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Billet de blog 22 novembre 2021

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Anasse Kazib, c'est l'histoire d'un mec...

Comme un Franc-tireur Partisan Anasse Kazib se jette dans l'arène, le regard droit et la parole franche. Anasse le syndicaliste, Anasse candidat à la présidence sait ce qu'il veut pour la classe ouvrière et la jeunesse en galère. Le poing serré et la verve tranchante, il a le discours qui ne faillira pas comme ces autres cadors de la politique qui n'ont qu'un souci : le pouvoir

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qui es-tu Anasse ?

Je suis Anasse Kazib, j'ai 34 ans, je suis cheminot à la SNCF en tant qu'aiguilleur de train depuis 2012 et père de deux enfants. D’où je viens ? Je suis né à Sarcelles et je vis dans le 93 à Epinay-sur-Seine et je suis candidat à la présidentielle pour et avec Révolution Permanente.

Nous essayons de porter une candidature pour la classe ouvrière, pour les quartiers populaires, pour la jeunesse, de porter un discours offensif, déterminé, révolutionnaire et anticapitaliste dans la période. Voilà comment je pourrais me présenter.

Tes interventions ?

Les gens me connaissent par les actions que j'ai pu mener, que je mène toujours et que je mènerai à l’avenir. Je suis toujours militant syndical à Sud Rail à la SNCF. On a mené des batailles importantes notamment lors de la réforme du ferroviaire et sur la réforme des retraites en 2019.

Les gens peuvent me connaître aussi par ma présence médiatique, j'étais pendant près de deux ans aux "Grandes Gueules" en tant qu'intervenant et puis de temps en temps, je suis amené à passer dans les différentes télés en fonction des moments où l'on m'invite.

Pourquoi Révolution Permanente ?

Révolution Permanente, c'était une tendance dans le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) dont je me suis rapproché durant les grèves de 2016 contre la loi El Khomri. Justement, parce que j'ai fait mon expérience dans cette bataille, j'ai mis beaucoup d'énergie, beaucoup d'espoir.

Comme je le dis souvent, en 2012, j'ai voté François Hollande pour faire barrage à Sarkozy. Pour moi, dans mon imaginaire, le Parti socialiste, c'était ce qui représentait la Gauche. C'était la première fois que je votais. Je l'ai pris de plein fouet. L'ensemble des attaques avec l'histoire du Burkini, la déchéance de nationalité et bien sûr les réformes autour de la loi El Khomri, la mise en place du CICE, le crédit impôt compétitivité pour les entreprises... Quand j'ai vu ça, je me suis dit que ce que je considérais comme un gouvernement de Gauche et élu proposait des réformes encore mieux ficelées que celles de la Droite. Ou peut-on aller ?

C'est ta première fois en politique, de quel courant viens-tu ?

J'ai mon expérience syndicale. J’ai l’expérience du rôle des directions syndicales et de leur rôle très pacifique à proposer des stratégies de grèves perlées, de journées de saute-mouton, des stratégies que je qualifie de "stratégie de la défaite" pour éviter qu'il y ait dans ce pays une généralisation de la grève, qu'il y ait des luttes et de l'auto-organisation.

La première fois où je rencontre les camarades de RP, c'est notamment à Nuit Debout où ils/elles tenaient des stands. Ils/elles venaient sur nos piquets de grève pour discuter avec nous. C'est la première fois où l'on me parlait de Trotski, parce que oui, nous sommes un mouvement politique Trotskiste et Marxiste.

Je n'en avais plus entendu parler depuis 20 ans, mes années collège où on nous parlait de Trotski, Lénine, Staline sans rien comprendre à part les goulags ou avec un imaginaire de terreur de ce qu'est le Communisme. Finalement, les premiers textes de Trotski que j'ai lu m'ont parlé énormément notamment autour de la question des directions syndicales et j'avais l'impression que le gars avait écrit les textes au moment de la loi El Khomri. J'ai trouvé une fraîcheur dans le Trotskisme alors que c'étaient des textes qui avaient parfois 80 ans. Donc, oui, ça m'a impacté et du coup, j'ai commencé à m'intéresser à RP.

En quoi Révolution Permanente parlerait/rassemblerait plus que le NPA ?

