Au Gabon, les crimes rituels se multiplient alors que se profilent les élections locales et sanglantes (Cf. crimes rituels) du 14 décembre 2013. Certes, les crimes rituels ne sont pas une spécificité gabonaise : au Cameroun, en Tanzanie, au Burundi, les victimes de cette pratique se comptent par dizaines ... mais au Gabon (1,5 million d’habitants environ), le phénomène est devenu une tragédie, notamment à cause des visions d’horreur imposées à une société qui n’a jamais connu ni les guerres et ni les génocides. Le système qui porte la responsabilité de ces crimes ne peut qu’être bestial de par la férocité de tels actes.
- 1. La société gabonaise vit dans une fausse paix
La société gabonaise est bien évidemment en crise avancée, une agonie évidente qui a commencé depuis deux décennies. Notre société est minée par la peur (crimes rituels et meurtres faciles), la faim qui ne dit pas son nom (et nous avons appris à la connaitre au fil du temps par la grève de la faim et les privations), les nombreuses questions sans réponses du Peuple Gabonais, l’insalubrité et les maladies qui vont avec, le découragement général, l’indifférence mais aussi la haine de l’autre.
Nous vivons dans une « fausse paix » qui est plutôt une « paix des cimetières » car les populations errent pareil à des ombres (comme le 1er novembre) à la recherche d’une ailleurs hypothétique et d’un bonheur qui tarde à venir. Nous sommes pourtant tous des victimes d’une « bête » à l’agonie depuis des années mais qui tarde à disparaitre d’elle-même. Les Gabonais ne sont pas des bêtes féroces car s’il fallait les comparer à des animaux bien de chez-nous, la préférence irait aux éléphants de nos forêts et de nos savanes. Les populations gabonaises n’oublient rien et regardent passer le temps dans une relative passivité jusqu’au jour où ils sentent que le temps de charger est arrivé, car leur patience est à bout.
- 2. Les gens veulent le changement mais surtout une révolution des valeurs et une opposition qui porte un idéal moral
Nous voyons bien que le Peuple Gabonais (s’il en existe un) aspire tout simplement à plus de liberté et d’indépendance vis-à-vis des « forces de l’argent-roi » d’une part ; et d’autre part, le « Peuple » sait que nous sommes au bout d’un système sclérosé et fatigué qui ne se maintient que grâce aux crimes et à la répression brutale si nécessaire. Il faut voir comment les Forces de Sécurité ne travaillent qu’à protéger le « système » et non les populations. Si vous êtes agressés, vous aurez bien de la chance si les « forces de sécurité » retrouvent vos agresseurs. Pourquoi ? Mais parce qu’il n’y a pas suffisamment d’Etat car les normes constitutives d’une restauration de l’autorité de la puissance étatique sont en réalité quasi inexistantes. Et ce n’est pas parce que nous avons une bureaucratie lourde que l’Etat est efficace.
Tout est privé ici au Gabon … comme dans la mafia. C’est le pouvoir des familles comme dans la cosa nostra italienne. Le temps de cette « bête », de cette matrice infernale ou de cette gangrène qui empêche la République Gabonaise d’exister véritablement en tant que res publica (la chose du Peuple) est déjà dépassé et ce qui demeure surprenant, pour ne pas dire stupéfiant, est le constat amer de l’incapacité que nous avons de pousser à terre les murs lézardés d’une système mafieux qui n’existe plus que de nom : le P.A.R.T.I Démocratique Gabonais.
On se demande vraiment de quoi les Gabonais ont peur ? Le système politique et économique doit être reformé mais pourquoi craignons – nous le dragon du pouvoir gabonais alors qu’il a perdu toutes ses dents et ne cherche qu’à gagner du temps en attendant le retour éventuel de Nicolas Sarkozy au pouvoir en France en 2017 ?
