi-même revient à se livrer aux autres.
Et vous, que faites-vous de ce silence ?
Le silence est une accusation muette, donc le transformer en oubli est une complicité. Alors, prétendre à la dignité tout en réduisant le silence au confort est une imposture.
Conclusion
Ce miroir n’est pas un objet. Il est une métaphore de l’institution, du regard public, de la conscience. Tourner le dos, c’est refuser la vérité, c’est consentir à l’imposture. Et vous, lecteurs, que faites-vous de ce silence ?
Ilyes Bellagha Architecte en exil virtuel