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Billet de blog 3 mai 2018

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CRS à l'ENS ! Venez vite et prévenez un maximum de personnes.

(sms reçu à 11h le 03.05.2018) Donc. Suite à ces dernières semaines.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je ne comprends pas comment peut-on à ce point ne pas se sentir concerné-e par ce qui régit notre quotidien.

239 morts suite à des attentats entre 2015 et 2017.

510 morts de la rue en 2017.

9 819 suicides dont 7 000 sont liés à des dépressions en 2017.

L'assemblée vote contre compter le burn out parmi les maladies professionnelles, l'assemblée vote pour une loi Travail déshumanisante et humiliante, et elle vote pour après seulement deux semaines de débats, avec des séances tenues jusqu'à des heures tellement tardives qu'on ne peut en réalité raisonnablement considérer cette loi comme sérieuse, ou rigoureuse, rationnelle. L'assemblée vote pour protéger le "secret" des affaires des entreprises, l'assemblée vote pour le tri des étudiants par algorithmes, l'assemblée vote une loi d'immigration qui a révolté une trentaine d'associations, mais l'assemblée vote pour et nous sommes témoins de harcèlement, de rafles, de camps et de déportation de plus en plus violentes, avec une police dont l'agressivité s'intensifie à mesure qu'on parle de "terrorisme", un terrorisme qui me semble relatif quand je pense aux 7 000 dépressions ayant mené au suicide l'année dernière, quand je pense à l'agressivité des représentant-e-s de l'état qui se baladent avec des armes létales tranquillement dans la rue, avec cette violence qui n'est pas la mienne devenue monnaie courante — alors que la majorité d'entre nous n'avons pas voté pour élire ces député-e-s-là, l'assemblée vote les lois venues de Macron, qu'à nouveau, nous sommes une majorité à n'avoir pas désiré à ce poste. Alors ma mémoire immédiate s'impatiente sérieusement.

[https://posezcivile.files.wordpress.com/2018/04/sachez-savoir-allumer-ce-qui-brille-saint-etienne-planches1.pdf]

Personne ne vient voter aux législatives, personne ne se déplace en manifestation, on attend que la révolution passe, en fustigeant le black bloc autant que la politique de Macron, et je ne comprends pas comment on peut dire qu’il faut que les choses changent et puis penser que cela se fera sans nous.

Toutes les forces présentes sont nécessaires. Toutes. Inconditionnellement. Les indépendant-e-s sont aussi touché-e-s par ce qui arrive. Les architectes le sont aussi, les artistes, les magazines et maisons d’édition, les salariés des grosses boîtes...

J’ai compris quelque chose en mettant pour la première fois les pieds dans l’École Normale Supérieure hier.

J’ai compris parce que l'ENS est située dans la même rue que l'ENSAD, l'École nationale supérieure des arts décoratifs, à deux pas du monument aux Morts, trois du lycée Louis le Grand, du lycée Henri IV, compris que l’élite se décuple en deux à la post-adolescence. Les créatifs créatives, et les matheux matheuses, littéraires. Les premièr-e-s mettront probablement leurs convictions de côté au moment de vendre leur art, les seconds mettront leur talent au service d’un métier qui probablement leur fera mettre de côté leurs « convictions » à un moment donné également. C’est en privé, dans notre intime qu’on s’autorise à dire ou penser ce qu’on pense. Mais de quel droit suivons-nous les règles qui nous demandent de nous dédoubler ainsi dans ce qui structure nos identités propres ? De quel droit pouvons-nous ne pas agir dans le sens de notre pensée ?

Comment peut-on aujourd’hui vendre son art à Bernard Arnault ou Vincent Bolloré, ou être le directeur financier de la BNP Paribas ?

Comment peut-on travailler chez Flammarion et ne pas se déplacer dans la rue actuellement ?

Pourquoi tout continue encore à produire ? Qui ose ne pas se solidariser de la grève des cheminot-e-s, des étudiant-e-s, des profs, des postier-e-s, et autres ?

Qui est ce milieu du cinéma, ce milieu du théâtre, ce milieu musical, ce milieu de l’édition, ce milieu des starts-ups, ce milieu des galeries, ce milieu des agences de voyage, ce milieu des librairies, ce milieu des vendeurs vendeuses, ce milieu du milieu toujours prêt à défendre les causes perdues dans l’histoire mais qui ne comprend toujours pas ce qui se joue au présent ? Qui n’est toujours pas prête à considérer le présent comme quelque chose de l’ordre de la présence, de modulable. Qui s’efface par conséquent devant le passé du présent, lui coupant son futur possible.

Ce milieu du milieu qui ne veut pas admettre la nécessité de lutter parfois, pour défendre sa pratique, sa société, sa façon d’éduquer les enfants, sa façon de se soigner, sa façon de se rencontrer humains humaines (contrôler/être contrôléE) et qui préfère continuer à soit se dédoubler avec un job alimentaire soit se dédoubler en travaillant pour un riche désaxé désaxant.

Qui êtes-vous à fustiger la violence des casseurs sans considérer la pauvreté de votre information, sans considérer le black bloc, le cortège de tête, sans considérer l’argent volé par Renault, par McDo, les conditions de travail de leurs employé-e-s, sans considérer l’argent volé par les fraudes fiscales, sans considérer l’argent que coûte l’équipement d’un CRS au budget de l’État. Pour une seule bombe lacrymogène : 80 euros.

Qui êtes-vous à ne pas savoir l’heure qu’il est actuellement au Parlement ou à la fac ? Et qui êtes-vous à continuer de travailler comme si de rien n’était ?

Qui êtes-vous à ne pas vous parler entre vous pour voir comment une grève se pourrait faire ? Ou bien comment un soutien se pourrait être apporté ?

Qui serez-vous dans 10 ans, une fois que Trump et Macron auront pu dessiner le monde selon leurs désirs, qui serez-vous ?

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