Précisément et au plan politique, c’est l’incapacité de notre parti l’Union du Peuple Gabonais (UPG) de récupérer « son » pouvoir (malgré la mort inacceptable du Président-fondateur Pierre MAMBOUNDOU en octobre 2011) qui est très impressionnante. Le Parti Démocratique Gabonais (au pouvoir depuis un demi-siècle) est affaibli par des divisions inextricables, le Président Ali BONGO ONDIMBA ne convainc plus personne, le pays est « à terre » comme on dit, et les populations n’en peuvent plus. Malgré cela, nous n’arrivons pas encore à transformer l’essai qui consisterait à mettre fin à l’Etat – PDG. Mais, peut-être que c'est aussi l'intérêt de certaines "écuries" présidentielles, de certains clubs de milliardaires ayant épuisé les liquidités du Gabon à leur avantage, de favoriser la stagnation de l'Union du Peuple Gabonais (UPG). Toutefois, nous à l'UPG, nous ne devrions pas nous laisser impressionner par les serviteurs de la bête, même s'ils se disent opposants et nos "alliés".
- 3. L’Union du Peuple Gabonais (UPG) et le « syndrome du ngongongoh »
Sans doute, nous à l’Union du Peuple Gabonais, sommes parfois sous influence d’un certain nombre de « mains noires » du pouvoir gabonais mais aussi de nos faux amis de la pseudo-opposition, alors que nous devrions être la locomotive du changement véritable. Mais, il y a plus de raisons d’être optimistes que pessimistes même si l'UPG ne présente aux LOCALES 2013 qu'une quinzaine de listes à 100% upégistes contre 99 listes en 2008. Aucun mensonge ne peut durer pour toujours et il est temps de le démontrer malgré cette faiblesse relative.
Dans une aventure politique telle que celle de l’UPG, les problèmes d’égo et d’amour-propre sont assez gérables et il n’y a pas à désespérer des capacités « analytiques » de ce parti pour organiser le renouveau de la Nation à partir de son propre « congrès » ouvert et non faussé. Encore faudrait-il dépasser les attitudes infantiles faites de jalousie, de mesquinerie et de crocs-en-jambe pour privilégier la VICTOIRE finale que le « Peuple de l’UPG » et le Peuple Gabonais attendent. Non pas une victoire contre des personnes mais contre un système dépassé qui ne correspond pas aux nécessités de l’heure.
Les ennemis du « Peuple » et de l’UPG ne sont pas des enfants de chœur. Voici que s’est manifestée une bête inquiétante depuis un demi-siècle, au Gabon. Elle a exercé un « ordre de fer » sur chacun de nous et notre réalité a changé irrémédiablement. Mais, il est temps de « faire bouger les lignes » avec un « balai de fer » également en sortant les mauvais joueurs du térrain. Nous n’avons plus besoin de céder à la peur par les temps qui courent, malgré les sombres desseins du Léviathan qui nous guette et nous encercle, comme la mort. Nous pouvons briser les cercles de la bête par une « volonté de fer » là aussi, et une détermination à toute épreuve pour servir le « Bien Commun », l’autre nom de Dieu. Evitons simplement de nous laisser abuser par le « syndrome du ngongongoh » … le ngongongoh, étant la bête légendaire dont les adultes menacent les enfants peu sages au Gabon.
En effet, le système gabonais (avec ses vases communicants entre la pseudo-opposition et le pouvoir gabonais) ressemble à un « ngongongoh » qui ne fait plus peur qu’à ceux qui n’ont pas encore compris que : nous avons déjà tout perdu ! Que pourrions – nous perdre davantage ? Par voie de conséquence, il nous faut défier la « mafia gabonaise » pour un changement digne de ce nom et sans aucune « sorcellerie » ou ambiguïté. Le Gabon doit changer et il changera, n’en déplaise. Pourquoi ? Parce qu’un monde nouveau est déjà là et que le Gabon ne peut se permettre de s’extraire de cette nouvelle civilisation qui commence à naitre pour rester la propriété exclusive d’une famille comme dans la mafia. Certes, la mafia est meurtrière mais « la pieuvre » ne peut pas étouffer le rêve de liberté des Gabonais pour une génération de plus. Ce n’est pas acceptable et ce ne sera pas accepté.
Nous refusons le système et nous rejetons la « culture de la bête » à l’agonie qui doit absolument être vaincue par le courage de dire « non, nous ne voulons plus ». C’est presque à regret que nous sommes obligés de participer aux LOCALES 2013 qui auront vu couler le sang des crimes rituels. Mais, la « révolution » même pacifique aura toujours un commencement.
Bruno Ben MOUBAMBA
bruno@moubamba.com