Quelque part au Gabon ...
En visitant le Gabon profond et de village en villages, on se rend bien compte que la « jeunesse (jadis) sacrée » dont a longtemps parlé le parti au pouvoir pendant un demi-siècle s’est évanouie dans les sables du désespoir gabonais. Aujourd’hui, le spectacle de petits enfants revêtus de haillons dans la capitale mais surtout dans l’arrière-pays est devenu insupportable au 21e siècle. Pourquoi ? Parce que nos parents nous ont « mis au monde » dans la misère, ont vécu dans la pauvreté et ont vieilli dans la disette.
Pour exemple : en passant l’autre jour par Bifoun à la lisière de la province du Moyen-Ogooué, quelle n’a pas été notre surprise de constater que la Société d’Eau et d’Energie du Gabon (SEEG) a tout simplement remplacé les compteurs électriques dits EDAN (qui s’appuient sur l’usage d’unités se coupant au fur et à mesure de la consommation) par des compteurs classiques que l’on prélève tous les deux ou trois mois en zone rurale.
Quelle est la conséquence de tout cela ? Des familles sans grands moyens financiers se retrouvent avec des factures invraisemblables dépassant le million ou les deux millions de francs CFA (1500 ou 3000 euros). Ce qui est inconcevable dans un pays ou 2/3 de la population (1,5 million d’habitants) vivent avec moins de 2 dollars par jour (500 francs Cfa) ! Que devons – nous faire ?
Quel père de famille digne de ce nom accepterait de voir souffrir ses enfants ?
Nous devons immédiatement cesser d’être ce peuple fataliste que l’on dit que nous serions et qui accepte de vivre au bord des poubelles sans broncher le moins du monde. Que les populations s’écrient à longueur de journées « on va encore faire comment ? », quoi de plus normal ? Ce sont les élites qui tirent la nation vers le bas. C’est la course à l’argent, le détournement des fonds publics et la gabegie qui retiennent l’attention des acteurs et non le bien public.
Quand on regarde la structure du pouvoir actuel au Gabon, on a le désagréable sentiment que ceux qui gouvernent manquent de densité intellectuelle (les titres universitaires mis à part). L’imagination au pouvoir ! Voilà un slogan qui devrait inspirer les gouvernants alors que les populations ont le sentiment que nous sommes plutôt dans le « chacun pour soi et tous pour un ».
Comment comprendre que la Côte d’Ivoire et le Ghana se soient développés à un niveau substantiellement intéressant alors que ces pays n’ont pas eu à exploiter d’importantes richesses minières comme le Gabon ? A vrai dire c’est la volonté et la détermination à éradiquer la pauvreté qui manquent dans notre cher Gabon.
Les « élites » se comportent comme si le pays n’était qu’un puits dans lequel on vient puiser pour aller boire ailleurs. Personne n’a encore décidé de construire un village autour du puits. Tant que cette manière de voir perdurera, il y aura toujours trop d’enfant affamés et habillés en guenilles dans le pays le plus riche d’Afrique, eût égard à sa faible démographie. Et cela est devenu intolérable pour nos parents qui se meurent en constatant que la misère aura marché sur eux, se prépare à écraser les existences de leurs enfants et même de leurs petits-enfants.
Que Dieu protège au moins les enfants !