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Ben MOUBAMBA

Docteur en philosophie (Université de Reims) ; Docteur en sciences politiques (EHESS - Paris).

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Billet de blog 14 mars 2014

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Gabon / Ultime agression d’Ali Bongo contre Pierre Mamboundou : Le phénomène "Maïté" à Ndendé !

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Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au pouvoir a volé la victoire de l’Union du Peuple Gabonais (UPG) aux municipales de décembre 2013 mais ce n’est pas le plus grave. Le plus grave est que le parti PDG, au pouvoir depuis un demi-siècle ait choisi d’installer une française blanche pour diriger la ville la plus sacrées des Peuples Bantous du SUD-OUEST-Gabon. Et cet acte ne restera pas sans conséquences, c’est évident ! En quoi cet acte est –il hautement condamnable ? Pour une raison purement anthropologique.

  1. A.    Un péché contre l’anthropologie et l’Histoire

Au plan anthropologique, les Bantous du SUD-OUEST-Gabon savent tous que c’est à Ndendé, que Nyonda Makita, leur héros mythique a été guillotiné autour des années 1904 - 1910 par l’autorité coloniale française. Nyonda Makita Mavouroulou avait été condamné à mort pour faits de « résistance anti-coloniale » par l’administration coloniale. On sait qu’une révolte populaire a éclaté au début du 20e siècle dans le territoire de Moabi et que de violents combats y ont opposé l’Armée Coloniale disposant d’armes à feux aux populations locales ne disposant que de flèches et de lances.

C’est à Ndendé que Nyonda Makita dit Mavouroulou a pris l’habitude de se réfugier, la nature y offrant un certain nombre de cachettes et le pays de Ndendé permettant de communiquer avec d’autres résistants du pays tels que Mbombet. Nyonda Makita, las des trahisons qui régnaient (déjà) entre gens du SUD-OUEST et foncièrement réaliste, a pris un jour, la décision de se rendre aux Français mais la sentence lui a été fatale : condamnation à mort ! Le jour de son exécution à Ndendé, Nyonda Makita a pris un dernier repas dans sa cellule et lorsque la soldatesque est venue le chercher autour de 15 heures, elle n’a pu que constater sa mort. Il a quitté ce monde (seul) mais l’administration coloniale a choisi (comme souvent, au sujet des résistants africains) de guillotiner son cadavre et d’expédier sa tête dans la métropole, dans du formol.

  1. A.     Une tentative de modifier l’identité gabonaise depuis 2009

Le fait que le Parti démocratique Gabonais, au pouvoir, ait choisi délibérément, de positionner Madame Maïté Nègre, une française qui a été, certes, mariée à un Gabonais décédé en la personne de Mouckagny Mouetsa, est vécu comme une tentative de provoquer une blessure inguérissable chez les peuples du SUD-OUEST-GABON. Ce n’est pas parce qu’on est marié à une française que celle-ci dispose automatiquement du droit de diriger une communauté bantu. Et ce n’est pas parce qu’un Gabonais est marié à une française que celui-ci doive se penser lui-même comme un futur « Maire » de Marseille ou de Reims ou même de Paris.

Le Gabon n’est pas une « nation » multiraciale mais un Etat-Nation Bantu, avec toutes les conséquences que cela entraîne, notamment, obligation de fédérer autour des valeurs dites bantu. Mais nous savons depuis le discours d’Ali BONGO ONDIMBA contre la CONFERENCE NATIONALE en 2012, que celui-ci veut changer la nature de l’Etat-Nation du Gabon pour justifier la présence d’étrangers au cœur de la matrice de l’Etat. La faute qui a été commise à Ndendé par le pouvoir gabonais aura de graves conséquences et l’avenir me donnera à nouveau raison. Le refus de l’anthropologie bantu dans le management politique et le travestissement des valeurs culturelles du Peuple Gabonais sont une faute contre la culture. Or, comme l’a dit Frazer, « toute culture nait du temple » et c’est donc un péché contre le temple sacré de Ndendé qui a été commis pour tenter de le remplacer par d’autres temples. Et cela, bien entendu, n’est pas acceptable et ne sera pas accepté.

Bruno Ben MOUBAMBA de l’Union du Peuple Gabonais (UPG)

bruno@moubamba.com

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