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Billet de blog 27 juillet 2025

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Il m’est arrivé une chose précieuse : rencontrer Jean-Michel Ansard, un ami de Picardie. Lui, bâtisseur de maisons en torchis, attaché à sa terre, à son ciel, à son histoire populaire. Moi, architecte tunisien, héritier d’un geste ancien, ancré dans une autre terre, un autre ciel, mais mû par la même passion : faire tenir les murs et les gens debout.

Nous avons parlé comme on se découvre : avec pudeur, tendresse, humour. Et sans le savoir, nous avons posé les bases d’un vrai échange culturel. Pas celui des ambassades ni des attachés culturels, mais celui des cœurs et des mains. Ni dominant, ni dominé. Juste deux êtres humains curieux, unis par la matière, la mémoire et le goût du travail bien fait.

En finir avec le folklore officiel

Ce que nous avons vécu, Jean-Michel et moi, c’est ce que les États, les ONG et les protocoles ratent à chaque fois : un échange désintéressé, libre, sans calcul, sans mise en scène. Les “coopérations culturelles” officielles ressemblent trop souvent à des vitrines en carton-pâte. On exporte une image, on importe une idée, et chacun retourne dans sa zone d’influence. Rien ne bouge, tout se fige.

Mais nous, les “petits”, les “hors-réseau”, on peut, à notre manière, ouvrir une brèche. Il suffit d’un rire, d’un chantier, d’un chant partagé, d’une colère aussi. Il n’y a aucun mal à s’insurger contre la connerie généralisée, contre ceux qui prétendent tout savoir et ne se connaissent même pas eux-mêmes. Et qu'on ne vienne pas nous dire que c’est naïf : on est peut-être “cons”, mais on est sincères, et ça, ça devient révolutionnaire.

S'unir par le bas, bâtir à l'horizontale

Ce que je décris là, ce n’est pas une utopie. C’est une méthode. Un art de vivre. On se parle, on rigole, on bâtit. On se respecte. Et on agit. Sérieusement, mais sans se prendre au sérieux. C’est ça, la révolution culturelle dont on a besoin. Une révolution qui ne se fera ni par les élites, ni par les écrans, ni par les conférences sur “l’interculturalité”.

Elle se fera par les gens. Les vrais. Ceux qui ont de la boue sur les bottes et de la joie dans les yeux. Elle se fera comme un feu de camp qui crépite. Comme une chanson populaire qui traverse les mers. Elle se fera à coups de gueule, ou à coups de gueule de bois, peu importe. Elle se fera ensemble, ou elle ne se fera pas.

Vivre, pas “valoriser”

On ne veut pas “valoriser le patrimoine”. On veut le vivre. On ne veut pas “co-construire des projets inclusifs” : on veut aimer, rire, bâtir, réparer, transmettre. Si ce monde est médiocre, qu’il soit. Nous, on ne le sera pas. On ne le sera plus. Et si on peut être une paire de Forest Gump — Jean-Michel et moi — qui avance comme elle peut, on ira, et on sera suivis. Parce qu’on aura touché quelque chose de vrai.

Comme le disait un autre Charles, pas Baudelaire, mais Trenet : "Il y a de la joie."

Et moi, je me remercie.

Oui, je me remercie d’avoir résisté à l’indifférence.
Je me remercie d’avoir refusé la fatigue, les compromis, le renoncement.
Je me remercie d’avoir bâti quelque chose avec mes mots, mes mains, mes amis.
Je me remercie d’être resté debout, seul parfois, mais debout.
Car personne d’autre ne le fera à ma place.

Et ce n’est pas de l’orgueil. C’est de la survie.
C’est ce que fait un dieu tombé, ou un seigneur sans trône, quand il comprend que tout l’oubli du monde ne vaut pas une seconde de sa propre fidélité.


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Ilyes Bellagha
Architecte, citoyen du Sud insoumis
📧 bellagha_ilyes@yahoo.fr
📞 +216 95 691 165

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