Je ne connaissais pas le NPA. La première fois que l'on m'en a parlé, il fallait utiliser le nom de Besancenot que j'avais identifié comme "le facteur" mais sans plus. Alors, oui, c'est quelque chose qui m'a interpellé en tant que militant d'extrême gauche. Comment se fait-il que ces structures, qui sont censées parler à la classe ouvrière, à la jeunesse et aux quartiers populaires, parce que ça défend ces valeurs-là, comment ça se fait qu'ils ne nous parlent pas et nous connaissent pas ? Comment ça se fait qu'il y ait si peu d'ouvrier.e.s dans ces structure-là ? Comment ça se fait qu'il n'y ait quasiment pas de gens des quartiers populaires ou de jeunes racisé.e.s comme moi et qu'aujourd'hui il faut faire le bilan sur ces 5 dernières années et que l'extrême gauche n'attire pas ?

Elle a loupé le rendez-vous des Gilets Jaunes, les rendez-vous des dernières réformes, les rendez-vous autour de Black Lives Matter, etc.

Aujourd'hui, j'ai rejoint RP parce que la logique de ce que l'on qualifie de "centralité de la classe ouvrière", c’est-à-dire de remettre au centre la classe ouvrière pour prendre à bras-le-corps l'ensemble des luttes. C'est assez drôle quand dans Marianne ou Le Point ils vont nous traiter de "Woke[1]" ou quand ils vont dire "Anasse Kazib, c'est le Marxiste qui s'acoquine avec les décoloniaux". C’est-à-dire que pour eux, ils ont toujours eux cette vision et lecture du Marxisme qui est pour le dire de cette manière-là, "le Cégétiste, blanc qui défend uniquement la lutte contre le capitalisme pour la retraite" par exemple.

Mais pour eux, le Marxiste qui viendrait défendre les droits aux LGBTQI, qui viendraient dénoncer les violences policières ou le racisme d'état, c'est "le Marxiste qui s'acoquine aux décoloniaux".

Tu ne fais pas l'unanimité dans à l'extrême Gauche…

Je viens aussi à l'encontre de tout cela, à rebours ou à contre-courant juste parce que j'essaie de remettre au goût du jour ce Trotskisme, cette lecture de classe de la situation et aussi avec la capacité d'incarner quelque chose de nouveau. Je suis ouvrier, je suis issu de l'immigration et j'ai envie de parler à cette jeunesse des quartiers populaires, à cette classe ouvrière et a toutes cette génération qui a été dans le mouvement des Gilets Jaunes, qui a lutté contre la réforme des retraites, à la RATP, à la SNCF, dans les raffineries et autres pour dire qu'on mérite beaucoup plus que de s'excuser, que de faire des candidatures de témoignage, que de dire pardon... Non ! Je dis que c'est nous qui faisons tourner l'humanité, c'est nous qui faisons vivre le monde.

On l'a vu de manière frappante durant la crise du Covid. Il n'est pas normal que ce soit une poignée de parasites, une poignée de bourgeois qui détienne l'ensemble des richesses de l'humanité, qui continue à nous exploiter et à nous opprimer.

Aujourd'hui, tout augmente sauf nos salaires. On essaye de se réapproprier l'espace politique, se réapproprier le terrain, parce que c'est nous qui le faisons vivre et trop souvent on nous a fait croire que les présidentielles c'est le terrain des hommes et des femmes providentiels, des grands partis, des militants politiques qui sont du "sérail médiatico-politique".

Au contraire, je dis que la politique, c'est à nous de la faire. C'est à la classe ouvrière de reprendre le pouvoir et c'est pour cela qu'aujourd'hui je suis candidat avec une équipe qui n'est plus dans le NPA.

Au sein même du NPA on nous a fait barrage. On nous a empêché de porter ma candidature et pour le dire de la façon la plus diplomatique possible on nous a poussé vers l'extérieur notamment par des aspects très anti-démocratiques. Cela ne vient pas de moi, mais de Philippe Poutou, lui-même il n'a pas envie d'y aller. Il dit souvent cette phrase "J'ai l'impression que je prends la place de quelqu'un d'autre". Effectivement, il faut qu'il s'interroge. Comment ça se fait que le NPA disait "deux mandatures" et que maintenant c'est une troisième. D'autant que nous avons autant de parrainage que le NPA alors que nous sommes un groupe de 300 militant.e.s là où ils revendiquent plus de 1 300 personnes ? C'est que notre candidature intéresse. Nous n'avons pas leur expérience dans la présidentielle, nous n'avons pas la tradition de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) ou du NPA.

Nous menons notre barque, mais pas seul.e.s parce qu'il y a beaucoup de soutiens. C'est à l'image de cette salle. Elle est jeune, elle est de ce que les gens dans médias qualifient de "diversité", elle est issue des quartiers populaires et c'est cette jeunesse qui parfois fait la queue pour des colis alimentaire. Elle est là, elle lutte contre le patriarcat, contre le capitalisme, contre les violences policières et contre le racisme d'Etat et je suis fier que ma candidature donne à cette classe jeunesse et cette classe ouvrière l'envie de se politiser ou de se repolitiser et de se dire "on ne sait pas si Anasse il va être élu ou quoi que ce soit, mais on va essayer de porter Anasse le plus haut possible".

