Quand les jeunes des quartiers populaires sont condamnés à de la prison.Eux, on les enferme. On les entasse dans des cellules surpeuplées, on les prive de lumière, d’espoir, de dignité.
Leurs familles attendent, le cœur lourd, devant les grilles du parloir, ces portes qui ne s’ouvrent que pour les humilier un peu plus. Personne ne vient leur serrer la main.
Ils sont les oubliés d'un système qui les a déjà condamnés avant même de les juger . Pas de présomption d’innocence pour eux, juste le poids écrasant d’une justice qui semble avoir décidé qu’ils ne méritaient pas sa clémence.
Et puis, il y a l’ancien président. Condamné pour association de malfaiteurs. 0n, le libère après vingt et un jours . Vingt et un jours, comme une formalité, une simple parenthèse dans une vie de privilèges. On évoque son "bon comportement", on lui accorde des égards, des visites officielles.
Qu’il mérite, lui, une clémence que des milliers d’autres n’oseront jamais espérer. Où est l'égalité ? Quand un homme bénéficie d’un traitement que l’on refuse à ceux qui n’ont rien ? Quand on lui ouvre les portes de sa cellule comme on accueille un invité de marque, tandis que d’autres, pourrissent dans l’indifférence générale ?
Et puis, il y a cette visite. Le Ministre de la Justice en personne qui se rend en prison pour saluer l'ancien président. Pour , s'assurer de sa sécurité . Comme si c’était normal. Comme si c’était naturel. Comme si la République n’avait pas à rougir de voir un de ses plus hauts représentants offrir un soutien à un homme condamné.
Un mépris à tous ceux qui croient encore que la loi doit être la même pour tous, à ceux qui, dans les quartiers, les prisons, les tribunaux, subissent chaque jour les rigueurs d’un système qui ne leur accorde aucune clémence. Cette justice à deux vitesses, ces privilèges indécents. Parce que la justice, ce n’est pas seulement punir. C'est être juste.
C’est traiter chaque citoyen avec la même rigueur, qu’il soit président de la République ou sans-abri. C’est refuser que les larmes des uns valent plus que celles des autres. C’est rappeler que personne n’est au-dessus des lois.
La dignité d'un pays se mesure à la façon dont il traite ses citoyens pas seulement ceux qui ont de l’influence, de l’argent, ou des relations. De ceux qui peuvent se payer de très bon avocats.
Ceux des quartiers populaires. Ceux des prisons surpeuplées. Ceux qu’on oublient. Ceux qu’on méprisent. Ceux qu’on écrasent ont, eux aussi, le droit à la présomption d'innocence, à des conditions d'emprisonnement digne, à des considérations.
Parce que personne ne doit être au-dessus des lois. Parce que la justice doit être la même pour tous ou elle n'est plus la justice.