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Billet de blog 24 avril 2024

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Traiter l’autisme : au-delà de la psychanalyse et de la génétique!

Contrairement à une idée répandue l'autisme n'a ni une origine "psychanalytique -la faute à la mère- ni génétique -la faute à pas de chance et à une mutation...

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On aime les choses simples dans le monde moderne, numérique, blanc ou noir, 0 ou1! l’autisme c’est au choix la faute de la mère ou la pas de chances génétique. Or les 2 sont faux ! l’idée de la faute à la mère est née dans l’esprit d’un psy tordu, qui n’a aucune base scientifique, ne serait-ce que parce que le syndrome « naît  » pendant la grossesse. Il est marrant de noter que cette aberration n’a de prise encore un peu dans les pays de tradition catholique Vaticane ; chez les protestants et autres anglicans, elle n’a pas vécu longtemps ; il faudra examiner les relations entre politique, religion, droite extrême et paternalisme pour comprendre cette aberration !

Pour la génétique, les faits sont tout aussi têtus. Malgré des centaines de mutations identifiées et suggérées liées à l’autisme, dans l’écrasante majorité des centres on trouve très peu d’enfants autistes ayant une mutation génétique. Pour décider que X % – allant de 15 à 80% selon l’humeur du moment- ont une cause génétique, nos généticiens se basent sur une approche statistique fausse, une combinaison d’analyse de fragments d’ADN et/ou de jumeaux homo ou di-zygotes qui toutes les deux souffrent de conditions qui ne sont pas respectées. Juste un exemple- pour combiner des fragments d’ADN (technique dite du GIWAS) il faut que les éléments soient indépendants entre eux et de l »environnement. Ne sachant pas ce qu’ils codent, on ne peut pas décréter qu’ils sont indépendants, on mélange donc des facteurs inconnus. Quant à l’environnement que ces messieurs ignorent superbement, on ne peut le déterminer que dans des animaux/plantes élevés en batterie. Répétons-le encore une fois à haute voix, l’homme est un animal sociétal, très influencé par l’environnement. L’autisme naît in utero et d’ailleurs ; comme nous l’avons montré récemment, on peut identifier 96% et environ la moitié des bébés dès la naissance qui ne seront pas ou seront autistes plus tard, se basant uniquement sur les paramètres de la maternité recueillies normalement dans toutes les maternités de France et de Navarre, sans aucune info génétique. Une pléthore de facteurs extra ou intra- environnementaux augmentent l’incidence de l’autisme- infections bactérienne ou virale, pollution, pesticides, stress aigu, obésité et problèmes cardiaques etc. de plus, dire que l’ADN c’est tout est ringard alors que clairement l’épigenèse- ce mécanisme qui contrôle l’expression des gènes- joue un rôle majeur et est de surcroît transmis sur plusieurs générations. En résumé, oublier que l’homme est avant tout un animal sociétal nous amène à ignorer l’importance des relations parentales, de l’école, bref tout ce qui atténue et corrige les malchances de la nature.

Dire que l’autisme ce sont des gènes et synapses, c’est un peu court. Quasiment toutes les maladies cérébrales impliquent des altérations synaptiques et une synapse ce sont des centaines de protéines et de mécanismes de régulation complexes, ce n’est pas une cible exploitable pour développer un traitement. Pour traiter, il va falloir aller plus loin et identifier des cibles précises et là on en est loin. Sur 289 essais cliniques répertoriés dans US.Trials.gouv – la Mecque des essais cliniques, on apprend qu’aucun des 289 essais cliniques n’a de substratum génétique. Et pour cause, car la critique majeure de la génétique pour traiter les patients est qu’il s’agit d’une vision rigide, une (ou des) mutations en lien direct avec le syndrome ; comme si rien d’autre ne se passait in utero. Or le propre du cerveau est son extraordinaire dynamisme et plasticité, une image de cerveau à l’instant T n’est plus valable quelques minutes plus tard et à fortiori s’agissant d’un embryon, ou tout change à une vitesse Grand V. Nous et beaucoup d’autres avons montré qu’un évènement pathologique produit une cascade de modifications qui sont in fine la cause finale de la maladie – pas l’évènement inaugural. IL N’Y A PAS DE LIEN DIRECT ENTRE UNE CAUSE ET SES CONSÉQUENCES. Le traitement doit concerner ces modifications et donc sur le plan thérapeutique, la mutation a peu d’intérêt, elle permet juste de tester chez l’animal des hypothèses qui seront ou pas validées chez l’homme et qui de toute façon, sachant l’extraordinaire hétérogénéité du syndromes autistique, ne vont concerner que quelques enfants au mieux.

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