Contactée par téléphone au Centre de Rétention, la famille raconte :
« Je m’appelle Giorgi, j’ai 13 ans. Ma sœur (Anamaria, 10 ans) devait faire sa rentrée demain ; moi, c’était vendredi, en 5éme.
Le matin (mardi 30 août) à 8h, la police est venue chez nous, nous dire que nous allions à Toulouse pour rentrer dans notre pays.
Je ne comprends pas : mes parents vont tous les jours au commissariat pour signer l’assignation à résidence. Mon père travaille depuis 1 an et demi en tant que maçon bénévole pour une association.
Nous ne savons pas ce qu’il se passe. Aujourd’hui (mercredi 31 août), on nous a dit de monter dans l’avion pour retourner en Géorgie. Les policiers ont porté nos bagages ; mon petit frère Gabriel dormait dans les bras de Maman.
Arrivés à l’aéroport, nous avons refusé de monter dans l’avion. Là-bas, nous sommes menacés de mort ; c’est pour cela que nous sommes venus en France, ce pays de liberté.
Moi, je voulais juste aller à l’école et revoir mes ami.e.s de l’année dernière mais demain nous passons au tribunal. On ne sait pas ce qu’il se passe, on attend l’avocate.
Au Centre de Rétention, nous sommes dans une grande pièce, juste entre nous. Nous avons pu nous doucher et nous changer ».
Le RESF 31 appelle à une mobilisation en ce jour de rentrée scolaire (01.09.2022), à 14h, devant le Tribunal Judiciaire (2 All. Jules Guesde, 31000 Toulouse). La famille passera devant les Juges des Libertés et de la Détention pour statuer sur son sort.

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De l’enfermement en CRA au silence des médias
Pas d'enfants au CRA de Cornebarrieu !
Rassemblement à 14h au Tribunal de Grande Instance de Toulouse.
Le rendez-vous est pris. La famille doit passer devant les Juges des Libertés et de la Détention (JLD) à 14h. Une poignée de militant.e.s RESF, Cimade, Cercle des Voisins et autres sont présents. Les médias brillent par leur absence alors que la veille, ils reprenaient en cœur le fait que 1600 enfants scolarisés n’avaient pas d’hébergement. Certains avançaient même le chiffre de 1 658. Le nombre est précis.

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14h, donc… Dans la salle numéro 3, c’est Monsieur qui attend sur le banc des prévenus. D’ailleurs, il n’est pas le seul : deux autres bougres attendent aussi, chacun avec son escadron de policiers. (3 prévenus, 8 policiers, 7 militant.e.s associatifs et une traductrice dans la salle), et autant de policiers à l’extérieur de la salle d’audience.
Le juge fait passer Monsieur en premier. Il est désigné comme « l’intéressé » dans l’enceinte de la salle d’audience. Comme si la personne n’était qu’un statut juridique dans une administration déshumanisée, sans nom de famille.
Sa femme est restée au Centre de Rétention avec les enfants. Quand le tour de Monsieur sera passé, il devra vite retourner au CRA (avec son escadron) pour rester avec les enfants pendant que Madame sera elle aussi jugée. Mais jugée pour quoi exactement ?
La famille vient quotidiennement au commissariat signer son assignation à résidence. Le père est maçon bénévole dans la structure d’hébergement qui les accueille et les enfants sont scolarisés. Aucune tache dans leur dossier, mais le chiffre de la politique migratoire fait qu’il faut expulser.
D’ailleurs, n’y a-t-il pas de JLD dans le Cantal ? Si, mais il était certain que la demande de la Préfecture n’était pas justifiée.
L’ordonnance des JLD d’Aurillac n’est pas conforme à la mise en rétention. Alors que tous les éléments du dossier n'étaient pas arrivés entre les mains des Juges, ceux-ci n’auraient jamais dû avoir le pouvoir de décider de la mise en rétention de la famille. Et c’est ce qu’ont très bien compris les Juges ( JLD) de Toulouse. C’est pourquoi ils ont demandé la remise en liberté le jour même.
L’avocat rappelle un fait simple à la barre : la situation déshumanisée d’enfant enfermé en rétention. « Il a été décidé que Monsieur soit au tribunal et que Madame garde les enfants. Mais, Monsieur le Président, si vous pouvez les mettre en rétention, on peut considérer qu’ils peuvent assister à ce procès [...] Pourquoi faire comme si les enfants n’existaient pas ? Dans les dossiers, on ne parle jamais d’enfants mais de « famille », et dans la procédure non plus. Par exemple, il y a eu une évaluation de vulnérabilité, et personne ne se demande comment le petit Gabriel (2 ans et demi) vit cette période de privation de liberté. Je comprends qu’on ne veuille pas les faire venir à l’audience, mais il ne faut pas les oublier ».
Pour rappel, la France a été condamnée à six reprises, par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, pour la mise en rétention d’enfants.

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