Je pense qu'envoyer ce message à la bourgeoisie et face à la monté des Zemmour, des Le Pen et autres, de dire que "nous, nous allons propulser un candidat ouvrier issue de l'immigration au plus haut », va être une situation totalement différente si on peut se dire qu'un ouvrier, demain, peut prétendre à la présidentielle.

Comment se passe cette course politique ?

La présidentielle est totalement anti-démocratique. C’est-à-dire qu'on empêche les personnes comme moi d'être candidates à travers ces 500 parrainages. Les grands partis arrivent à les avoir parce qu'ils ont des Maires encarté.e.s et que pour nous c'est difficile parce que pour un Maire d'une petite commune ça peut porter préjudice ; surtout depuis que la réforme institutionnelle a été mise en place et qu’il a été décidé de rendre publique les parrainages. Les Maires sont tétanisé.e.s pour ceux et celles qui ne sont pas forcément d'extrême gauche mais qui auraient envies de me parrainer et craignent de se voir couper leur subvention notamment de région ou de département, et courent le risque de perdre la prochaine élection municipale.

Nous avons aussi un barrage financier. Même les banques nous empêchent d'avoir un compte Pro. pour pouvoir faire un appel aux dons. Ca pèse sur nous parce qu'on est des ouvrier.e.s, des étudiant.e.s et qu'on fait ça sur nos propres deniers , qu'on a besoin d'argent,  de soutiens et de forces pour faire en sorte que ma candidature puisse être sur la ligne de départ face à Zemmour, face à Macron et face à Le Pen.

Il y a les médias qui m'invisibilisent. Le peu de fois où l'on va m'inviter c'est pour me demander de commenter ce qu'ont fait les uns ou les autres, ou de sortir des épiphénomènes réactionnaires et des offensives racistes pour me demander pourquoi il n'y a pas de drapeau Bleu, Blanc, Rouge dans mes rassemblements alors qu'on ne l'a jamais demandé à Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud ou Philippe Poutou. Parce que je m'appelle, Anasse, que je suis d'origine Marocaine, on ne se gêne pas.

Quand je dis que mon drapeau, c'est le drapeau Rouge, Internationaliste et Révolutionnaire, on se permet de me dire "Retourne chez toi".

Je ne sais pas où je dois retourner, je suis né à Sarcelle dans le 95. Et peu importe où l'on est né.e. Nous n'avons pas à accepter ça. Je suis candidat à la présidentielle, j'ai un discours qui parle à beaucoup de monde et on se permet de me menacer de mort[2] ? Je reçois quotidiennement des insultes racistes et xénophobes.

Quand Zemmour va jeter un papier par terre, il y a 200 caméras qui viennent. Quand je me déplace dans une ville comme Toulouse pour le lancement de ma campagne il n'y a aucune caméra. Que ce soit l'AFP, BFM ou C-News, ça ne les intéresse pas de montrer ce qui se passe et ils continuent d'invisibiliser.

Depuis le début de la présidentielle, je ne sais pas dans quel meeting il y a autant de jeunes qu'aujourd'hui, autant de personnes de tous horizons qui sont là pour un meeting à Toulouse préparé en même pas deux semaines. Je suis fier qu'il y ait autant de monde que ce soir.

Donc je le dis à celles et ceux qui nous soutiennent, "continuez à me soutenir pour faire en sorte que cette candidature puisse aller le plus haut possible, qu'on puisse avoir ces 500 parrainages et qu'on puisse les mettre à l'amende sur les plateaux télé et leur montrer que la classe ouvrière est là et ne se laisse pas piquer l'espace politique avec la monté des idées de Zemmour, de Le Pen, contre l'immigration, contre les musulmans. Nous allons porter des idées révolutionnaires et progressistes, pour la classe ouvrière, pour la jeunesse qui galère".

Bref, Anasse Kazib, c'est l'histoire d'un mec qui n'est pas près de lâcher.

Illustration 1
Meeting de lancement de campagne d'Anasse Kazib à Toulouse le 18 novembre 2021 © ben art core

[1] Woke "Se réveiller" : Termes pour dénoncer le racisme et les violences policières.

[2] Thierry Veyrier, délégué départemental adjoint du Rassemblement National dans le Val-de-Marne lui à proposé par Tweet un "grand rapatriement" accompagné d'une photo de plusieurs personnes pendues.

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