Quand Netanyahu annonçait le génocide à Gaza avec cynisme et culot.
Nous avons usé et abusé de tous les qualificatifs, adjectifs, adverbes et verbes pour décrire, en partie seulement, ce génocide programmé et en cours d'achèvement. Destruction de tout ce qui permet la vie : hôpitaux, écoles, universités, plantations, industries, édifices religieux et administratifs (y compris cadastres, impôts, police), cimetières. En résumé, un pays qui retourne à l’âge de pierre. L'humanité a été anéantie (1). Toutes les organisations indépendantes défendant l'humanité attestent du génocide en cours (2). Le discours d'un philosophe israélien est poignant, car il engage l'avenir, à l'instar de celui d'un rescapé de la Shoah, professeur israélien d'études sur l'Holocauste, Amos Goldberg (4). On entend également celui de la veuve du regretté Stéphane Hessel, qui, comme son mari, a défendu avec passion la création d'Israël, et qui, sans remettre en cause l'État hébreu, , appelle enfin à avoir le courage de reconnaître la Palestine, qui, en 1948, devait occuper 52 % du territoire et que les multiples décisions de l'ONU et du Conseil de sécurité appellent toujours du bout des lèvres, et qui reconnaît la solution dite des deux États (5).
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Faut-il insister sur le crime d'extermination par privation d'eau, après la destruction de toutes les structures de désalinisation et d'entretien des eaux (6) ? Tout le monde est terroriste, des enfants de 4 ans aux personnes de 90 ans, et bien entendu les femmes aussi. Par conséquent, on tire au nord de Gaza, territoire destiné à être occupé par Israël, sur tout ce qui bouge (7), avec une estimation de 150 000 à 180 000 morts selon le Lancet, en tenant compte des morts sous les décombres des 80 % de bâtiments détruits (8). Quand 96 % des enfants pensent que leur mort est imminente et que 49 % d'entre eux souhaitent mourir, il y a lieu de s'inquiéter (9). Les commentaires de cette soldate/officier font froid dans le dos (10). Quand on tue des personnes qui se dévouent pour nourrir les affamés dans des images que ceux qui contestent le génocide feraient bien de regarder, et qu'on détruit le seul hôpital du nord de Gaza, emprisonnant les médecins et le directeur de l'hôpital, et que les malades doivent se débrouiller sans lieu dédié, sans électricité et sans le minimum permettant, par exemple, de garder des nourrissons dans des couveuses !
On peut débattre sans fin sur la notion de génocide, mais sur le terrain, elle est dépassée. Tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit bel et bien d'un génocide, remplissant toutes les cases requises (13, 14, 15). Les médias occidentaux portent une lourde part de cette catastrophe en niant systématiquement les faits ou en les habillant de périphrases et en maquillant la réalité (16, 17). On estime à plus de 40 000 le nombre de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, sans jugement (y compris des enfants de 12 ans), souvent humiliés et torturés, en s'appuyant parfois, ironie de l'histoire, sur des lois datant du mandat britannique et mises à l'ordre du jour et aggravées.
Enfin, un moment d'anthologie. Dans un rare moment de vérité, une caméra cachée en 2001, Netanyahou dévoile toute la splendeur de son cynisme : « Oui, je veux tout le territoire, oui, les frontières de 1967 sont dépassées, oui, les accords d'Oslo ne tiennent pas, car ils ne sont pas précis, je peux mettre des installations militaires partout et le temps de les transformer en colonies. Oui, je n'ai pas cessé d'humilier les Clinton et autres présidents, car 80 % des Américains me soutiennent et je sais comment les gérer et les apprivoiser. Regardez comment j'ai pu aussi jouer de l'ONU, etc. (18) De grâce, cessons de baratiner sur la solution à deux États et regardons la réalité en face : Israël va occuper toute la terre de Palestine en se débarrassant du maximum d'autochtones. Ce n'est que dans ce contexte que l'on peut comprendre le génocide de Gaza.