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Un an après #metoo, quelques mois seulement après que l’École des Beaux-Arts de Paris a été touchée de plein fouet par ce mouvement conduisant au départ de Jean-Marc Bustamante, l’actuel directeur du Palais de Tokyo Jean de Loisy est en passe d’être nommé directeur de l’école. Alors que le gouvernement affiche des objectifs de parité et de diversité, comment accepter que cette nomination soit la réponse adéquate au désir de réforme exprimé cette année par les étudiant·e·s de l’école ?
Certains positionnements nous semblent essentiels au projet d'une école du XXIème siècle, notamment celui qui consiste à porter son regard vers les questions sociales, culturelles et politiques qui bouleversent et animent le monde d'aujourd'hui. Ces positions, nous ne pensons pas que Jean de Loisy soit à même de les porter aussi résolument qu'il le faudrait. Nous ne voyons pas en lui une personnalité représentative, en termes d’expérience personnelle et professionnelle, de la diversité indispensable à la construction intellectuelle de futur·e·s artistes. Fort d’un accès privilégié au savoir et au pouvoir, Jean de Loisy occupe depuis plusieurs décennies le terrain des institutions artistiques françaises sans jamais porter un projet émancipateur ni défendre une inspiration critique. Il multiplie les activités sans reconnaître que l’époque appelle au renouvellement et au travail collectif plutôt qu’à la concentration des pouvoirs dans les mains des mêmes.
Il est le symbole d'une hégémonie, hégémonie qu'il n'est bien sûr – et hélas – pas le seul, malgré ses nombreuses attributions, à concentrer aujourd'hui au sein des structures institutionnelles censées être au service de l'art, des artistes et des futur·e·s artistes en France. Cette hégémonie est le fait d'une politique qui peine toujours à saisir qu'il ne s'agit pas seulement de représenter toutes celles et ceux qui appartiennent au monde d'aujourd'hui, mais de les inclure pleinement à tous les niveaux de responsabilité et au cœur de la création contemporaine. Il s’agit d’un enjeu crucial : repenser radicalement la nature des hiérarchies qui conditionnent encore la production artistique de notre temps.
Il y va aussi de ce que nous entendons par pédagogie. La pédagogie doit relever d'un projet, elle implique une durée, une vision à long terme et une ouverture, une curiosité, la possibilité d'être déstabilisé·e par les œuvres et les discours des artistes en formation. Une véritable pédagogie doit être consciente qu'elle va avoir à faire avec ce qu'elle ne connaît pas encore. Il faut du temps pour laisser cette place indispensable à l'inconnu, à la nouveauté, à la rupture. C'est là la beauté de leurs contradictions : la nouveauté et la rupture en art (et en toutes choses) ne se fabriquent pas en peu de temps, elle sont le fruit d'un très lent, très patient processus.
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Signataires :
Isabelle Alfonsi, galeriste ; Marie Angeletti, artiste et enseignante ; Laëtitia Badaut-Haussmann, artiste ; Diana Baldon, directrice Fondazione Modena Arti Visive, Italie, Stéphane Barbier-Bouvet, designer ; Eva Barto, artiste ; Éric Baudelaire, artiste ; Cecilia Becanovic, galeriste et enseignante ; Tiphanie Blanc, critique d'art ; Julia Blondeau, compositrice ; Virginie Bobin, doctorante en arts, curatrice ; Florence Bonnefous, galeriste ; Marie Canet, critique ; Ève Chabanon, artiste ; Yann Chateigné, critique, curateur, enseignant ; Cheapest University, école expérimentale ; Camille Chenais, commissaire d’expositions ; Mathilde Chénin, artiste et doctorante en art ; Gaëlle Choisne, artiste ; Anna Colin, co-directrice, Open School East, Margate, Royaume-Uni ; Julie Crenn, critique d’art et commissaire d’expositions ; Florence Derieux, commissaire d’expositions ; Vanessa Desclaux, commissaire d'expositions et enseignante; Juliette Désorgues, commissaire d'expositions et écrivaine ; Rebecca Digne, artiste, DOC, espace collectif de production et de diffusion artistique ; Anne Dressen, commissaire d’expositions ; Cédric Fauq, commissaire d'expositions indépendant, assistant curateur Nottingham Contemporary, Royaume-Uni ; Arthur Fouray, artiste, commissaire d’expositions ; Jill Gasparina, critique, enseignante, chercheuse et curatrice ; Vanina Géré, historienne d'art et enseignante ; Catherine Gonnard, essayiste ; Lola Gonzalez, artiste vidéaste, Dominique Gonzalez-Foerster, artiste ; Emmanuel Guillaud, artiste ; Patrice Joly, directeur de la revue 02 ; Pierre Joseph, artiste et enseignant ; Flora Katz, critique d’art ; Elisabeth Lebovici, critique d’art ; Paul Maheke, artiste ; Chloé Maillet, artiste et chercheuse ; Guillaume Maraud, artiste et chercheur ; Chus Martinez, directrice, Art Institute Basel, Suisse ; Mélanie Matranga, artiste et enseignante ; Édouard Montassut, galeriste ; Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou, commissaires d'expositions ; Lucas Morin, commissaire d’expositions ; Pascale Obolo, cinéaste, commissaire indépendante ; Mai-Thu Perret, artiste et enseignante ; Paul B. Preciado, philosophe, commissaire d’art ; Émilie Renard, curatrice ; Georgia Renée-Worms, artiste et auteure ; Lili Reynaud-Dewar, artiste et enseignante ; Manuel Segade, directeur du CA2M Móstoles, Madrid, Espagne ; Liv Schulman, artiste ; Bruno Serralongue, artiste et enseignant ; Barbara Sirieix, commissaire d’expositions ; Bettina Steinbruegge, directrice Hamburger Kunstverein, Allemagne ; Eva Svennung, commissaire d’expositions ; Françoise Vergès, politologue ; Marie Voignier, Artiste ; Giovanna Zapperi, historienne de l'art et professeure...
Pour signer, c'est ici.